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Lou tchiclo di doze dzor (patoué dé l'indret dé Dounah)

Commune: Donnas
Catégorie: Ethnologie

L’an 45 davàn Jézù Cri, Jules César y a tchandjà lou calandriéi roumàn in rampiahèn l’an dé la leunna vouèi l’an dou soulèi. Per fére hen, y a fantì djuntéi doze dzor a l’an dé la leunna é piahi-le a la fén dou calandriéi. Lou calandriéi julièn y a sta mantinì figna a la réforma grégoriana féta dou Papa Grégoire XIII dou 1532 qué y è hella qué sé douvre incorra arà coun cahque tsandzémèn.
Lé doze dzor djuntà y an sta diquiarà « dzor dé gran feuhta » é son, ou dzor d’incouèi, lé doze dzor qué van da Tsalende i Rèi. L’iguiéze, vouèi dé bon djudisse, y a dichidà dé bétéi int’ou sén calandriéi dé feuhte pagane mouéi sentéye in dounen-ie dé significachón nouvale liaye a la rélidjón. Deun lou ten dé hize doze dzor, l’iguiéze fèi feuhta per lou Boun Guieu qué neuh (25 guizembre), lou préméi martire Sen Téve (26 guizembre), la tchircountchizión dou Boun Guieu (preméi dzénéi), lou sén batsì é la dichéza dou Sent Esprì, lou sén préméi mirahquio i nohe dé Canaan é l’adourachón di Rèi apréi qué y at arivà l’ahtéla couméta (6 dzénéi, lou dzor di Rèi). Heutte feuhte, qué y an sta bellebén lamaye, y an sta féte in Val d’Ohta coun mouéi dé dévouchón cristiana belle sé y an counservà cahtsoza dou ritouel proufàn.
Tsalende ire pieu qué d’atro na feuhta dé faméye. La vèye, tchu hize qué poulivo alavo a Messa Mianét. To lou mondo sendive insembio coun in lanternén in man. In mouéi dé parotse sé fézive la raprézentachón di berdzéi é sé oufrive in piquiot agnì. Pé, tournà i méte, sé mindjave in cassacrohta, in pocca dé fioca é na goulà dé branda, tan per ahtsoudé-se. Lou dzor apréi totta la faméye sé rétrouvave a tabia coun in dinéi in po pieu reutso qué la couhtumma.
Lou préméi dzor dé l’an l’ire pa paréi sentì. Fanta deurre qué y è pa na couhtumma tan vieuye. Ire pa dé tradichón perqué lou calandriéi grégorièn, qué tire in daréi lou préméi dé l’an dé na guizèina dé dzor, y a maque rampiahà lou julièn a la fén dou XVIe siècle. É, in pieu, in cahque rédjón d’Europa, adéi in tséi lou mondo tédesc, lou nouvéi calandriéi y a maque sta récougnissì ou XVIIIe siècle. In mouéi dé parotse y et (ou y a sta) la tradichón dé l’ahtrèina per lé minà. Lé minà tabaho a totte lé porte, dounno lou bon an é prenno in tsandzo l’ahtrèina : dé tsahtègne, na pomma, dé bignet é, ma pieu rér, dé bounbón ou dé pourtigal qué in coou vardavo véro dzor, di coou figna dé més, é na mindjavo in pocca per dzor.
Heutta tradichón qué sé couhtemave a Valgrizentse, ou Gabe, a Tsandéprà, a Perlo l’ire, caze sura, inté d’atre parotse avouèi, paréi coume sé mantinive inté l’ata valada dé Suza é inté la val Quizón. Ma lou dzor di régal i minà ire lou dzor di Rèi, can lé Rèi passavo é impyivo lé tsahe ou lé hoque di minà coun cahque licahire. Lou dzor di Rèi ire avouèi lou moumèn pieu bon per fére lé prévijón per l’an nouvéi. Sé lichave n’ahcouéla pyinna d’éve sé la fénehtra a la fret dé la nét é la matén, sé tchertchave dé indavinéi in aviquièn lé reppie dé la guiahe.

