Lo Carnaval de la Comba Frèida
Deun la Comba Frèida l’è euncò bièn vif eun carnaval que l’è crèisù lo lon di sièclle é que mancthàn le trase di magnii de fée d’eun cou.
No sen que deun l’an 1464, l’Évèque de Veulla Mgr François de Prez s’è plégnù di-z-ommo mascró que, pe le ruye de Veulla, fèijòn le matte avouì de son-aillette (tintinabula vaccarum) quioizuye su le-z-arbiillemèn é atò de corne di djablo eun tiha.
Euncò pi tar deun lo ten n’en de documàn de l’éillize que reprodzon heutt’abetudde.
Mi, hen que no sen a propoù di Carnaval de la Comba Frèida l’è surtoù mersì a la tradichón orala é i retsertse que son reustéte féte grase a la memouii di-z-anchèn que no-z-èidzon a alé eun dirì deun lo ten canque i comenchemèn di veuntchimo sièclle.
Lo Carnaval comenche to de souitte aprì lo dzor di Rèi.
Tsaque quemun-a l’a sa « benda », son Carnaval, que semble a hi di-z-otre, belle eungn ayèn de pitchoude diféense deun le personadzo é deun la magnii de lo fée. Le joueur, que pouon anque po reusté mascró, ivron la « prosichón » di mascre. L’organeun é lo clarinette pouon po manqué. Dirì leur y è la « gueudda » avouì la bandjèira di Carnaval é eungn eunstrumàn a er. L’è llì que dirije lo défilé é rapelle l’odre i mascre. Aprì, dou a dou, cobléte selón la coleur di costume, le « landzette » que avanchon eun danchèn, avouì le bré eun l’er é eun féyèn vèrié la cua. L’an de-z-arbeillemèn coloró, plen de mérioi é de paillette. L’an eun casque garnì atò de fleue de papì coloró é de paillette quioizuye, bettó su la tiha selón sa londjoi. L’an an grousa senteua garniya atò de « gorgoillón » que sopaton to lo lon di tsemeun. Le « landzette » de Doue é d’Allèn se recougnison di-z-otre perquè leur costume son rodzo é beutton lo casque di trai, a la magnii de Napoléón que, selón an serten-a tradichón, sarie a l’orijine di costume de hi Carnaval. Deun la gran partiya di « bende », dirì la gueudda, lèi son le demouazelle é le-z-« Arléqueun ». Son de mascre jantile que, d’abetudde, fan po de squerse. Dirì le mascre lèi son lo « toc » é la « tocca », lo toquè é la toquetta, mascró da vioù, que queutton po de s’astegué, borgno de jalouzì a coza di-z-« attenchón » que l’an eunver lo pebleuque.
Dirì leur y è l’ourse, la biche que fa pensé a l’ifouryì é a la fertilitó, tchan-ù apiillà p’an corda da hi que lo donte. Aprì chouon euncò de-z-otre personadzo, que l’è po obligatouéo que lèi suchan, comme lo medeheun é se-z-asistèn é lo djablo atò sa tren.
Lo Carnaval de la Comba Frèida l’è an fiha féte di dzi é pe le dzi di poste. Lèi son po ni de-z-atteur, ni de spéttateur. Tcheu hisse di veladzo fan coutsouza, di mouente que l’achan po eun deuille ou eun maladdo eun fameuille. Le dzi atègnon la « benda » devàn leur mèizón é lèi apreuston da bèe é da midjé.
Entró a bon drouè deun l’istouére, lo Carnaval s’évoluye eunsemblo a la sosiétó che lo fa.
Le costume son fa mioù é son pi garnì reuspè a hisse d’eun cou, lo parcour l’è todzor pi lon perquè le mèizón noue son reustéte batiye tchicca foua di veulladzo é pomì tan protso eunna de l’otra. D’abetudde eun resèi pomì la « benda » deun le micho é su le toble y è tot a sor de bague a midjé é a bèe. Le squerse son pomì si grouchì é le mascre son pomì oblidjéte de po se fée recougnihe. Heutta manifestachón, penséte surtoù comme an fiha pe le-z-ommo é le-z-adulte, da an trenten-a d’an l’è iverta euncò i fenne é i mèinoù.
