Lo charivarì
Eun co, lo mariadzo d'eun vevvo ou d'euna vevva, y ére vu di dzoveunno commèn na baga qué alave contre l'équilibro naterel dou veladzo.
Surtoù can lo vevvo ou la vevva mariavon caqueun pieu dzoveunno : i voulave deurre adón qué lo vevvo ou la vevva ché betavon én compétichón vo lé dzoveunno, qu’i y éron, pé nateurra, lé dépozitéro dou drouet a la procréachón.
É sitta compétichón a y ére co mouèn djeusta can lo vevvo ou la vevva y éron reutso ; baga qué a capitave chovèn vu qué, la coutumma, lé bièn di dzen d'adzo - mersì a ior travai ou a n’éretadzo avù - y éron pieu gro qué chut di dzoveunno.
Y éron adón lé dzoveunno pa marià, y ommo adé, qué féjavon lo charivarì.
Deun lé notre piquió veladzo y é malèn catsì can do dzen i ché prèdzon é voulon ché marié…
Dé co can i vignavon a savé la baga, lé dzoveunno tsertsavon dé fàre-ie tsandzì idé.
Ma y ére pa tan fasilo : y é pa tan len fare tsandzì avis a couì vout marié-che.
Lé dzoveunno adón y envionavon a vèyé lé do mourous, qué chovèn i ché prédzavon a catsón, é i désidavon poué, adón, d'alé sounné eun premì co lo charivarì.
I ché pasavon parolla é, queut d'acor, dé net, i ché trovavon protso dou méquio di mourous avó y estremèn é lé bague pieu drole, pé énvioné a sounné na fanfara sopa.
Lé mourous pouchavon réajì dé diférente magnire. La coutumma i féjavon sembiàn dé gnen é i lichavon fare.
Lo tapadzo pouchave deré totta la net é poué va savé véro dé dzor incó !
Lé mourous i lo savon bièn é, a la londze, y éron obiedzì dé martsandé vo lé dzoveunno.
A si pouén eucque eun réprézentàn di dzoveunno démandave ou vevvo ou a la vevva eun barilot dé vén ou eun tsandzo dé sot, comme payemèn dou tor résù.
Mémo sé y avon l'éntenchón dé payì, y ére difisilo qué lo vevvo ou la vevva y achon fè-lo to sebeut. Y ére commèn eun djouà di role ioù tsaqueun résitave lo chén personadzo. Sé lé mourous ché réfuzavon dé payì, lo tapadzo continouave, tanque can eunna di dae partie a sédave.
Lo tapadzo pouchave comensì can lé do dzen y éron mourous, ou mémo dévàn, é allé én dévàn tanque apré lo mariadzo.
Réfuzé-che dé payì y ére vu, selón lo cas, commèn na mancanse dé fermetà, d'orgueu, ou d'avarisse.
Caque co lé mourous i criavon fin-a lé carabigné. Can y é parì, y istorièn prèdzon chovèn dé prijón.
La motivachón ofisiella, la coutumma, y ére lo tapadzo fet pé la clicca di dzoveunno outre pé la net, ma y é malèn pa ieu vére quécca d'éntoléranse dé la par dé la justisse ver chu dzoveunno qu’i prétégnavon dé fare valé eunna ior justisse paraléla.
Lé dirì tapadzo y an perdù na bounna partia di sans pieu tradichonel é i son vu pé y épous vo bièn dé toléranse é pé lé dzoveunno commèn n’ocajón pé fare féta.
Teste icrì pé Alexis Bétemps
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Le charivari
Le charivari
Le mariage d’un veuf ou d’une veuve était vécu, par la jeunesse, comme un acte contraire à l’équilibre interne de la communauté. Surtout quand les veufs ou les veuves épousaient quelqu’un de plus jeune, se mettant ainsi en concurrence avec la jeunesse, dépositaire naturelle du droit à la procréation. Et cette concurrence était particulièrement déloyale quand le veuf ou la veuve étaient riches, chose fréquente, puisque, par héritage ou par le travail accompli, la fortune des personnes âgées était généralement plus consistante que celle des jeunes.
Ce sont les jeunes célibataires qui se chargent du charivari, les hommes principalement.
Dans nos petites communautés, les intentions de mariage sont difficiles à cacher… Informés des projets du couple contesté, les jeunes le préviennent parfois pour le dissuader. Mais cette initiative aboutit très rarement : il est difficile de dissuader ceux qui veulent se marier ! Les jeunes sont alors aux aguets quand les fiancés se rencontrent, la plupart des fois en grand secret, et décident d’un premier charivari. Ils se passe le mot et, le jour dit, la nuit, ils se retrouvent non loin de l’habitation du couple, munis des instruments les plus disparates pour former un orchestre grotesque.
