L'ouya é o réarot
Tsétta a l’é a couénta dé a drola fermantsa éntré l’ouya é o réarot : « Véén un co quieui l’é-té pi bon dé volé pi én at pé o tsi ? », ou l’a campà la un djor o réarot. Teu sebeut l’ouya a l’a gnénca préhtà fèi a tchoza, ma pé levré, totchà so l’orgouèi, a l’at asettà. « Poro ojéyón – a pénsae – sa pa peu comèn pensé-teui dé gagné ! I t’i l’ojé pi piquiót é fébio qué o Bon Guieu ou l’asa mandà so tsétta tèra é iò i sèi a réna dou tsi ».
Én tramèn qu’a pensae tsén écquie, l’ouya a l’at ivert le chè grouse ale é a l’a campa-se dju dou greup. A l’a déchendù djeuchto un tso é peu… su én at vers o tsi ! Sohpendouà é portà dé l’er tchat qué l’aprédené ou monta di cohte di montagne.
Marémàn qué l’ouya a montae, le parèi acouatà dé bréngue é dé daje i quieuttaon o pocht a y erbadjo, i quiapèi é, pé levré, a biantcha nèi di guiatsì. Le mite, ou fonts da val, i y iron macque ma dé piquió pécot grich, perdù pé o vert di pra é l’ardjèn dou valèi.
Ma l’ouya a n’ae panco prou : « Té dono iò tsi co… », a pensae…. É parì, én féjèn dé gro tor, a l’a tchertchà d’atre couràn d’er é a l’a montà éncorra pi su. Dé couràn d’er contùn pi fret é rér, malén a donté ; dé couràn d’er a prénde to y ale béle dehtendouèi pé pa nen perde gnénca eunna friza.
Orra, dé su la, ou sé véae renque o tsi perse é o soroi ou y ira eunna quiéra séntsa chaleur. L’ouya a l’ae aroà a eunna limitte qu’a l’ae jamé pasà, belle corra, totta djoeunna, a l’ae endéfià o Bon Guieu. Ma tsou co o cho orgouèi ié démandae dé pieu encorra é parì, éntó un dérì echforts, l’ouya a l’a campa-se so eun atro couràn d’er, rér é djalà comme o ven dé l’ivér… é a l’a montà co pi su.
Outor ou y ira teu quièi ; l’ouya a sentichae renque sobate o cho cour pé l’echforts é l’er ou y ira parì fin qu’ou l’echcapae ou mentén di pume dé y ale, tendouèi comme dé corde pé nen réténì quiécca : jamé a l’ae montà parì én at.
« Va saé sé l’ojéyón mé quiéra encorra », a pénsae fira mé un pet, ma, fran én tsou momèn la, én sé verèn l’a pa sembia-ie d’énténde un « tchip tchip » ?
Ou y ira o réarot : ou l’ae catcha-se dezeut a cha ala é la ou l’ae sobrà pé teut tsou tén la. L’ojéyón ou y ira parì piquiót qué l’ouya a l’ae pa adona-se dé tsou cors séntsa pés, é a l’ae porta-lo tanque la. Orra, dezeut o cho régar echtonà, l’ojéyón ou l’a grapeya-se so l’echeunna. Un co aroà, éntremì di doe grouse ale dé l’ouya, ou l’at aita-se outor, ou l’a feut un piquió sat é ou l’a deut : « I l’èi gagnà ! Orra, t’i peu sae, mina-mèi torna dju, tsé ou fèi tro fret ».
Dé tsou djor la, l’ouya a l’at ibià o cho orgouèi é o réarot d’ivér ou tchercha dé varì o cho cour djalà én partadjèn o ni avó le chè compagnón.
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L’aigle et le troglo
Voici l’histoire de l’étrange pari entre l’aigle et le troglo (*) : «Voyons-nous qui sait monter plus haut dans le ciel ? » lance le troglo. Sur le coup l’aigle ne prête même pas attention à ces mots mais pour finir, touché dans son orgueil, il accepte le défi. « Pauvre troglo – pense l’aigle – comment crois-tu l’emporter ? Tu es l’oiseau le plus petit et le plus frêle que le bon Dieu ait envoyé sur terre et moi je suis le seigneur des airs».
En songeant à cela, l’aigle déploie ses grandes ailes et se jette dans le vide. Une courte descente, et puis… en haut ! Soutenu et porté par l’air chaud qui l’après-midi remonte les pentes. Au fur et à mesure qu’il montait, les parois recouvertes de mélèzes et de sapins cédaient la place au gazon, aux rochers instables et, pour finir, aux neiges blanches des glaciers. Les maisons, au fond de la vallée, n’étaient plus que des petites taches grises, perdues dans le vert des prairies et l’argent du torrent.
Mais l’aigle n’en avait pas assez, il voulait bien lui faire voir au troglo… Et comme-ça, en traçant des grands cercles, il cherchait d’autres courants et montait encore. Des courants de plus en plus froids et raréfiés, difficiles a maîtriser ; des courants à retenir avec les ailes tendues pour ne pas en perdre un brin.
Maintenant, de là-haut, on ne voyait que l’azur du ciel, et le soleil n’était qu’une lueur blanche sans chaleur. Il était arrivé à la limite qu’il n’avait jamais dépassée, même pas quand, tout jeune, plein de force et de curiosité, avait défié le bon Dieu. Mais cette fois-ci son orgueil en demandait plus et ainsi, avec un ultime effort, l’aigle se jetta sur un autre courant, raréfié et glacial comme le vent de l’hiver… et il monta encore.
