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L’ouille é lo poudzè

Comune: Chambave
Categoria: Racconti per bambini

Seutta y è la conta dé na drola dé fromanse entre l’ouille é lo poudzè(*).
« Véyèn qu’i y è bon dé volé pi at ou siel ? », i campe lé lo poudzè.
Pé comensé l’ouille i baille gneunca fèi a la baga, ma pé frounì, totsà dedeun son orgueuill, y aséte.
« Poro poudzè - i pense l’ouille - comèn t’a la fèi dé gagné ? T’é l’uzé lo pleu pitchoù é lo pleu frajilo qué lo Bon Djeu y a mandà su la Téra é mé sé la réna dé l’er ».
Én pensèn seutta baga, l’ouille i ouvre lé chén ale é i ché lanse dedeun lo vouido.
I décotse tcheuca… é i monte tugnuva su é portà pé l’er tsaat qué la dénona i monte lo lon dé la montagne. Man man qu’i montave, lé flan couver dé brenve é dé pesse i lésavon lo caro a l’erba, i cllapèi é pé finì a la nèi blantse di guiasé.
Lé métcho ou fon dé la val y éron pamé qué dé pitchoude matse grize perduve dedeun lo ver di pra é l’ardzèn dou torón.
Ma l’ouille i n’avié panco proi, l’ouille i voulive fran lle la fére vére ou poudzè.
É paré, én trasèn dé gran sercllo, i tsertsave d’atre corèn pé monté éncora.
Dé corèn toudzor peu fret é pi rer, difisilo a prendre, dé corèn a chouvre oué lé-z-ale lardze pé pa né perdre én fi.
Èra, dé su lé, on vèyave maque lo bleu dou siel é lo solèi y ére maque euna cllartà blantse sensa tsaleur.
Y ére jamé alà paré louèn, gneunca can dzeveuno, querioou é plen dé forse, y ave défià lo Bon Djeu.
Ma si coo lo chén orgueuill i n’avie panco proou é paré oué eun deré éfor, l’ouille ché lanse su eun atro corèn, rer é dzalà comèn lo ven dé l’ivér… é i monte éncora.
To lo tor y éve to quèi. L’ouille i sentive lo chén queur batre pé l’éfor é l’er y ére si fén qu’i scapave ou métèn di plume di-z-ale alardzà lo pleu pousiblo pé lo tignì : y ére jamé montà paré at.
« Couì i sa sé lo poudzè y areuve encó a mé vére dé dju lé ? », pensave l’ouille pléna dé fiertà. Ma eun si momàn, én sé virèn lle semblé-té pa dé sentì eun tchépì ? Y ére lo poudzè qu’i y ére catsa-che dézò la chén ala é y ére restaye to lo ten.
Y ére tellamèn pitchoù qué l’ouille y ére gnanca apersu-che dé si cor sensa pèis é y avie porta-lo tanque lé.
Èra l’ouille i crèyave pa i chén jouè én véyèn lo poudzè lle monté su lo cropión.
Arevà ou métèn di-z-ale dé l’ouille lo poudzè i ch’avétche outor, i fet eun pitchoù sat é i di a l’ouille : « Dz’é gagnà ! É èra pé plizì, reporta-mé dju qué seu i fé paré fret ».

Introd – récit oral recueilli et adapté par Daniel Fusinaz

(*)Troglodyte mignon. Avec ces quelques 10g de poids, le troglo est le plus petit oiseau d’Europe après le roitelet. De caractère solitaire et indépendant, chaque mâle revendique son territoire. Curieusement, par les grands froids, cet instinct de solitude s'efface. Á ce moment, il cherche la compagnie de ses semblables pour passer la nuit ensemble dans un abri et se réchauffer ainsi les uns contre les autres.

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L’ouille é lo poudzè

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Ita

L’aigle et le troglo

Voici l’histoire de l’étrange pari entre l’aigle et le troglo (*) : «Voyons-nous qui sait monter plus haut dans le ciel ? » lance le troglo. Sur le coup l’aigle ne prête même pas attention à ces mots mais pour finir, touché dans son orgueil, il accepte le défi. « Pauvre troglo – pense l’aigle – comment crois-tu l’emporter ? Tu es l’oiseau le plus petit et le plus frêle que le bon Dieu ait envoyé sur terre et moi je suis le seigneur des airs».
En songeant à cela, l’aigle déploie ses grandes ailes et se jette dans le vide. Une courte descente, et puis… en haut ! Soutenu et porté par l’air chaud qui l’après-midi remonte les pentes. Au fur et à mesure qu’il montait, les parois recouvertes de mélèzes et de sapins cédaient la place au gazon, aux rochers instables et, pour finir, aux neiges blanches des glaciers. Les maisons, au fond de la vallée, n’étaient plus que des petites taches grises, perdues dans le vert des prairies et l’argent du torrent.
Mais l’aigle n’en avait pas assez, il voulait bien lui faire voir au troglo… Et comme-ça, en traçant des grands cercles, il cherchait d’autres courants et montait encore. Des courants de plus en plus froids et raréfiés, difficiles a maîtriser ; des courants à retenir avec les ailes tendues pour ne pas en perdre un brin.
Maintenant, de là-haut, on ne voyait que l’azur du ciel, et le soleil n’était qu’une lueur blanche sans chaleur. Il était arrivé à la limite qu’il n’avait jamais dépassée, même pas quand, tout jeune, plein de force et de curiosité, avait défié le bon Dieu. Mais cette fois-ci son orgueil en demandait plus et ainsi, avec un ultime effort, l’aigle se jetta sur un autre courant, raréfié et glacial comme le vent de l’hiver… et il monta encore.
Tout autour ce n’était à présent que silence ; l’aigle entendait son cœur battre par l’effort et l’air était si éthéré qui s’échappait entre les plumes des ailes, tendues au maximum pour le retenir un peu plus : jamais il était monté si haut. « Qui sait si le troglo me voit encore de là-bas – songeait l’aigle, comblé de fierté – mais en ce moment, se retournant, ne lui semble-t-il pas d’entendre un tchépi ?
C’était le troglo : il s’était caché sous son aile et il y était resté tout ce temps. Le troglo était si petit que l’aigle ne s’était même pas aperçu de ce corps sans poids, et l’avait transporté jusque là. Maintenant, sous son regard incrédule, le troglo lui grimpait sur la croupe. Une fois atteint le dos, entre les deux grandes ailes de l’aigle, le troglo jette un regard autour de lui, fait un petit bond et : « J’ai gagné le pari – dit-il à l’aigle – maintenant, s’il te plaît, ramène-moi en bas, ici il fait si froid ».
Depuis ce jour-là, l’aigle a oublié son orgueil et le troglo, appelé aussi « oiseau des froidures », essaye de guérir son cœur glacé en partageant le nid avec ses semblables, pendant les longs mois d’hiver.