Le couple visé peut réagir de différentes façons. En général, il oppose une résistance passive, faisant semblant d’ignorer le concert. Le charivari peut durer la nuit entière et continuer pendant plusieurs jours. Chose que les victimes savent très bien. Pour en finir, généralement, la ténacité des jeunes oblige le couple à ouvrir les pourparlers. Quand le veuf ou la veuve acceptent finalement de dialoguer avec les jeunes, un porte-parole demande un baril de vin, une cinquantaine de litres, ou la somme correspondante en argent. Ceci en guise de dédommagement du tort subi par la jeunesse. Le veuf ou la veuve rarement acceptent tout de suite, même s’ils ont l’intention de payer. C’est une sorte de jeu de rôle où chacun joue son personnage. En cas de refus, le charivari continue jusqu’à la capitulation de l’une des deux parties. Le charivari peut commencer pendant les fiançailles, voire même les fréquentations, et poursuivre jusqu’après le mariage. Le refus de payer était, suivant les cas, une démonstration de caractère, d’orgueil ou d’avarice. Parfois les victimes invoquaient la loi et demandaient l’intervention des gendarmes. Les historiens parlent souvent de prison. La motivation officielle de l’emprisonnement est généralement le tapage nocturne causé par le groupe des jeunes, mais il est difficile de ne pas penser qu’il y ait aussi un brin d’intolérance de la justice officielle à l’égard de ces jeunes qui prétendent exercer une justice parallèle.
Les derniers charivaris ont souvent perdu leur sens profond et sont vécus par les victimes avec beaucoup de complaisance et par les bandes de jeunes comme une occasion supplémentaire pour faire la fête.
Texte écrit par Alexis Bétemps
Le charivari
Le charivari
Le mariage d’un veuf ou d’une veuve était vécu, par la jeunesse, comme un acte contraire à l’équilibre interne de la communauté. Surtout quand les veufs ou les veuves épousaient quelqu’un de plus jeune, se mettant ainsi en concurrence avec la jeunesse, dépositaire naturelle du droit à la procréation. Et cette concurrence était particulièrement déloyale quand le veuf ou la veuve étaient riches, chose fréquente, puisque, par héritage ou par le travail accompli, la fortune des personnes âgées était généralement plus consistante que celle des jeunes.
Ce sont les jeunes célibataires qui se chargent du charivari, les hommes principalement.
Dans nos petites communautés, les intentions de mariage sont difficiles à cacher… Informés des projets du couple contesté, les jeunes le préviennent parfois pour le dissuader. Mais cette initiative aboutit très rarement : il est difficile de dissuader ceux qui veulent se marier ! Les jeunes sont alors aux aguets quand les fiancés se rencontrent, la plupart des fois en grand secret, et décident d’un premier charivari. Ils se passe le mot et, le jour dit, la nuit, ils se retrouvent non loin de l’habitation du couple, munis des instruments les plus disparates pour former un orchestre grotesque.
Le couple visé peut réagir de différentes façons. En général, il oppose une résistance passive, faisant semblant d’ignorer le concert. Le charivari peut durer la nuit entière et continuer pendant plusieurs jours. Chose que les victimes savent très bien. Pour en finir, généralement, la ténacité des jeunes oblige le couple à ouvrir les pourparlers. Quand le veuf ou la veuve acceptent finalement de dialoguer avec les jeunes, un porte-parole demande un baril de vin, une cinquantaine de litres, ou la somme correspondante en argent. Ceci en guise de dédommagement du tort subi par la jeunesse. Le veuf ou la veuve rarement acceptent tout de suite, même s’ils ont l’intention de payer. C’est une sorte de jeu de rôle où chacun joue son personnage. En cas de refus, le charivari continue jusqu’à la capitulation de l’une des deux parties. Le charivari peut commencer pendant les fiançailles, voire même les fréquentations, et poursuivre jusqu’après le mariage. Le refus de payer était, suivant les cas, une démonstration de caractère, d’orgueil ou d’avarice. Parfois les victimes invoquaient la loi et demandaient l’intervention des gendarmes. Les historiens parlent souvent de prison. La motivation officielle de l’emprisonnement est généralement le tapage nocturne causé par le groupe des jeunes, mais il est difficile de ne pas penser qu’il y ait aussi un brin d’intolérance de la justice officielle à l’égard de ces jeunes qui prétendent exercer une justice parallèle.
Les derniers charivaris ont souvent perdu leur sens profond et sont vécus par les victimes avec beaucoup de complaisance et par les bandes de jeunes comme une occasion supplémentaire pour faire la fête.
Texte écrit par Alexis Bétemps