La dézarpa
Deremèn y a avù bièn dé tsandzemèn, ma la dézarpa y é éncó én-a féta pé lé-z-arpiàn, pé si qué i travaillon a la montagne é pé lé patrón di béquie.
Y é cheur qué y é pomé comèn én quieu…
Coquie montagne, i fé la dézarpa avoué lé camion. Lé vouéadzo son peu quieur é lé tsemén son tsandzé pé coza di trasformachón dou territouéo. Y é éncó vi lo seumblà lon pé si momàn émportàn é spésial qué i marquiéve la fén dé én sicle fondaméntal pé no montagnar. La voya dé vivre éncó selle sénsachón y a portó a l’organizachón, si déré-z-àn, dé dézarpe féte comèn selle di neutre pappa gran. I son cheur po méme, ma i fé po gnen !
Ma comèn i sonve lé dézarpe d’én quieu ? On restéve én montagne pé sen dzor, quiécca depleu dé tré més, dé Sen Bernar a Sen Métsé. Sen Bernar (quiénze jeun) pren lé vatse é Sen Métsé (venteneu sétémbro) lé ren.
Can i ch’aprotséve la dézarpa quieu lé-z-arpiàn i sonve dé bon-a leunna. La lagne dou tsotén é lé dzornó pasoye to solé i sonve caze a la fén. Ou veladzo lé-z-arpiàn i rétrovévon llor faméille é lé-z-amì. Lai to y éve diféèn : lo traval é chon ritme, lo tén, lo médzé… I valéve la péa dé fae féta !
La féta y énvioéve la vèille, frounì lé déré traval. Chovèn i capitéve qué lé patrón di vatse y arevévon a la montagne avoué lé saquie plen dé médzé é coquie botèille dé vén. Setta y éve la preumé seuye diféenta dé selle dé la montagne féte dé fromadzo é polénta. Bièn dé quieu la veille dé la dézarpa lé-z-arpiàn alévon gnénca a droumì.
Can y éve lo momàn, quieutte i alévon a l’eteu pé lo déré quieu dé la sézón é i doévon cappa i vatse. Lé vatse peu veuste comprénévon qué y éve lo momàn dé tornà ou plan. Pasoye la forse dou foé, lé vatse prègne, ponco preste a vélà, i sonve éze dé tornà i pro dé l’outón, qui sussan si dou plan ou si dou mayén. Can i comprénévon qué i sareun pomé tornoye a l’eteu dou tsotén, llor po i sonve peu cheur, peu détchis é peu ézo é lo son di bassén, qué i réprèn lo mouvemàn dou quieu di béquie, i ché mécléve ou son dé si di-z-otre vatse dou tropé.
Lé vatse i chovévon l’appal dou dévàn berdzé, qué i bétéve dusù chon tsapé dé la féta én piquieu bosquié d’étéla gropoye a én rubàn. I lo chovévon lé rée, sella di corne é sella dou lasé, avoué llor bé bosquié dé flor frétse. Ou métén dou tropé y ave lé béquiolé é lé-z-otre arpiàn, dju ou fon lo tchit. Lé cri i ché méclévon ou son di bassén é i rar bramó, y ave én er dé féta. Can lo tropé paséve pé lé veladzo, lé dzen sortévon di méquio pé vére lo tropé, i caésévon lé béquie peu belle, i préquévon avoué lé-z-arpiàn é i doévon médzé é bée a quieutte. Y évé én-a féta to dou lon.
Can on arevéve ou veladzo dé én béquiolé, si seu i aténéve ché béquie avoué én baquié én man, é can i pasévon ché vatse, i lé fézéve sourtì dou tropé pé lé méà a l’eteu én lé caésèn. Chovèn lé vatse i congnésévon llor veladzo é i sortévon dou tropé totte solette.
La féta i réprénéve dédén lé méquio é lé crote, perqué can y éve la dézarpa on fézéve co lé vénéndze.
Texte écrit par Alexis Bétemps
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La dézarpa
Malgré les grands changements, la désalpe, la descente de l’alpage, est toujours une fête pour les arpians, les travailleurs de l’alpe, et pour les propriétaires de bétail.
Bien sûr, ce n’est plus comme autrefois…
Dans quelques alpages, la désalpe se fait en camion. Les parcours sont plus courts et les itinéraires sont changés suite aux innombrables modifications du territoire. La nostalgie pour ce moment crucial et spécial qui marquait la fin d’un cycle fondamental pour notre société d’éleveurs est encore vivante et diffuse. Ce n’est donc pas par hasard que le désir de vivre encore certaines sensation a porté à l’organisation, depuis quelques années, des désalpes qui s’inspirent à celles du passé. Elles ne sont plus comme autrefois, bien entendu. Mais peu importe ! Mais comment étaient-elles ? La campagne d’été à l’alpage durait 100 jours, un peu plus que trois mois, de la Saint-Bernard à la Saint-Michel. Saint Bernard (15 juin) les vaches les prend et Saint Michel (29 septembre) les rend.
Quand le moment de la désalpe approchait tous les arpians étaient de bonne humeur. La grande fatigue de l’été touchait à la fin, tout comme l’isolement relatif des gens de l’alpe. En bas, les arpians allaient retrouver la famille et les amis. En bas, tout allait être différent : le travail et son rythme, le climat, l’alimentation… Cela valait bien la peine d’être fêté !
La fête commençait la veille, à peine les derniers travaux achevés. Souvent, les propriétaires des vaches montaient avec le sac plein de nourriture et quelques fiasques de vin. Cela annonçait le retour prochain d’un menu plus varié où les produits du lait et la polente n’auraient plus eu le rôle central. Le plus souvent, la veille de la désalpe, les arpians n’allaient même pas se coucher.