Tout autour ce n’était à présent que silence ; l’aigle entendait son cœur battre par l’effort et l’air était si éthéré qui s’échappait entre les plumes des ailes, tendues au maximum pour le retenir un peu plus : jamais il était monté si haut. « Qui sait si le troglo me voit encore de là-bas – songeait l’aigle, comblé de fierté – mais en ce moment, se retournant, ne lui semble-t-il pas d’entendre un tchépi ?
C’était le troglo : il s’était caché sous son aile et il y était resté tout ce temps. Le troglo était si petit que l’aigle ne s’était même pas aperçu de ce corps sans poids, et l’avait transporté jusque là. Maintenant, sous son regard incrédule, le troglo lui grimpait sur la croupe. Une fois atteint le dos, entre les deux grandes ailes de l’aigle, le troglo jette un regard autour de lui, fait un petit bond et : « J’ai gagné le pari – dit-il à l’aigle – maintenant, s’il te plaît, ramène-moi en bas, ici il fait si froid ».
Depuis ce jour-là, l’aigle a oublié son orgueil et le troglo, appelé aussi « oiseau des froidures », essaye de guérir son cœur glacé en partageant le nid avec ses semblables, pendant les longs mois d’hiver.
Introd - récit oral recueilli et adapté par Daniel Fusinaz
(*) Troglodyte mignon. Avec ses quelques 10g de poids, le troglo est le plus petit oiseau d’Europe après le roitelet. De caractère solitaire et indépendant, chaque mâle revendique son territoire. Curieusement, par les grands froids, cet instinct de solitude s'efface. Á ce moment, il cherche la compagnie de ses semblables pour passer la nuit ensemble dans un abri et se réchauffer ainsi les uns contre les autres.
L’aigle et le troglo
Voici l’histoire de l’étrange pari entre l’aigle et le troglo (*) : «Voyons-nous qui sait monter plus haut dans le ciel ? » lance le troglo. Sur le coup l’aigle ne prête même pas attention à ces mots mais pour finir, touché dans son orgueil, il accepte le défi. « Pauvre troglo – pense l’aigle – comment crois-tu l’emporter ? Tu es l’oiseau le plus petit et le plus frêle que le bon Dieu ait envoyé sur terre et moi je suis le seigneur des airs».
En songeant à cela, l’aigle déploie ses grandes ailes et se jette dans le vide. Une courte descente, et puis… en haut ! Soutenu et porté par l’air chaud qui l’après-midi remonte les pentes. Au fur et à mesure qu’il montait, les parois recouvertes de mélèzes et de sapins cédaient la place au gazon, aux rochers instables et, pour finir, aux neiges blanches des glaciers. Les maisons, au fond de la vallée, n’étaient plus que des petites taches grises, perdues dans le vert des prairies et l’argent du torrent.
Mais l’aigle n’en avait pas assez, il voulait bien lui faire voir au troglo… Et comme-ça, en traçant des grands cercles, il cherchait d’autres courants et montait encore. Des courants de plus en plus froids et raréfiés, difficiles a maîtriser ; des courants à retenir avec les ailes tendues pour ne pas en perdre un brin.
Maintenant, de là-haut, on ne voyait que l’azur du ciel, et le soleil n’était qu’une lueur blanche sans chaleur. Il était arrivé à la limite qu’il n’avait jamais dépassée, même pas quand, tout jeune, plein de force et de curiosité, avait défié le bon Dieu. Mais cette fois-ci son orgueil en demandait plus et ainsi, avec un ultime effort, l’aigle se jetta sur un autre courant, raréfié et glacial comme le vent de l’hiver… et il monta encore.
Tout autour ce n’était à présent que silence ; l’aigle entendait son cœur battre par l’effort et l’air était si éthéré qui s’échappait entre les plumes des ailes, tendues au maximum pour le retenir un peu plus : jamais il était monté si haut. « Qui sait si le troglo me voit encore de là-bas – songeait l’aigle, comblé de fierté – mais en ce moment, se retournant, ne lui semble-t-il pas d’entendre un tchépi ?
C’était le troglo : il s’était caché sous son aile et il y était resté tout ce temps. Le troglo était si petit que l’aigle ne s’était même pas aperçu de ce corps sans poids, et l’avait transporté jusque là. Maintenant, sous son regard incrédule, le troglo lui grimpait sur la croupe. Une fois atteint le dos, entre les deux grandes ailes de l’aigle, le troglo jette un regard autour de lui, fait un petit bond et : « J’ai gagné le pari – dit-il à l’aigle – maintenant, s’il te plaît, ramène-moi en bas, ici il fait si froid ».
Depuis ce jour-là, l’aigle a oublié son orgueil et le troglo, appelé aussi « oiseau des froidures », essaye de guérir son cœur glacé en partageant le nid avec ses semblables, pendant les longs mois d’hiver.
Introd - récit oral recueilli et adapté par Daniel Fusinaz
(*) Troglodyte mignon. Avec ses quelques 10g de poids, le troglo est le plus petit oiseau d’Europe après le roitelet. De caractère solitaire et indépendant, chaque mâle revendique son territoire. Curieusement, par les grands froids, cet instinct de solitude s'efface. Á ce moment, il cherche la compagnie de ses semblables pour passer la nuit ensemble dans un abri et se réchauffer ainsi les uns contre les autres.