Le tri tsahagne
Eun cou eungn Euntroù ll’ion tri pitchoude tsahagne, totte tri catchéye dedeun lo mimo irì, su la brantse pi ota d’eun vioù tsahagnîa. Eun bió dzor, euntor la feun di tsotèn, eunna di tri tsahagne comenche a se plendre : « L’è po pousiblo ; hé l’acapite jamì ren de dzen ! Tcheu le dzor son égalle é no pasèn nouho ten penduye a heutta brantse, avouì de montagne devàn, de montagne dérì é de montagne a coutì ! Dze si chura que de delé de halle montagne ll’a an matse de dzente bague, que atègnon po d’otre que d’ihé découverte. Proi ! dz’ouì partì é alé vire lo mondo : me séoi se gratèyon, mè dze reusto cheur po hé a gamolé su ma brantse ! ». Eun se dièn heutte bague, la tsahagne se léche tsire de l’irì, robatte su lo pro, se caye bo pe lo talù é s’aplante i mentèn di tsemeun que pasô lé dézò. « Ah, hi cou dze si libra - pense la tsahagne - é dze pouì fée hen que n’i voya ! ». Mi eun hi moumàn, su lo tsemeun l’aruye an machina… é agnacque la poua tsahagnetta.
Coutche dzor aprì, la seconda tsahagne comenche lli étò a magrèyé : « Ma séoi l’ayè belle rèizòn, hé l’acapite jamì ren de dzen é no vèyèn todzor le mime montagne, jamì ren de nouì ! Dz’ouì partì é alé vire lo mondo : tampì pe le-z-otre, mè dze reusto cheur po hé a perù su ma brantse ! » Eun se dièn heutte bague la tsahagne se léche tsire de l’irì, robatte su lo pro, se caye bo pe lo talù mi teteun, a plahe d’atraésé lo tsemeun, se tappe dedeun lo ru que pase lé a coutì. Pourtéye de l’ée, la tsahagne atraése le pro, fenì eun Djoun-î é de Djoun-î dedeun eun grou fleuve, élardzo é tranquilo comme eun lacque de montagne. Eun se léchèn traspourté di fleuve la tsahagne atraése de veladzo, de campagne é de veulle, canque can eun dzor, i coutché di solèi, l’aruye a la mèa. La pitchouda tsahagne l’ayè jamì vu an baga semblobla : d’ée a perte de vuya, dézò eun grou siel de totte couleur ; é de bató, que léchon an trèina de boura oranje dérì leur pasadzo. Brichéye d’i-z-onde dorette, la tsahagne totta contenta se di :« Eh vouè, nen vaillè beun la pen-a ! Bastô aì tchica de coadzo é voualà que dz’i pousù vire lo mondo. Se dze penso a ma séoi que l’è reustéye penduya a la brantse, catchéye euntrì cattro montagne ! ». Mi eun hi moumàn, mi que l’î eun tren d’aitché lo solèi que meuche su l’ée, l’aruye eun pèisòn é se peucque la poua tsahagnetta.
L’èitòn l’î aréó eun montagne é la trijima tsahagne, reustéye totta soletta dedeun son irì, se dijè : « Véo de ten l’è pasó dèi can me séoi son partiye, l’oillòn vire lo mondo é dze le retrouérì jamì pi. Mi diquè l’ayon-tì la fèi d’acapé bo per lé ? Mè dze restérì todzor héilla, pèquè l’è i mentèn de heutte montagne que lo Bon Djeu m’a betéye é l’è hé que dz’ouì vivre, canque a la feun de me dzor ». Eun pensèn heutte bague la tsahagne, tan lagnéye d’atendre, s’eundrume é se léche tsire su la coutse de foille que lo vioù tsahagnîa l’ayè apreusto-lèi a se pià. É l’èivîa, eun bèichèn di montagne, la toppe avouì sa querta blantse de nèi.
Pason le mèise, tôdzèn, é beuntoù lo fouryì gagne a l’èivîa ; la nèi se reteurie é… sorprèiza : i pià di vioù abro la tsahagnetta ll’è pomì ! A sa plahe l’î nèisuya an pitchouda plantin-a.