Le moment venu, tout le monde descendait à l’étable pour la dernière fois de la saison et l’on détachait les vaches. Les vaches les plus intelligentes comprenaient instinctivement que le moment de regagner la plaine était arrivé. Apaisées après les ardeurs du printemps, les vaches, grosses bien que pas encore prêtes à mettre bas, avaient hâte de regagner les pâturages de l’automne qu’ils soient au plan ou au mayen. Et dès qu’elles avaient compris que leur sortie ne comportait plus un retour à l’étable d’été, leur pas se faisait plus sûr, plus décidé, plus gai et le son de la sonnaille, produit par un mouvement rythmé du cou, s’accordait avec celui des autres vaches du troupeau. Les vaches s’acheminaient en colonne derrière le premier berger qui arborait son meilleur chapeau feutre avec un petit bouquet d’edelweiss lié au ruban. Derrière lui suivaient les reines, celle des cornes et celle du lait, avec leur pitoresque « bosqué » de fleurs fraîches. Dans le troupeau, les « vatché » et les autres arpians et, tout au fond, le « tchitto ». Les cris se mélangeaient au concert des sonnailles et aux rares meuglements, le tout dans une athmosphère festive. Quand la file traversait les villages, les gens sortaient, faisaient des commentaires sur la prospérité du troupeau, caressaient les bêtes les plus belles, échangeaient avec les arpians quelques plaisanteries, offraient à boire et à manger à tout le monde. C’était une fête continue. Quand on traversait le village d’un « vatchéi », celui-ci attendait le bétail avec un bâton à la main et, quand ses vaches passaient, il les sortait du troupeau pour les accompagner à l’étable en les caressant. Souvent, les vaches reconnaissaient elles-mêmes les lieux et abandonnaient spontanément la colonne.
Et la fête continuait à l’intérieur des maisons et des caves, puisque la désalpe coïncidait avec les vendange.
Texte écrit par Alexis Bétemps
La dézarpa
Malgré les grands changements, la désalpe, la descente de l’alpage, est toujours une fête pour les arpians, les travailleurs de l’alpe, et pour les propriétaires de bétail.
Bien sûr, ce n’est plus comme autrefois…
Dans quelques alpages, la désalpe se fait en camion. Les parcours sont plus courts et les itinéraires sont changés suite aux innombrables modifications du territoire. La nostalgie pour ce moment crucial et spécial qui marquait la fin d’un cycle fondamental pour notre société d’éleveurs est encore vivante et diffuse. Ce n’est donc pas par hasard que le désir de vivre encore certaines sensation a porté à l’organisation, depuis quelques années, des désalpes qui s’inspirent à celles du passé. Elles ne sont plus comme autrefois, bien entendu. Mais peu importe ! Mais comment étaient-elles ? La campagne d’été à l’alpage durait 100 jours, un peu plus que trois mois, de la Saint-Bernard à la Saint-Michel. Saint Bernard (15 juin) les vaches les prend et Saint Michel (29 septembre) les rend.
Quand le moment de la désalpe approchait tous les arpians étaient de bonne humeur. La grande fatigue de l’été touchait à la fin, tout comme l’isolement relatif des gens de l’alpe. En bas, les arpians allaient retrouver la famille et les amis. En bas, tout allait être différent : le travail et son rythme, le climat, l’alimentation… Cela valait bien la peine d’être fêté !
La fête commençait la veille, à peine les derniers travaux achevés. Souvent, les propriétaires des vaches montaient avec le sac plein de nourriture et quelques fiasques de vin. Cela annonçait le retour prochain d’un menu plus varié où les produits du lait et la polente n’auraient plus eu le rôle central. Le plus souvent, la veille de la désalpe, les arpians n’allaient même pas se coucher.
Le moment venu, tout le monde descendait à l’étable pour la dernière fois de la saison et l’on détachait les vaches. Les vaches les plus intelligentes comprenaient instinctivement que le moment de regagner la plaine était arrivé. Apaisées après les ardeurs du printemps, les vaches, grosses bien que pas encore prêtes à mettre bas, avaient hâte de regagner les pâturages de l’automne qu’ils soient au plan ou au mayen. Et dès qu’elles avaient compris que leur sortie ne comportait plus un retour à l’étable d’été, leur pas se faisait plus sûr, plus décidé, plus gai et le son de la sonnaille, produit par un mouvement rythmé du cou, s’accordait avec celui des autres vaches du troupeau. Les vaches s’acheminaient en colonne derrière le premier berger qui arborait son meilleur chapeau feutre avec un petit bouquet d’edelweiss lié au ruban. Derrière lui suivaient les reines, celle des cornes et celle du lait, avec leur pitoresque « bosqué » de fleurs fraîches. Dans le troupeau, les « vatché » et les autres arpians et, tout au fond, le « tchitto ». Les cris se mélangeaient au concert des sonnailles et aux rares meuglements, le tout dans une athmosphère festive. Quand la file traversait les villages, les gens sortaient, faisaient des commentaires sur la prospérité du troupeau, caressaient les bêtes les plus belles, échangeaient avec les arpians quelques plaisanteries, offraient à boire et à manger à tout le monde. C’était une fête continue. Quand on traversait le village d’un « vatchéi », celui-ci attendait le bétail avec un bâton à la main et, quand ses vaches passaient, il les sortait du troupeau pour les accompagner à l’étable en les caressant. Souvent, les vaches reconnaissaient elles-mêmes les lieux et abandonnaient spontanément la colonne.
Et la fête continuait à l’intérieur des maisons et des caves, puisque la désalpe coïncidait avec les vendange.
Texte écrit par Alexis Bétemps