Le ra de Superlé
A la grandze de Superlé, i mentèn di pro, djeusto a coutì de Djoun-î é d’eun pitchoù bouque de tsahagnia, i fon d’eun ni bièn a chouha dézò la remiza, ll’ion dou ra : Londzecuya é Mouropreun.
Le dou ra l’ion todzor reustó lé pai, é l’ion jamì aló pi llouèn di grou tsan de mirga que se trouô bo i fon, protso di gran tsemeun.
« Dze mouio de la voya d’alé tchica pi llouèn, vire an miya lo mondo… », dijè Londzecuya eun se plègnèn.
« Tè t’i po adrè eun gneun sen - lèi repondjè Mouropreun – n’en-nò po proi de lardzo héilla ? ».
« Bon, de lardzo no n’en hen que n’en voya, l’è renque que héilla se vèyon mocque todzor le mime grime : le vatse… le dzeleunne… lo pou… le tchévre… lo pouèa… lo tseun… é aprì, comme se to ho bastuche po … : euncó hi moustre de tsa ! Sa, alèn tcheucca vire diquè ll’è de de lé de hi grou tsan de mirga ! ».
Mouropreun l’î braamente tracachà ! Teteun l’a fenè pe sèdé : l’a prèi se cattro patoille, s’è apiillà a la cuya de Londzecuya é ià… p’alé vire diquè djablo ll’î de de lé di grou tsan de mirga.
Le dou ra l’an tsemin-ó pe dou dzor é dô natte, é a la feun sont aréó eun Veulla.
« Mè dz’i pouî ! - dijè Mouropreun eun moutoun-èn - … no-z-agnaccon !... Ll’a eun vacarmo di djablo ! ».
« Sa sa ! planta-là lé de ploé é chou-mè ! », coppe queur Londzecuya.
É le dou ra se son tsacotó to lo ten, eun grampiillèn su an tsin-ó, eun galopèn su le tè, eun robatèn a drèite é a gotse é… plouff ! To d’eun cou son fenè tcheu dou bo dedeun eun soupiraille.
« Mi, ioi sen-nò capitó ? - Â Mouropreun l’ayè bailla cappa é quetô pomì de ploé - Dz’ouì tourné eun tchi no ! Dz’i la cuya totta eunvertoilléye dedeun hi tubo de la malora ! ».
« L’è po eun tubo, l’è an flute ! Bougro d’eungn ono ! ».
« Qui l’è que l’a prèdjà ? ».
L’î Medé, eun grou ra, lon comme an pertse, nia comme de pèdze é avouì eun per de mostatse blantse comme la nèi, dirèiteur de la fanfara de Veulla.
Londzecuya, quèrioi comme si po diquè, soitaillô pertò : galopô su lo souflè de l’organeun, soitô su la pi d’eun tambour, froutô la cuya su le corde d’eun viouleun, eunfelô se mostatse pe le borne d’eun frustapó é… Mouropreun ?
« Dze si héilla, dze sento lo flo de mèizòn… ».
Lo pouo Mouropreun croulô comme an foille, catchà dézò lo sacque d’an cornemuze ; eun vèijè djeusto rechourtì la cuya, prima prima, djemì catchéye dedeun lo pi grou di bourdòn.
« Lo sacque de la cornemuze l’è fa atò la pi de la tchévra - lèi di Medé -, te fa gnan-ì eun devàn le pro, lo bouque, le tsan, le ru… ».
« Renque a sentì hi flo, me gnan lo mou de mèizòn ! Soplé, tournèn eun tchi no… ».
« Boun-a idó - di Medé - é mè dze vigno avouì vo ».
Can le dou ra sont aréó a la grandze, tcheu l’an fa-lèi de balle fihe. Medé l’ayè melató canque lé, atò sa tsaretta, tcheu le stremèn de mezeucca, é étò le dou ra, catchà dedeun la bouihe de la clarinette.
É pai halla natte, to hen s’è betó a danché : le vatse, le dzeleunne, lo pou, le tchévre, lo pouèa, lo tseun é feunque hi moustre de tsa, que a la feun… l’î po pe gneunca fran moustre !
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Les souris de Superlé
Dans la ferme de Superlé, au milieu des prés, juste à côté d’un petit bois de châtaigniers et de la grande Doire, enfuis dans un terrier sombre à l’abri de la remise, vivaient deux souris : Londzecua et Mouropreun.
Elles n’avaient jamais bougé de là et n’avaient jamais rien vu au delà du grand champ de maïs qui se trouvait au fond, près du grand chemin.
« Je brûle d’envie d’aller plus loin, de découvrir un petit peu le monde… » disait Londzecua en soupirant.
« Toi tu n’es bien nulle part – lui répondit Mouropreun – n’avons-nous pas assez de place ici ? »
« Oui, de la place il y en a, mais on y voit toujours les mêmes têtes : les vaches… les poules…le coq…les chèvres… les cochons… le chien et puis… ce monstre de chat! Allez, allons voir qu’es-ce qu’il y a au delà du grand champ de maïs ! »
Mouropreun était fort tracassée, cependant elle prit ses affaires, s’agrippa à la queue de Londzecua et… an avant pour découvrir ce qui se passait a au-delà du grand champ de maïs.
Elles marchèrent toute la journée et toute la nuit ; puis une autre journée encore et une autre nuit et elles sont arrivées enfin à Aoste.