Véo de fouryì son pasó dèi adòn é le pitchouda plantin-a l’è crèisuya, canque a gnan-ì eun grou tsahagnîa, avouì le rèise bièn plantéye pe sa tèra é le foille que semblon totché lo siel ; é de tsotèn tcheu le mèinoù di veladzo l’argoillon permì se brantse, le femalle s’achaton a se pià é le-z-ommo, eun se retèrièn de campagne, vignon tchertché l’ombra de hi grou tsahagnîa pe se refritché di solèi.
Euntroù – conta oralla que Daniel Fusinaz l’a recueillì é adató
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Les trois châtaignes
Il y avait une fois, à Introd, trois petites châtaignes, blotties dans la même bogue, accrochées à la branche la plus haute d’un vieux châtaignier. Un jour, en fin d’été, l’une des trois châtaignes commence à se plaindre : « Pa possible ; ici il ne se passe jamais rien d’intéressant ! Tous les jours se ressemblent et nous passons notre temps suspendues à cette branche, avec des montagnes en face, des montagnes derrière et des montagnes à côté ! Je parie (suis sûre) qu’au-delà de ces montagnes il y a plein de choses intéressantes qui n’attendent qu’à être découvertes. Assez ! je veux partir découvrir le monde : quant à mes sœurs.... qu’elles fassent ce qu’elles veulent, moi je ne resterai pas ici à me vermouler su ma branche, c’est sûr ! ». En se disant ceci, la châtaigne se laisse tomber de la bogue, roule sur le pré, se lance du talus et s’arrête au beau milieu de la route qui passe juste en bas. « Ah, ça y est, je suis libre – pense la châtaigne – et je peux enfin faire tout ce que je veux ! ». Mais à ce moment-là, une voiture passe sur la route… et écrase la pauvre petite châtaigne. Quelques jours après, la deuxième châtaigne commence à maugréer à son tour: « Ma sœur avait bel et bien raison, ici il ne se passe jamais rien d’intéressant et nous voyons toujours les mêmes montagnes, jamais rien de nouveau ! Je veux partir voir le monde : tant pis pour les autres, moi je ne reste sûrement pas ici à pourrir sur ma branche ! ». En se disant ceci, la châtaigne se laisse tomber de la bogue, roule sur le pré, se lance du talus mais, au lieu de traverser la route, elle se jette dans le ruisseau qui passe juste à côté. Portée par l’eau du ruisseau la châtaigne traverse les prés, finit dans la Doire et de la Doire dans un grand fleuve, large et calme comme un lac de montagne. Transportée par le fleuve, elle traverse des villages, des terres cultivées et des villes, jusqu’au jour où, au soleil couchant, elle arrive à la mer. La petite châtaigne n’avait jamais rien vu de semblable : de l’eau à perte de vue, sous un ciel de toutes les couleurs ; et des bateaux, laissant un sillage d’écume orange derrière leur passage. Bercée par les vagues dorées, la châtaigne se disait toute extasiée : « Eh oui, il en valait vraiment la peine ! Il suffisait d’un peu de courage et voilà que j’ai pu voir le monde. Si je pense à ma sœur qui est restée suspendue à sa branche, enfouie au milieu de quatre montagnes ! ». Mais en ce moment, pendant qu’elle admirait le soleil mourant sur l’eau, un poisson arrive et avale la pauvre petite châtaigne.
L’automne était arrivé en montagne et la troisième châtaigne, restée toute seule dans la bogue, se disait : « Combien de temps s’est écoulé depuis que mes sœurs sont parties ; elles voulaient voir le monde et moi je ne les retrouverai jamais plus. Mais qu’est-ce qu’elles pensaient trouver là-bas ? Moi je resterai toujours ici, car c’est parmi ces montagnes que le Bon Dieu m’a mise et c’est ici que je veux vivre, jusqu’au bout de mes jours ». En pensant ainsi la châtaigne, si fatiguée d’attendre, s’endort et se laisse tomber sur le lit de feuilles que le vieux châtaigner avait préparé à ses pieds. Et l’hiver, en descendant des montagnes, la couvre d’une blanche couverture de neige.
Les mois passent, lentement, et bientôt le printemps gagne sur l’hiver ; la neige se retire et…surprise : aux pieds du vieil arbre la petite châtaigne a disparu ! A sa place une petite plante était née. Combien de printemps sont passés depuis lors et la petite plante a grandi, jusqu’à devenir un grand châtaignier, avec les racines bien plantées dans sa terre et les feuilles qui semblent toucher le ciel ; et pendant l’été tous les enfants du village jouent parmi ses branches, les femmes s’assoient à ses pieds et les hommes, de retour de la campagne, viennent chercher l’ombre du gros châtaignier pour se reprendre de la chaleur du soleil.