Teste écrì pe Alexis Bétemps
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Le Carnaval de la Combe-Froide
Dans la Combe-Froide, est encore bien vivant, un carnaval, mûri à travers les siècles, qui conserve les traces de rituels anciens.
Nous savons qu’en 1464 l’évêque d’Aoste Mgr François de Prez se plaint des hommes masqués, sévissant dans les rues de la cité, portant sur leurs vêtements des clochettes (tintinnabula vaccarum) et des cornes diaboliques sur leurs têtes. Quelques attestations successives nous viennent aussi de documents ecclésiastiques, généralement de blâme.
Mais l’histoire du Carnaval de la « Comba Frèide » est essentiellement orale et les enquêtes accomplies nous permettent de remonter, par les souvenirs des hommes, jusqu’au début du vingtième siècle.
Le Carnaval commence à l’Epiphanie, « apréi lé Rèi ».
Chaque commune a sa propre « benda », son propre carnaval, qui ressemble à celui des autres tout en étant cependant légèrement différent dans ses personnages et dans son déroulement. Le défilé est ouvert par les joueurs, qui peuvent aussi ne pas être masqués. L’accordéon et la clarinette sont de rigueur. Derrière les joueurs, il y a « la gueudda », le guide avec le drapeau du Carnaval et un instrument à vent. C’est lui qui dirige le cortège et rappelle à l’ordre les masques. Puis, deux par deux, par couples de couleur, les « landzette » avancent en dansant, le bras tendu en l’air et en tournant la queue. Elles portent des redingotes colorées enrichies de miroirs et de paillettes. Elles ont un casque garni de fleurs en papier coloré et de paillettes cousues, porté dans le sens de la longueur. A la taille, elles ont un gros ceinturon (tèissonnéye) orné de grelots (gorgoillòn) qu’elles secouent tout le long du trajet. Les « landzette » de Doues et d’Allein se distinguent des autres parce qu’elles sont toutes rouges et portent le casque de travers, à la manière de Napoléon, à qui, une certaine tradition fait remonter l’origine du Carnaval. Dans la plupart des « bende », derrière le guide, marchent les « demouazelle » et les « arlequeun ». Ce sont des masques gentils qui habituellement ne participent pas aux plaisanteries. Terminant le cortège, arrivent le « toc » et la « tocca », le toqué et la toquée, déguisés en personnes âgées qui se disputent sans interruption, dévorés par une jalousie justifiée par leur attitude à l’égard du public. Toujours derrière, nous avons l’ours, animal symbolisant le printemps et la fertilité, et son dompteur qui le tient en laisse. Derrière suivent d’autres personnages encore dont la présence n’est pas rigoureusement requise, tels que le médecin avec ses assistants et le diable avec sa fourche.
Le Carnaval de la Combe Froide est une fête interne, dans le sens qu’elle est organisée par et pour les gens de l’endroit. C’est une fête globale parce qu’elle concerne toute la communauté. Il n’y a pas d'acteurs et de spectateurs. Tous les gens du village doivent jouer leur rôle durant le carnaval, à moins qu’ils ne soient en deuil ou qu’il y ait dans la famille un malade grave. Les gens attendent la « benda » devant leur maison et ont préparé à boire et à manger.
Inséré dans l’histoire, le Carnaval évolue comme la société qui le célèbre. Les costumes sont mieux garnis et soignés, le parcours devient de plus en plus longs parce que les maisons neuves sont bâties à l’orée du village et éloignées les unes des autres, l’accueil de la « benda » ne se fait presque plus à l’intérieur des maison, l’offre alimentaire est riche et varié, les plaisanteries se sont adoucies et l’anonymat n’est plus tellement de rigueur. Manifestation éminemment masculine et pour adultes, le Carnaval s’est ouvert depuis une trentaine d’années aux femmes et aux enfants.
