Le patois avait été, pendant très longtemps, la principale et presque seule et unique langue de communication entre les gens des villages qui constituaient la grande majorité de la population valdôtaine. À présent, il risque de perdre ses caractéristiques, voire même de disparaître, en raison des transformations économiques, sociales, politiques et culturelles qui ont entraîné son recul et son émargination en faveur de l'italien, du français et d'autres langues aussi.
Afin de le sauvegarder, il est important de maintenir et d'augmenter le nombre de ses locuteurs, mais aussi d'en conserver les traits fondamentaux ainsi que la pureté qui sont menacés par les interférences de l'italien, par l'emprunt fréquent et acritique de mots issus de cette langue et aussi par la difficulté d'adapter le patois aux nouvelles exigences de communication.
Le patois est l'expression de valeurs linguistiques et culturelles irremplaçables; il mérite donc d'être sauvegarder dans ses spécificités formelles et sémantiques. Compte tenu du fait que les interférences et les contaminations sont généralement inversement proportionnelles à la maîtrise de la langue et au souci d'en sauvegarder la pureté, on doit trouver des solutions qui comblent le vide dû au manque de terminologie et, en même temps, se poser le problème de ce qu'il est possible de faire pour lutter contre les contaminations qui viennent de l'extérieur.
La pratique quotidienne du patois nous met face à tous ces exemples de contamination qui posent des questions.
- Est-il possible de parler un bon patois ?
- Peut-on encore sauver la richesse, parfois surprenante, d'un vocabulaire lié au monde rural ou bien devons-nous nous résigner à la perte d'un patrimoine linguistique parce qu'il ne correspond plus à la réalité ?
- Peut-on envisager des moyens (académie, œuvre d'éducation, recours aux médias...) grâce auxquels donner des indications pour un emploi de la langue plus correct et moins dénaturant ?
- Quelle attitude adopter face à la modernisation du patois : condamnation ou tolérance ?
- Devons-nous simplement nous réjouir du fait que le patois, chez nous, conserve encore une vitalité ailleurs perdue, ou bien nous placer de façon critique face aux déformations d'ordre lexical, phonétique, morphologique et syntaxique ?
- Est-il encore possible de conjuguer les exigences de praticité et d'usage courant avec le souci et le respect de la forme ?
Nous croyons fermement en la nécessité que le patois puisse survivre et continuer à représenter un des aspects les plus importants du particularisme valdôtain : de là l'exigence d'un parler actuel, répondant aux multiples besoins de la société contemporaine, mais aussi d'un parler qui ne perde pas son identité et qui ne se noie pas dans le marécage des expressions prêtées par d'autres langues.
Que faire alors ?