Les trois châtaignes
Il y avait une fois, à Introd, trois petites châtaignes, blotties dans la même bogue, accrochées à la branche la plus haute d’un vieux châtaignier. Un jour, en fin d’été, l’une des trois châtaignes commence à se plaindre : « Pa possible ; ici il ne se passe jamais rien d’intéressant ! Tous les jours se ressemblent et nous passons notre temps suspendues à cette branche, avec des montagnes en face, des montagnes derrière et des montagnes à côté ! Je parie (suis sûre) qu’au-delà de ces montagnes il y a plein de choses intéressantes qui n’attendent qu’à être découvertes. Assez ! je veux partir découvrir le monde : quant à mes sœurs.... qu’elles fassent ce qu’elles veulent, moi je ne resterai pas ici à me vermouler su ma branche, c’est sûr ! ». En se disant ceci, la châtaigne se laisse tomber de la bogue, roule sur le pré, se lance du talus et s’arrête au beau milieu de la route qui passe juste en bas. « Ah, ça y est, je suis libre – pense la châtaigne – et je peux enfin faire tout ce que je veux ! ». Mais à ce moment-là, une voiture passe sur la route… et écrase la pauvre petite châtaigne. Quelques jours après, la deuxième châtaigne commence à maugréer à son tour: « Ma sœur avait bel et bien raison, ici il ne se passe jamais rien d’intéressant et nous voyons toujours les mêmes montagnes, jamais rien de nouveau ! Je veux partir voir le monde : tant pis pour les autres, moi je ne reste sûrement pas ici à pourrir sur ma branche ! ». En se disant ceci, la châtaigne se laisse tomber de la bogue, roule sur le pré, se lance du talus mais, au lieu de traverser la route, elle se jette dans le ruisseau qui passe juste à côté. Portée par l’eau du ruisseau la châtaigne traverse les prés, finit dans la Doire et de la Doire dans un grand fleuve, large et calme comme un lac de montagne. Transportée par le fleuve, elle traverse des villages, des terres cultivées et des villes, jusqu’au jour où, au soleil couchant, elle arrive à la mer. La petite châtaigne n’avait jamais rien vu de semblable : de l’eau à perte de vue, sous un ciel de toutes les couleurs ; et des bateaux, laissant un sillage d’écume orange derrière leur passage. Bercée par les vagues dorées, la châtaigne se disait toute extasiée : « Eh oui, il en valait vraiment la peine ! Il suffisait d’un peu de courage et voilà que j’ai pu voir le monde. Si je pense à ma sœur qui est restée suspendue à sa branche, enfouie au milieu de quatre montagnes ! ». Mais en ce moment, pendant qu’elle admirait le soleil mourant sur l’eau, un poisson arrive et avale la pauvre petite châtaigne.
L’automne était arrivé en montagne et la troisième châtaigne, restée toute seule dans la bogue, se disait : « Combien de temps s’est écoulé depuis que mes sœurs sont parties ; elles voulaient voir le monde et moi je ne les retrouverai jamais plus. Mais qu’est-ce qu’elles pensaient trouver là-bas ? Moi je resterai toujours ici, car c’est parmi ces montagnes que le Bon Dieu m’a mise et c’est ici que je veux vivre, jusqu’au bout de mes jours ». En pensant ainsi la châtaigne, si fatiguée d’attendre, s’endort et se laisse tomber sur le lit de feuilles que le vieux châtaigner avait préparé à ses pieds. Et l’hiver, en descendant des montagnes, la couvre d’une blanche couverture de neige.
Les mois passent, lentement, et bientôt le printemps gagne sur l’hiver ; la neige se retire et…surprise : aux pieds du vieil arbre la petite châtaigne a disparu ! A sa place une petite plante était née. Combien de printemps sont passés depuis lors et la petite plante a grandi, jusqu’à devenir un grand châtaignier, avec les racines bien plantées dans sa terre et les feuilles qui semblent toucher le ciel ; et pendant l’été tous les enfants du village jouent parmi ses branches, les femmes s’assoient à ses pieds et les hommes, de retour de la campagne, viennent chercher l’ombre du gros châtaignier pour se reprendre de la chaleur du soleil.