Texte écrit par Alexis Bétemps
Le Carnaval de la Combe-Froide
Dans la Combe-Froide, est encore bien vivant, un carnaval, mûri à travers les siècles, qui conserve les traces de rituels anciens.
Nous savons qu’en 1464 l’évêque d’Aoste Mgr François de Prez se plaint des hommes masqués, sévissant dans les rues de la cité, portant sur leurs vêtements des clochettes (tintinnabula vaccarum) et des cornes diaboliques sur leurs têtes. Quelques attestations successives nous viennent aussi de documents ecclésiastiques, généralement de blâme.
Mais l’histoire du Carnaval de la « Comba Frèide » est essentiellement orale et les enquêtes accomplies nous permettent de remonter, par les souvenirs des hommes, jusqu’au début du vingtième siècle.
Le Carnaval commence à l’Epiphanie, « apréi lé Rèi ».
Chaque commune a sa propre « benda », son propre carnaval, qui ressemble à celui des autres tout en étant cependant légèrement différent dans ses personnages et dans son déroulement. Le défilé est ouvert par les joueurs, qui peuvent aussi ne pas être masqués. L’accordéon et la clarinette sont de rigueur. Derrière les joueurs, il y a « la gueudda », le guide avec le drapeau du Carnaval et un instrument à vent. C’est lui qui dirige le cortège et rappelle à l’ordre les masques. Puis, deux par deux, par couples de couleur, les « landzette » avancent en dansant, le bras tendu en l’air et en tournant la queue. Elles portent des redingotes colorées enrichies de miroirs et de paillettes. Elles ont un casque garni de fleurs en papier coloré et de paillettes cousues, porté dans le sens de la longueur. A la taille, elles ont un gros ceinturon (tèissonnéye) orné de grelots (gorgoillòn) qu’elles secouent tout le long du trajet. Les « landzette » de Doues et d’Allein se distinguent des autres parce qu’elles sont toutes rouges et portent le casque de travers, à la manière de Napoléon, à qui, une certaine tradition fait remonter l’origine du Carnaval. Dans la plupart des « bende », derrière le guide, marchent les « demouazelle » et les « arlequeun ». Ce sont des masques gentils qui habituellement ne participent pas aux plaisanteries. Terminant le cortège, arrivent le « toc » et la « tocca », le toqué et la toquée, déguisés en personnes âgées qui se disputent sans interruption, dévorés par une jalousie justifiée par leur attitude à l’égard du public. Toujours derrière, nous avons l’ours, animal symbolisant le printemps et la fertilité, et son dompteur qui le tient en laisse. Derrière suivent d’autres personnages encore dont la présence n’est pas rigoureusement requise, tels que le médecin avec ses assistants et le diable avec sa fourche.
Le Carnaval de la Combe Froide est une fête interne, dans le sens qu’elle est organisée par et pour les gens de l’endroit. C’est une fête globale parce qu’elle concerne toute la communauté. Il n’y a pas d'acteurs et de spectateurs. Tous les gens du village doivent jouer leur rôle durant le carnaval, à moins qu’ils ne soient en deuil ou qu’il y ait dans la famille un malade grave. Les gens attendent la « benda » devant leur maison et ont préparé à boire et à manger.
Inséré dans l’histoire, le Carnaval évolue comme la société qui le célèbre. Les costumes sont mieux garnis et soignés, le parcours devient de plus en plus longs parce que les maisons neuves sont bâties à l’orée du village et éloignées les unes des autres, l’accueil de la « benda » ne se fait presque plus à l’intérieur des maison, l’offre alimentaire est riche et varié, les plaisanteries se sont adoucies et l’anonymat n’est plus tellement de rigueur. Manifestation éminemment masculine et pour adultes, le Carnaval s’est ouvert depuis une trentaine d’années aux femmes et aux enfants.
Texte écrit par Alexis Bétemps