Lo charivarì
Lo mariadzo dé én vevvo ou dé én-a vevva y éve vu di dzeveuo comèn én-a baga contréa a l’équilibro nateel. Surtoù can lé vevvo ou lé vevve mariévon coquieun peu dzeveuo, én fézèn concouranse i bouébo, qué y an lo droué nateel dé ché réprodouie. Lo vevvo ou la vevva i gagnévon sétta concouranse perquié, chovèn, y anve de pleu dé bièn, ou pé én etadzo, ou pé lé-z-àn dé traval. Pé sétte rézón én-a person-a dé én sertèn éyadzo y éve peu reutse respé a én bouébo.
I son lé bouébo po marió qué y apreston lo charivarì.
Dédén neutre piquieu veladzo, y é po fasilo catsé la novéla dé én mariadzo… Can lé dzeveuo végnon a lo savér i tsertson dé fae tsandzé idé a la cobla, ma y é po fasilo avoué do qué i voulon ché marià ! Lé dzeveuo tsertson dé comprenne can lé do choze i ché vèyon a catsón, é i désidon dé fae én premé charivarì. Lo né dou dzor désidó i ché retrouvon po tro louén dou méquio di choze, avoué dé mouèblo diféèn pé fae dé tapadzo.
La cobla pou réajì én magnée diféénta. Én janre, a l’énvión i fé semblàn dé po séntì lo tapadzo, ma lo charivarì pou duà totta la né é co pé én-a bléta dé dzor. Apré quiécca dé tén, lé dzeveuo y areséson a prédzé avoué lo vevvo ou la vevva é, én dé llor, i démande én baró dé vén dé séncanta litre, ou dé lle doà lé seu pé atsétà lo baró, pé payé lo dan qué y a fé i dzeveuo én marièn én-a person-a peu dzeveua. Sé lo vevvo ou la vevva i volévón po fae la patse lo tapadzo i duéve tanquie can én di do choze i payéve lo baró. Lo charivarì pou dza énvioà can lé do i ché prèdzon é alà én dévàn co apré lo mariadzo. Lé vevvo i payévon po pé diféénte rézón : coquieun pé orgueul, d’otre seumplamèn perquié i sonve acrapì. Dé quieu lé choze i démandévon l’édo di carabegné. Lé-z-istorièn prèdzon chovèn dé prézón. La motivachón ofisiéla y é lo tapadzo qué i fézévon lé dzeveuo dé né, ma i pou ché fae qué la justise ofisiéla y asètisse po lo fé qué si bouébo i ché fézissan justice da per llor.
Lé déré charivarì y an pomé lo sanse qué y avon a l’orijine, lé choze i ch’énervon pomé pé lo tapadzo, é lé dzeveuo y an én-a ocajón én pleu pé fae féta.
Traduction d'un texte écrit par Alexis Bétemps
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Le charivari
Le charivari
Le mariage d’un veuf ou d’une veuve était vécu, par la jeunesse, comme un acte contraire à l’équilibre interne de la communauté. Surtout quand les veufs ou les veuves épousaient quelqu’un de plus jeune, se mettant ainsi en concurrence avec la jeunesse, dépositaire naturelle du droit à la procréation. Et cette concurrence était particulièrement déloyale quand le veuf ou la veuve étaient riches, chose fréquente, puisque, par héritage ou par le travail accompli, la fortune des personnes âgées était généralement plus consistante que celle des jeunes.
Ce sont les jeunes célibataires qui se chargent du charivari, les hommes principalement.
Dans nos petites communautés, les intentions de mariage sont difficiles à cacher… Informés des projets du couple contesté, les jeunes le préviennent parfois pour le dissuader. Mais cette initiative aboutit très rarement : il est difficile de dissuader ceux qui veulent se marier ! Les jeunes sont alors aux aguets quand les fiancés se rencontrent, la plupart des fois en grand secret, et décident d’un premier charivari. Ils se passe le mot et, le jour dit, la nuit, ils se retrouvent non loin de l’habitation du couple, munis des instruments les plus disparates pour former un orchestre grotesque.