Introd - récit oral recueilli et adapté par Daniel Fusinaz

(*) Troglodyte mignon. Avec ses quelques 10g de poids, le troglo est le plus petit oiseau d’Europe après le roitelet. De caractère solitaire et indépendant, chaque mâle revendique son territoire. Curieusement, par les grands froids, cet instinct de solitude s'efface. Á ce moment, il cherche la compagnie de ses semblables pour passer la nuit ensemble dans un abri et se réchauffer ainsi les uns contre les autres.

Fra

L’aigle et le troglo

Voici l’histoire de l’étrange pari entre l’aigle et le troglo (*) : «Voyons-nous qui sait monter plus haut dans le ciel ? » lance le troglo. Sur le coup l’aigle ne prête même pas attention à ces mots mais pour finir, touché dans son orgueil, il accepte le défi. « Pauvre troglo – pense l’aigle – comment crois-tu l’emporter ? Tu es l’oiseau le plus petit et le plus frêle que le bon Dieu ait envoyé sur terre et moi je suis le seigneur des airs».
En songeant à cela, l’aigle déploie ses grandes ailes et se jette dans le vide. Une courte descente, et puis… en haut ! Soutenu et porté par l’air chaud qui l’après-midi remonte les pentes. Au fur et à mesure qu’il montait, les parois recouvertes de mélèzes et de sapins cédaient la place au gazon, aux rochers instables et, pour finir, aux neiges blanches des glaciers. Les maisons, au fond de la vallée, n’étaient plus que des petites taches grises, perdues dans le vert des prairies et l’argent du torrent.
Mais l’aigle n’en avait pas assez, il voulait bien lui faire voir au troglo… Et comme-ça, en traçant des grands cercles, il cherchait d’autres courants et montait encore. Des courants de plus en plus froids et raréfiés, difficiles a maîtriser ; des courants à retenir avec les ailes tendues pour ne pas en perdre un brin.
Maintenant, de là-haut, on ne voyait que l’azur du ciel, et le soleil n’était qu’une lueur blanche sans chaleur. Il était arrivé à la limite qu’il n’avait jamais dépassée, même pas quand, tout jeune, plein de force et de curiosité, avait défié le bon Dieu. Mais cette fois-ci son orgueil en demandait plus et ainsi, avec un ultime effort, l’aigle se jetta sur un autre courant, raréfié et glacial comme le vent de l’hiver… et il monta encore.
Tout autour ce n’était à présent que silence ; l’aigle entendait son cœur battre par l’effort et l’air était si éthéré qui s’échappait entre les plumes des ailes, tendues au maximum pour le retenir un peu plus : jamais il était monté si haut. « Qui sait si le troglo me voit encore de là-bas – songeait l’aigle, comblé de fierté – mais en ce moment, se retournant, ne lui semble-t-il pas d’entendre un tchépi ?
C’était le troglo : il s’était caché sous son aile et il y était resté tout ce temps. Le troglo était si petit que l’aigle ne s’était même pas aperçu de ce corps sans poids, et l’avait transporté jusque là. Maintenant, sous son regard incrédule, le troglo lui grimpait sur la croupe. Une fois atteint le dos, entre les deux grandes ailes de l’aigle, le troglo jette un regard autour de lui, fait un petit bond et : « J’ai gagné le pari – dit-il à l’aigle – maintenant, s’il te plaît, ramène-moi en bas, ici il fait si froid ».
Depuis ce jour-là, l’aigle a oublié son orgueil et le troglo, appelé aussi « oiseau des froidures », essaye de guérir son cœur glacé en partageant le nid avec ses semblables, pendant les longs mois d’hiver.

Introd - récit oral recueilli et adapté par Daniel Fusinaz

(*) Troglodyte mignon. Avec ses quelques 10g de poids, le troglo est le plus petit oiseau d’Europe après le roitelet. De caractère solitaire et indépendant, chaque mâle revendique son territoire. Curieusement, par les grands froids, cet instinct de solitude s'efface. Á ce moment, il cherche la compagnie de ses semblables pour passer la nuit ensemble dans un abri et se réchauffer ainsi les uns contre les autres.