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L'ouye é lo troglo

Commune: Champdepraz
Catégorie: Contes pour enfants

Seutta y è la conta d’in drolo dé djouà capità a n’ouye é a in troglo (*). « Viyén coué dé no y è bon a volé at int’ou siel?», di lo troglo. Dussù lo momèn l’ouye doun-e pa fèi a seutte parole ma a la fén, assette é pénse : « Poro troglo, comèn té pénse dé gagnì. T’i lo pieu piquiot é lévet uzì qué lo Bon Guieu y avisse mandà dussù la tèra é mè sèi la rèina dou siel». Sondzèn a sè bague, l’ouye invre lé sén grousse ale é cominse a volé. In piquioù tor dzu é pouè… su ! Souhtignaye é portaye mersì a l’er tsada dé l’aprì midzor, mounte su pé lé montagne. Mounta é rémounta, lé cohte di montagne couataye dé brénve é dé pesse, luchouavon lo poh a l’erba fréhtse, pouè i quiapèi é a la fén a la nèi biantse di guiassì. Lé miquio ou fon dé la val iron renque dé piquioude maatse grize ou mitén dou ver di pra é dé l’ardzèn di ru. Ma l’ouye n’ave jamì prou, voulave fare-ié-la ver a l’uzì. Fujave dé gran tor, tsertchouave d’atre corèn é alave to dé lon pieu su. Dé corèn pieu fredde é pieu rire iron malin-e a dominé é a tignì avó lé-z-ale lardze pé pa perdre-nèn gninca in piquioù so. Ma n’ave panco prou. Sé viave maque la color dou siel é lo solèi ire na lumire biantse sénsa tsalor. Ire arévaye a in poèn ayoù y ave jamì arévà gninca can, dzovenetta, pyin-a dé forse é quièriouza, y ave alà contre lo Bon Guieu. Ma si cou éque, lo sén orgouèi, n’ave panco prou é avó in grou sfors, l’ouye sé campe ver n’atra corèn fredda é rira comèn lo couis é… su !
Tot outor ire pa gnun fracah. L’ouye suntuchouave lo sén coor baatre pé la fatéca é l’èa rira é sé catchouave la téhta ou mitén di piume di-z-ale pé rézisté quicca dé pieu. Y ave jamì montà parì at : « Va savì sé lo piquiot uzì mé viérat incora?», pénsave l’ouye totta fyira ma, a si momèn, viren-se y a-tì pa suntù in piquiot tchépì ?
Ire lo piquiot uzì qué y ave catchoua-se dizó la sén ala pé to lo tén. L’uzì ire tellamèn piquiot qué l’ouye y ave gninca acourzu-se dé si coor sénsa pis qué y ave porta-se aprì. Lo troglo sé avéquie outor, fèi in piquioù saout é dit a l’ouye : «Dz’èi gagnà mè lo djouà é èra, pé pyizì, porta-me dzu, perquè éque fèi tro fret ».
Dépouì si dzor lé l’ouye y at ibià lo sén orgouèi é lo troglo, deut có uzì di fret, tsertse dé varì lo sén coor guiachà in partadzèn lo ni avó d’atre troglo int’i lon mis dé l’ivéa.

Introd – récit oral recueilli et adapté par Daniel Fusinaz

(*) Troglodyte mignon. Avó lé sén 10 g dé pis lo troglo y è lo pieu piquiot uzì dé l’Oroppa aprì lo roitelet. Y è solitéro é indipendèn é lé mahquio déféndon lo lor tèrén. Y è drolo qué, can arive l’ivéa, mimo sé son solitéro, tsertson la compagnì di lor sémbiabio pé passé la net insémbio é rehtsoudé-se lé-z-ùn contre lé-z-atre.

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L'ouye é lo troglo

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Ita

L’aigle et le troglo

Voici l’histoire de l’étrange pari entre l’aigle et le troglo (*) : «Voyons-nous qui sait monter plus haut dans le ciel ? » lance le troglo. Sur le coup l’aigle ne prête même pas attention à ces mots mais pour finir, touché dans son orgueil, il accepte le défi. « Pauvre troglo – pense l’aigle – comment crois-tu l’emporter ? Tu es l’oiseau le plus petit et le plus frêle que le bon Dieu ait envoyé sur terre et moi je suis le seigneur des airs».
En songeant à cela, l’aigle déploie ses grandes ailes et se jette dans le vide. Une courte descente, et puis… en haut ! Soutenu et porté par l’air chaud qui l’après-midi remonte les pentes. Au fur et à mesure qu’il montait, les parois recouvertes de mélèzes et de sapins cédaient la place au gazon, aux rochers instables et, pour finir, aux neiges blanches des glaciers. Les maisons, au fond de la vallée, n’étaient plus que des petites taches grises, perdues dans le vert des prairies et l’argent du torrent.
Mais l’aigle n’en avait pas assez, il voulait bien lui faire voir au troglo… Et comme-ça, en traçant des grands cercles, il cherchait d’autres courants et montait encore. Des courants de plus en plus froids et raréfiés, difficiles a maîtriser ; des courants à retenir avec les ailes tendues pour ne pas en perdre un brin.
Maintenant, de là-haut, on ne voyait que l’azur du ciel, et le soleil n’était qu’une lueur blanche sans chaleur. Il était arrivé à la limite qu’il n’avait jamais dépassée, même pas quand, tout jeune, plein de force et de curiosité, avait défié le bon Dieu. Mais cette fois-ci son orgueil en demandait plus et ainsi, avec un ultime effort, l’aigle se jetta sur un autre courant, raréfié et glacial comme le vent de l’hiver… et il monta encore.
Tout autour ce n’était à présent que silence ; l’aigle entendait son cœur battre par l’effort et l’air était si éthéré qui s’échappait entre les plumes des ailes, tendues au maximum pour le retenir un peu plus : jamais il était monté si haut. « Qui sait si le troglo me voit encore de là-bas – songeait l’aigle, comblé de fierté – mais en ce moment, se retournant, ne lui semble-t-il pas d’entendre un tchépi ?
C’était le troglo : il s’était caché sous son aile et il y était resté tout ce temps. Le troglo était si petit que l’aigle ne s’était même pas aperçu de ce corps sans poids, et l’avait transporté jusque là. Maintenant, sous son regard incrédule, le troglo lui grimpait sur la croupe. Une fois atteint le dos, entre les deux grandes ailes de l’aigle, le troglo jette un regard autour de lui, fait un petit bond et : « J’ai gagné le pari – dit-il à l’aigle – maintenant, s’il te plaît, ramène-moi en bas, ici il fait si froid ».
Depuis ce jour-là, l’aigle a oublié son orgueil et le troglo, appelé aussi « oiseau des froidures », essaye de guérir son cœur glacé en partageant le nid avec ses semblables, pendant les longs mois d’hiver.