Le couple visé peut réagir de différentes façons. En général, il oppose une résistance passive, faisant semblant d’ignorer le concert. Le charivari peut durer la nuit entière et continuer pendant plusieurs jours. Chose que les victimes savent très bien. Pour en finir, généralement, la ténacité des jeunes oblige le couple à ouvrir les pourparlers. Quand le veuf ou la veuve acceptent finalement de dialoguer avec les jeunes, un porte-parole demande un baril de vin, une cinquantaine de litres, ou la somme correspondante en argent. Ceci en guise de dédommagement du tort subi par la jeunesse. Le veuf ou la veuve rarement acceptent tout de suite, même s’ils ont l’intention de payer. C’est une sorte de jeu de rôle où chacun joue son personnage. En cas de refus, le charivari continue jusqu’à la capitulation de l’une des deux parties. Le charivari peut commencer pendant les fiançailles, voire même les fréquentations, et poursuivre jusqu’après le mariage. Le refus de payer était, suivant les cas, une démonstration de caractère, d’orgueil ou d’avarice. Parfois les victimes invoquaient la loi et demandaient l’intervention des gendarmes. Les historiens parlent souvent de prison. La motivation officielle de l’emprisonnement est généralement le tapage nocturne causé par le groupe des jeunes, mais il est difficile de ne pas penser qu’il y ait aussi un brin d’intolérance de la justice officielle à l’égard de ces jeunes qui prétendent exercer une justice parallèle.
Les derniers charivaris ont souvent perdu leur sens profond et sont vécus par les victimes avec beaucoup de complaisance et par les bandes de jeunes comme une occasion supplémentaire pour faire la fête.
Texte écrit par Alexis Bétemps
Le charivari
Le charivari
Le mariage d’un veuf ou d’une veuve était vécu, par la jeunesse, comme un acte contraire à l’équilibre interne de la communauté. Surtout quand les veufs ou les veuves épousaient quelqu’un de plus jeune, se mettant ainsi en concurrence avec la jeunesse, dépositaire naturelle du droit à la procréation. Et cette concurrence était particulièrement déloyale quand le veuf ou la veuve étaient riches, chose fréquente, puisque, par héritage ou par le travail accompli, la fortune des personnes âgées était généralement plus consistante que celle des jeunes.
Ce sont les jeunes célibataires qui se chargent du charivari, les hommes principalement.
Dans nos petites communautés, les intentions de mariage sont difficiles à cacher… Informés des projets du couple contesté, les jeunes le préviennent parfois pour le dissuader. Mais cette initiative aboutit très rarement : il est difficile de dissuader ceux qui veulent se marier ! Les jeunes sont alors aux aguets quand les fiancés se rencontrent, la plupart des fois en grand secret, et décident d’un premier charivari. Ils se passe le mot et, le jour dit, la nuit, ils se retrouvent non loin de l’habitation du couple, munis des instruments les plus disparates pour former un orchestre grotesque.
Le couple visé peut réagir de différentes façons. En général, il oppose une résistance passive, faisant semblant d’ignorer le concert. Le charivari peut durer la nuit entière et continuer pendant plusieurs jours. Chose que les victimes savent très bien. Pour en finir, généralement, la ténacité des jeunes oblige le couple à ouvrir les pourparlers. Quand le veuf ou la veuve acceptent finalement de dialoguer avec les jeunes, un porte-parole demande un baril de vin, une cinquantaine de litres, ou la somme correspondante en argent. Ceci en guise de dédommagement du tort subi par la jeunesse. Le veuf ou la veuve rarement acceptent tout de suite, même s’ils ont l’intention de payer. C’est une sorte de jeu de rôle où chacun joue son personnage. En cas de refus, le charivari continue jusqu’à la capitulation de l’une des deux parties. Le charivari peut commencer pendant les fiançailles, voire même les fréquentations, et poursuivre jusqu’après le mariage. Le refus de payer était, suivant les cas, une démonstration de caractère, d’orgueil ou d’avarice. Parfois les victimes invoquaient la loi et demandaient l’intervention des gendarmes. Les historiens parlent souvent de prison. La motivation officielle de l’emprisonnement est généralement le tapage nocturne causé par le groupe des jeunes, mais il est difficile de ne pas penser qu’il y ait aussi un brin d’intolérance de la justice officielle à l’égard de ces jeunes qui prétendent exercer une justice parallèle.
Les derniers charivaris ont souvent perdu leur sens profond et sont vécus par les victimes avec beaucoup de complaisance et par les bandes de jeunes comme une occasion supplémentaire pour faire la fête.
Texte écrit par Alexis Bétemps