Texte écrit par Alexis Bétemps

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Le cycle des douze jours

L’an 45 Avant Jésus-Christ, Jules César réforma le calendrier romain en remplaçant l’an lunaire avec l’an solaire. Pour cela faire, il dut ajouter 12 jours à l’année lunaire et les placer à la fin du calendrier. Le calendrier Julien fut maintenu jusqu’à la reforme grégorienne accomplie par le pape Grégoire XIII en 1532, qui est celle actuellement en vigueur avec quelques modifications.
Les 12 jours ajoutés furent déclarés jours de grande fête et correspondent actuellement aux 12 jours allant de la Noël à l’Epiphanie. L’Eglise Chrétienne, avec beaucoup de bon sens, opta pour insérer dans son calendrier des festivités païennes particulièrement senties tout en les remplissant de significations nouvelles liées à la religion du Christ. Dans l’arc de ces 12 jours, l’Eglise fête la naissance du Christ (25 décembre), le premier martyr, saint Etienne (26 décembre), la circoncision du Christ (1er janvier), le baptême du Christ et la descente du Saint-Esprit, son premier miracle durant les noces de Canaan et l’adoration des Rois Mages après l’apparition de la comète (6 janvier, l’Epiphanie). Ces fêtes, devenues très populaires, ont été célébrées en Vallée d’Aoste, avec beaucoup de dévotion chrétienne tout en conservant des résidus de rituels profanes.
La Noël était essentiellement une fête de famille. La veille, tous ceux qui pouvaient allaient à la Messe de Minuit. Les gens descendaient en groupes, une lanterne à la main. Dans plusieurs paroisses on faisait la représentation des bergers, avec l’offrande d’un jeune agneau. Puis, rentrés à la maison, on prenait un ressegnón, enrichi de crème fouettée et d’une gorgée d’eau de vie, tant pour se réchauffer… Le lendemain, toute la famille se retrouvait à table avec un menu un peu plus riche que d’habitude.
Le jour de l’an, n’était pas tellement senti. D’ailleurs, sa popularité est relativement récente. Cette pauvreté relative de traditions peut s’expliquer par le fait que le calendrier grégorien, qui anticipe le début de l’année d’une dizaine de jours, n’a remplacé le julien qu’à la fin du XVI° siècle. Et, en plus, dans certaines régions d’Europe, dans le monde germanique en particulier, le nouveau calendrier n’a été reconnu qu’au XVIIIème siècle ! Dans plusieurs paroisses existe (ou a existé) la tradition de la quête alimentaire des enfants. Ils frappent à toutes les portes, souhaitent une bonne année et reçoivent en échange une étrenne : châtaignes, une pomme, des beignets, plus rarement des bonbons ou des oranges qu’ils conservaient pendant des jours, voire des mois, et en mangeaient un petit peu par jour. Cette tradition, attestée à Valgrisenche, Gaby, Champdepraz, Perloz, était probablement présente dans d’autres paroisses aussi, comme elle est présente dans la haute vallée de Suse et dans le val Chisone. Mais le jour des cadeaux aux enfants était l’Epiphanie quand les Rois passaient et remplissaient les chaussettes ou les socques des enfants de quelques gourmandises. Le jour des Rois était aussi un moment extrêmement propice pour les prévisions de l’An Nouveau. On laissait une écuelle pleine d’eau sur la fenêtre au froid de la nuit : et le matin, on essayait d’interpréter les rugosités de la glace.

Texte écrit par Alexis Bétemps

Fra

Le cycle des douze jours

L’an 45 Avant Jésus-Christ, Jules César réforma le calendrier romain en remplaçant l’an lunaire avec l’an solaire. Pour cela faire, il dut ajouter 12 jours à l’année lunaire et les placer à la fin du calendrier. Le calendrier Julien fut maintenu jusqu’à la reforme grégorienne accomplie par le pape Grégoire XIII en 1532, qui est celle actuellement en vigueur avec quelques modifications.
Les 12 jours ajoutés furent déclarés jours de grande fête et correspondent actuellement aux 12 jours allant de la Noël à l’Epiphanie. L’Eglise Chrétienne, avec beaucoup de bon sens, opta pour insérer dans son calendrier des festivités païennes particulièrement senties tout en les remplissant de significations nouvelles liées à la religion du Christ. Dans l’arc de ces 12 jours, l’Eglise fête la naissance du Christ (25 décembre), le premier martyr, saint Etienne (26 décembre), la circoncision du Christ (1er janvier), le baptême du Christ et la descente du Saint-Esprit, son premier miracle durant les noces de Canaan et l’adoration des Rois Mages après l’apparition de la comète (6 janvier, l’Epiphanie). Ces fêtes, devenues très populaires, ont été célébrées en Vallée d’Aoste, avec beaucoup de dévotion chrétienne tout en conservant des résidus de rituels profanes.
La Noël était essentiellement une fête de famille. La veille, tous ceux qui pouvaient allaient à la Messe de Minuit. Les gens descendaient en groupes, une lanterne à la main. Dans plusieurs paroisses on faisait la représentation des bergers, avec l’offrande d’un jeune agneau. Puis, rentrés à la maison, on prenait un ressegnón, enrichi de crème fouettée et d’une gorgée d’eau de vie, tant pour se réchauffer… Le lendemain, toute la famille se retrouvait à table avec un menu un peu plus riche que d’habitude.
Le jour de l’an, n’était pas tellement senti. D’ailleurs, sa popularité est relativement récente. Cette pauvreté relative de traditions peut s’expliquer par le fait que le calendrier grégorien, qui anticipe le début de l’année d’une dizaine de jours, n’a remplacé le julien qu’à la fin du XVI° siècle. Et, en plus, dans certaines régions d’Europe, dans le monde germanique en particulier, le nouveau calendrier n’a été reconnu qu’au XVIIIème siècle ! Dans plusieurs paroisses existe (ou a existé) la tradition de la quête alimentaire des enfants. Ils frappent à toutes les portes, souhaitent une bonne année et reçoivent en échange une étrenne : châtaignes, une pomme, des beignets, plus rarement des bonbons ou des oranges qu’ils conservaient pendant des jours, voire des mois, et en mangeaient un petit peu par jour. Cette tradition, attestée à Valgrisenche, Gaby, Champdepraz, Perloz, était probablement présente dans d’autres paroisses aussi, comme elle est présente dans la haute vallée de Suse et dans le val Chisone. Mais le jour des cadeaux aux enfants était l’Epiphanie quand les Rois passaient et remplissaient les chaussettes ou les socques des enfants de quelques gourmandises. Le jour des Rois était aussi un moment extrêmement propice pour les prévisions de l’An Nouveau. On laissait une écuelle pleine d’eau sur la fenêtre au froid de la nuit : et le matin, on essayait d’interpréter les rugosités de la glace.

Texte écrit par Alexis Bétemps