Introd - récit oral recueilli et adapté par Daniel Fusinaz

(*) Troglodyte mignon. Avec ses quelques 10g de poids, le troglo est le plus petit oiseau d’Europe après le roitelet. De caractère solitaire et indépendant, chaque mâle revendique son territoire. Curieusement, par les grands froids, cet instinct de solitude s'efface. Á ce moment, il cherche la compagnie de ses semblables pour passer la nuit ensemble dans un abri et se réchauffer ainsi les uns contre les autres.

Fra

L’aigle et le troglo

Voici l’histoire de l’étrange pari entre l’aigle et le troglo (*) : «Voyons-nous qui sait monter plus haut dans le ciel ? » lance le troglo. Sur le coup l’aigle ne prête même pas attention à ces mots mais pour finir, touché dans son orgueil, il accepte le défi. « Pauvre troglo – pense l’aigle – comment crois-tu l’emporter ? Tu es l’oiseau le plus petit et le plus frêle que le bon Dieu ait envoyé sur terre et moi je suis le seigneur des airs».
En songeant à cela, l’aigle déploie ses grandes ailes et se jette dans le vide. Une courte descente, et puis… en haut ! Soutenu et porté par l’air chaud qui l’après-midi remonte les pentes. Au fur et à mesure qu’il montait, les parois recouvertes de mélèzes et de sapins cédaient la place au gazon, aux rochers instables et, pour finir, aux neiges blanches des glaciers. Les maisons, au fond de la vallée, n’étaient plus que des petites taches grises, perdues dans le vert des prairies et l’argent du torrent.
Mais l’aigle n’en avait pas assez, il voulait bien lui faire voir au troglo… Et comme-ça, en traçant des grands cercles, il cherchait d’autres courants et montait encore. Des courants de plus en plus froids et raréfiés, difficiles a maîtriser ; des courants à retenir avec les ailes tendues pour ne pas en perdre un brin.
Maintenant, de là-haut, on ne voyait que l’azur du ciel, et le soleil n’était qu’une lueur blanche sans chaleur. Il était arrivé à la limite qu’il n’avait jamais dépassée, même pas quand, tout jeune, plein de force et de curiosité, avait défié le bon Dieu. Mais cette fois-ci son orgueil en demandait plus et ainsi, avec un ultime effort, l’aigle se jetta sur un autre courant, raréfié et glacial comme le vent de l’hiver… et il monta encore.
Tout autour ce n’était à présent que silence ; l’aigle entendait son cœur battre par l’effort et l’air était si éthéré qui s’échappait entre les plumes des ailes, tendues au maximum pour le retenir un peu plus : jamais il était monté si haut. « Qui sait si le troglo me voit encore de là-bas – songeait l’aigle, comblé de fierté – mais en ce moment, se retournant, ne lui semble-t-il pas d’entendre un tchépi ?
C’était le troglo : il s’était caché sous son aile et il y était resté tout ce temps. Le troglo était si petit que l’aigle ne s’était même pas aperçu de ce corps sans poids, et l’avait transporté jusque là. Maintenant, sous son regard incrédule, le troglo lui grimpait sur la croupe. Une fois atteint le dos, entre les deux grandes ailes de l’aigle, le troglo jette un regard autour de lui, fait un petit bond et : « J’ai gagné le pari – dit-il à l’aigle – maintenant, s’il te plaît, ramène-moi en bas, ici il fait si froid ».
Depuis ce jour-là, l’aigle a oublié son orgueil et le troglo, appelé aussi « oiseau des froidures », essaye de guérir son cœur glacé en partageant le nid avec ses semblables, pendant les longs mois d’hiver.

Introd - récit oral recueilli et adapté par Daniel Fusinaz

(*) Troglodyte mignon. Avec ses quelques 10g de poids, le troglo est le plus petit oiseau d’Europe après le roitelet. De caractère solitaire et indépendant, chaque mâle revendique son territoire. Curieusement, par les grands froids, cet instinct de solitude s'efface. Á ce moment, il cherche la compagnie de ses semblables pour passer la nuit ensemble dans un abri et se réchauffer ainsi les uns contre les autres.