L'oradzo
Can, de tsotèn, halle grouse gnoule nèe, tchardjéye, s’aprotson…
Eun silanse irréel t’eunvertoille : te lo sen, l’è pertò… t’aétse su, é lo lloueudzo te surprèn, é anonche lo toun-o, que manque po d’aréé atò son crazèrio que te fa reblèitì, é que fa croulé le vèiro, djapé le tseun é ploé le mèinoù. « L’è lo parèn di tchévre que robatte le tsoidî » !
Lo lloueudzo se fa parafoudra, veun bidjoun-é la tèra, é léche sa marca pertò ioi se pouze. An chouha ! Fou pensé de tchertché to de souite an chouha, micque le premî grouse gotte de plodze comenchon a bèiché. To veun teuppe, l’er l’è tchardjà d’énerjiya é, devàn que te t’apesisèye, la ramó l’è dza lé : tsoda, pouissanta, vivifianta.
Dedeun lo vacarmo di toun-o que redobblon, l’ouvra s’eunmelle a son tor. É tè te reuste lé, euntsantó, a aitché la pouissanse de la nateua que l’a baillà cappa : le brantse di-z-abro que blèyon dézò l’oradzo, le dihî que voyadzon, é la plodze que rebotse le meur. L’ée de meulle dar euntricaye le tsin-ó, soite bo di tè é ruyatte...
Véo de ten l’è pasó ? Gneun sareu lo dî, mi to hen â s’en vatte, bo pe lo fon de la Valoda, acouiillà di dérì bran d’èa que fèiblì. T’o l’è silanse, tourne la hllartó é eun rayòn de solèi fa briillé le dérì pitchoude gotte de plodze que queutton de tsire. Que dzen hi cou reprende ton tsemeun de campagne, sentì lo bon flo de la tèra é di fen blette, que poyon…
É tè, comme can t’î mèinoù, te t’eunvian-e eun soitaillèn pe le goille é eun pistèn lo patchocque...
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L'orage
Quand, l’été, ces grands nuages noirs, chargés d’eau, s’approchent…
Un silence irréel t’enveloppe : tu le ressens, tu le sens, il est partout… Tu regardes en haut, et l’éclair te surprend : il annonce le tonnerre, qui ne manque pas d’arriver avec son vacarme qui te fait sursauter, et qui fait trembler les vitres, aboyer les chiens et pleurer les enfants. « C’est le parent des chèvres1 qui fait dévaler les chaudrons » !
L’éclair se fait foudre, vient frapper la terre, et laisse sa trace partout où il se pose. Un abri ! Il faut chercher tout de suite un abri, pendant que les premières grosses gouttes de pluie commencent à tomber.
Tout devient sombre, l’air est chargé d’énergie et, avant même que tu t’en aperçoives, l’averse est déjà là : chaude, puissante, vivifiante. Dans le vacarme des tonnerres qui redoublent, le vent s’invite à son tour. Et toi tu restes là, envoûté par la puissance de la nature qui se déchaîne : les branches des arbres plient sous l’orage, « le dihî voyadzon2», et la pluie de travers trempe les murs. L’eau de mille cataractes passe par dessus les gouttières, ruisselle et sillonne les chemins en terre battue…
Combien de temps s’est-il écoulé ? Nul ne saurait le dire, mais tout ça maintenant s’en va, là-bas vers l’orée de la Vallée, chassé par les derniers souffles du vent qui s’affaiblissent. Tout n’est que silence, la lumière revient et un rayon de soleil fait briller les dernières petites gouttelettes de pluie qui s’arrêtent bientôt de tomber. Ô que c’est beau, à présent, de reprendre ton chemin de campagne, sentir le parfum de la terre et du foin mouillé, qui montent…
Et toi, comme quand tu étais encore gamin, tu reprends la route sautillant dans les flaques et t’éclaboussant de boue...
* Le diable
** Dihî : filets d’eau de pluie qui tombent d’un toit sans gouttières ou des gouttières si le tuyau vertical ne réussit pas a évacuer toute l’eau °Le dihî voyadzòn: il pleut fort; l’eau coule en filets (des toits)
L'orage
Quand, l’été, ces grands nuages noirs, chargés d’eau, s’approchent…
Un silence irréel t’enveloppe : tu le ressens, tu le sens, il est partout… Tu regardes en haut, et l’éclair te surprend : il annonce le tonnerre, qui ne manque pas d’arriver avec son vacarme qui te fait sursauter, et qui fait trembler les vitres, aboyer les chiens et pleurer les enfants. « C’est le parent des chèvres* qui fait dévaler les chaudrons » !
L’éclair se fait foudre, vient frapper la terre, et laisse sa trace partout où il se pose. Un abri ! Il faut chercher tout de suite un abri, pendant que les premières grosses gouttes de pluie commencent à tomber.
Tout devient sombre, l’air est chargé d’énergie et, avant même que tu t’en aperçoives, l’averse est déjà là : chaude, puissante, vivifiante. Dans le vacarme des tonnerres qui redoublent, le vent s’invite à son tour. Et toi tu restes là, envoûté par la puissance de la nature qui se déchaîne : les branches des arbres plient sous l’orage, « le dihî voyadzon**», et la pluie de travers trempe les murs. L’eau de mille cataractes passe par dessus les gouttières, ruisselle et sillonne les chemins en terre battue…
Combien de temps s’est-il écoulé ? Nul ne saurait le dire, mais tout ça maintenant s’en va, là-bas vers l’orée de la Vallée, chassé par les derniers souffles du vent qui s’affaiblissent. Tout n’est que silence, la lumière revient et un rayon de soleil fait briller les dernières petites gouttelettes de pluie qui s’arrêtent bientôt de tomber. Ô que c’est beau, à présent, de reprendre ton chemin de campagne, sentir le parfum de la terre et du foin mouillé, qui montent…
Et toi, comme quand tu étais encore gamin, tu reprends la route sautillant dans les flaques et t’éclaboussant de boue...
* Le diable
** Dihî : filets d’eau de pluie qui tombent d’un toit sans gouttières ou des gouttières si le tuyau vertical ne réussit pas a évacuer toute l’eau °Le dihî voyadzòn: il pleut fort; l’eau coule en filets (des toits)