Lo babao : de la pouî i djouà que apprèn a pomé aì pouî
Lo babao l’è eun « personadzo » eundefin-ì que épouvante le méinó. Son non tsandze selón le quemun-e : barbàn a Vérrèye é a Torgnón, berguèn a Cogne, babàn a La Sola, baraco a Veullanoua é eungn Euntroù, babaou a Bréissogne é begàn a Tsahiillón. Le grou nommoon lo babao can le méinó scappoon, ou bièn pe le decouradjé a chortì lo natte, ou pe le-z-oblidjé a midjé, etc.
Mi lo babao, comme d'otre personadzo que eun queurie pe fée pouî, de cou iagnè lo protagoniste di djouà que le méinó féijoon avouì le parèn. A Vérrèye, pe fée rie le méinó de 10-15 mèise, l'adulte catsoo son vezadzo atò eun leunché é dijè eun tsandzèn sa vouése : « barbàn, barbàn ! ». Aprì touhoo lo leunché pe se fée recougnihe. Lo djouà tsan-oo can lo pitchoù apprégnè a touhé llu mimo lo leunché que catsoo lo vezadzo di parèn.
Deun eungn otro djouà lo parèn passoo le man dézò le queverte ou dézò le-z-arbeillemèn di méinó é eun boudzèn le dai dijè: « lo bitchón, lo bitchón ! ». Eungn Euntroù, can le pitchoù vignoon gateillà di parèn, demandoon : « Pappa, t'i-heu tè que te me fé gateuille ? », é lo pappa repondjè : « Na, l’è lo baraco que t’accape ! ».
La pouî l’è a l’orijine di babao mi fou rappelé que heutta pouî l’è bièn particuilléa : l’è réella é l'è an conta eun mimo ten. Lo méinó, d’eun coutì, l'a pouî de hi personadzo, l'idó mima lo épouvante, mi so què étò que y è po de reusca se chou le riille que cougnì é se crè i parèn.
Texte écrit par Alexis Bétemps
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Le Babao : de la peur, au jeu qui apprend à ne plus avoir peur
Le babao est un croquemitaine indéfini qui terrorise les enfants. Son nom varie selon des communes : barbàn à Verrayes et Torgnon, berguèn à Cogne, babàn à La Salle, baraco à Villeneuve et à Introd, babaou à Brissogne, begàn à Châtillon. Cet être était évoqué par les adultes quand les enfants s'éloignaient de l'endroit où ils pouvaient être surveillés, pour les décourager de sortir la nuit, pour les obliger à manger, etc
Mais, comme faire peur, ce peut être aussi naturellement jouer à faire peur, le babao pouvait aussi être le protagoniste de jeux avec les parents, comme d'ailleurs d'autres croquemitaines. Voici, à ce propos, ce qu'on faisait à Verrayes pour faire rire les enfants d'environ 10-15 mois. L'adulte cachait sa figure avec un linge et disait : « barbàn, barbàn ! » en altérant quelque peu sa voix. Il ôtait ensuite le linge pour se faire reconnaître de l'enfant. Le jeu cessait lorsque le bébé apprenait à enlever lui même le linge couvrant le visage de l'adulte.
Un autre jeu consistait à passer la main sous la couverture du lit ou sous les vêtements de l'enfant, en remuant les doigts, on disait : « lo bétchòn, lo bétchòn ! » (la petite bête). A Introd, quand les parents chatouillaient affectueusement leurs enfants : « Pappa, ti-he té que te me fé lo gatteuille ? Na, l'é lo baraco que t’acappe ! » (Papa, est-ce toi qui me chatouille ? Non, c'est le baraco qui te saisit !).
La peur est un élément constitutif des croquemitaines, mais il faut souligner que cette peur est bien particulière : elle est réelle et hypothétique à la fois. L'enfant, d'un côté, est effrayé par l'évocation de l'être menaçant, mais il sait aussi qu'il ne court aucun danger s'il respecte les règles qu'il connaît et s'il obéit.
Alexis Bétemps
Le Babao : de la peur, au jeu qui apprend à ne plus avoir peur
Le babao est un croquemitaine indéfini qui terrorise les enfants. Son nom varie selon des communes : barbàn à Verrayes et Torgnon, berguèn à Cogne, babàn à La Salle, baraco à Villeneuve et à Introd, babaou à Brissogne, begàn à Châtillon. Cet être était évoqué par les adultes quand les enfants s'éloignaient de l'endroit où ils pouvaient être surveillés, pour les décourager de sortir la nuit, pour les obliger à manger, etc
Mais, comme faire peur, ce peut être aussi naturellement jouer à faire peur, le babao pouvait aussi être le protagoniste de jeux avec les parents, comme d'ailleurs d'autres croquemitaines. Voici, à ce propos, ce qu'on faisait à Verrayes pour faire rire les enfants d'environ 10-15 mois. L'adulte cachait sa figure avec un linge et disait : « barbàn, barbàn ! » en altérant quelque peu sa voix. Il ôtait ensuite le linge pour se faire reconnaître de l'enfant. Le jeu cessait lorsque le bébé apprenait à enlever lui même le linge couvrant le visage de l'adulte.
Un autre jeu consistait à passer la main sous la couverture du lit ou sous les vêtements de l'enfant, en remuant les doigts, on disait : « lo bétchòn, lo bétchòn ! » (la petite bête). A Introd, quand les parents chatouillaient affectueusement leurs enfants : « Pappa, ti-he té que te me fé lo gatteuille ? Na, l'é lo baraco que t’acappe ! » (Papa, est-ce toi qui me chatouille ? Non, c'est le baraco qui te saisit !).
La peur est un élément constitutif des croquemitaines, mais il faut souligner que cette peur est bien particulière : elle est réelle et hypothétique à la fois. L'enfant, d'un côté, est effrayé par l'évocation de l'être menaçant, mais il sait aussi qu'il ne court aucun danger s'il respecte les règles qu'il connaît et s'il obéit.
Alexis Bétemps