« ’ai peur ! sanglotait Mouropreun – et s’ils nous écrasent ?… Il y a un vacarme d’enfer ! »
« Allez ! arrête de te plaindre et suis-mo », lui dit brusquement Londzecua. »
Tout en se disputant, elles se mirent à arpenter une gouttière, à courir sur les toits, à droite, à gauche quand, tout à coup… plouf ! Elles étaient tombées dans un tuyau d’aération.
« Mais où sommes-nous? – Mouropreun pleurait maintenant à chaudes larmes – je veux retourner chez-moi ! j’ai la queue toute tortillée dans ce vilain tuyau ! »
« Ce n’est pas un tuyau, c’est une flûte ! Bougre d’une simplette ! »
« Qui est-ce qui a parlé ? » C’était Medé, un gros rat, plus long que large, noir comme l’encre et avec des moustaches blanches comme la neige, directeur de la fanfare d’Aoste.
Londzecua, curieuse à ne pas le croire, furetait partout : elle courait sur le soufflet d’un accordéon, sautait sur la peau d’un tambour, frottait sa queue sur les cordes d’un violon, enfilait ses moustaches dans les trous d’une harmonica et … Mouropreun ?
« Je suis là, ça sent l’odeur de maison …»
La petite souris craintive tremblait, enfouie sous le sac d’une cornemuse ; on n’apercevait que sa queue, fine fine, disparaître derrière le plus grand des bourdons.
« Le sac de cet instrument est en peau de chèvre – lui dit-il Medé – ça te rappelle les prés, le bois, les champs, les ruisseaux… »
« Rien que l’odeur, me fait penser à la ferme ! S’il te plaît, retournons chez-nous… »
A leur retour à la ferme, nos deux souris furent reçues avec une grande fête. Medé avait chargé sur son triporteur tous ses instruments de musique ainsi que les deux souris, enfouies dans l’étui de la clarinette.
Tout le monde dansait : les vaches, les poules, le coq, les chèvres, les cochons, le chien et même ce monstre de chat.
Les souris de Superlé
Dans la ferme de Superlé, au milieu des prés, juste à côté d’un petit bois de châtaigniers et de la grande Doire, enfuis dans un terrier sombre à l’abri de la remise, vivaient deux souris : Londzecua et Mouropreun.
Elles n’avaient jamais bougé de là et n’avaient jamais rien vu au delà du grand champ de maïs qui se trouvait au fond, près du grand chemin.
« Je brûle d’envie d’aller plus loin, de découvrir un petit peu le monde… » disait Londzecua en soupirant.
« Toi tu n’es bien nulle part – lui répondit Mouropreun – n’avons-nous pas assez de place ici ? »
« Oui, de la place il y en a, mais on y voit toujours les mêmes têtes : les vaches… les poules…le coq…les chèvres… les cochons… le chien et puis… ce monstre de chat! Allez, allons voir qu’es-ce qu’il y a au delà du grand champ de maïs ! »
Mouropreun était fort tracassée, cependant elle prit ses affaires, s’agrippa à la queue de Londzecua et… an avant pour découvrir ce qui se passait a au-delà du grand champ de maïs.
Elles marchèrent toute la journée et toute la nuit ; puis une autre journée encore et une autre nuit et elles sont arrivées enfin à Aoste.
« ’ai peur ! sanglotait Mouropreun – et s’ils nous écrasent ?… Il y a un vacarme d’enfer ! »
« Allez ! arrête de te plaindre et suis-mo », lui dit brusquement Londzecua. »
Tout en se disputant, elles se mirent à arpenter une gouttière, à courir sur les toits, à droite, à gauche quand, tout à coup… plouf ! Elles étaient tombées dans un tuyau d’aération.
« Mais où sommes-nous? – Mouropreun pleurait maintenant à chaudes larmes – je veux retourner chez-moi ! j’ai la queue toute tortillée dans ce vilain tuyau ! »
« Ce n’est pas un tuyau, c’est une flûte ! Bougre d’une simplette ! »
« Qui est-ce qui a parlé ? » C’était Medé, un gros rat, plus long que large, noir comme l’encre et avec des moustaches blanches comme la neige, directeur de la fanfare d’Aoste.
Londzecua, curieuse à ne pas le croire, furetait partout : elle courait sur le soufflet d’un accordéon, sautait sur la peau d’un tambour, frottait sa queue sur les cordes d’un violon, enfilait ses moustaches dans les trous d’une harmonica et … Mouropreun ?
« Je suis là, ça sent l’odeur de maison …»
La petite souris craintive tremblait, enfouie sous le sac d’une cornemuse ; on n’apercevait que sa queue, fine fine, disparaître derrière le plus grand des bourdons.
« Le sac de cet instrument est en peau de chèvre – lui dit-il Medé – ça te rappelle les prés, le bois, les champs, les ruisseaux… »
« Rien que l’odeur, me fait penser à la ferme ! S’il te plaît, retournons chez-nous… »
A leur retour à la ferme, nos deux souris furent reçues avec une grande fête. Medé avait chargé sur son triporteur tous ses instruments de musique ainsi que les deux souris, enfouies dans l’étui de la clarinette.
Tout le monde dansait : les vaches, les poules, le coq, les chèvres, les cochons, le chien et même ce monstre de chat.