L’ors é lo piquiot berdjé
Int’inna mizón izolaye contre lo bohc vivuvve eun ommo vièi avó lo seun névout.
Tenuvon eunna troppa dé fèye qué lo névout ménava lardjì nt’ou ferlé perquè l’erba dou pra dévou ése tayà per mantegnì lé vatche.
Int’ou ferlé, lloèn dé la mizón, y ére eunna tcharbonére avó i mentèn eun pos alimentà pè na rouza d’éva qué arivave dou grou valèi.
Queu lé djor, douvàn qué torné alé deunta a stabiou, lo minà sé fermave lai per conté lé fèye tan qué béyivoun.
Eun djor qu’i ére lai, entramèn qué lé béhque bèyivoun, eun grou ors y et arivà éque - « Lo ferlé y è minna propriétà é lé tinne béhque y an pa ren a fare sé int’ou men ! », y a deut in fijèn sembiàn da tchapé lé fèye.
Lo berdjé y a pria-lo : « Djo té préo, gneun mindjì lé minne béhque… mén gro é djo n’en moque sén éque per vive.
L’ors y a tira-se dret int’i dovve tchambe daré é y a deut : « Vouèi donné-te eunna possibilità ; sé té t’i bon d’andévinì lo mén adjo, djo mindjéró pa lé tinne fèye !… Domàn veugno tourna sé a la méma oura.
Aloura lo feuil in prisa y é entrà a lo stabiou é y a contà l’estoria ou sén gro.
Lo vièi y a pensà eun bé moumèn, douvàn qué deurre : « Pren-té pa dé fastude, mén piquiot, lo eunganèn… Y è pa da deurre qué eun ors vièi sièye pieu gramo qué eun ommo vièi ! Apré midjor té vat lardjì comme dé costuma lé tinne béhque int’ou ferlé. Entramèn qué té lardje, té queui lé pégne qué té trouve per terra é té taye lé péquioù ramé dé verne qué té troue int’ou post ».
Lo piquiot berdjé y a fét comme y a deut lo sén nonou.
Can lo solèi sé nen vat, apré avé beuttà lé fèye deunta lo stabiou, y è tornà int’ou ferlé é y a cuyet totte lé ramé qué y a trouà é y a fét dé manì, qué y a poue tot tacà tra na pianta é l’atra é aprì y a atendù, catchà deunta euna barma.
Can qué y a lèva-se la leunna, l’ors y a fé-se vère. Y a sta-ie sorprendù da vère si branc pendù… Y a lèva-se é y a béta-se a dansé en rognèn : « Vèrou dé pégne ! Vèrou dé foye ! N’i mai vu, malgré mé sent an, tenta bague paré ! ».
Can la leunna y a catcha-se, lou berdjé, qui avuve to ben sentù, y a quittà la barma é è tournà a sinna mizón.
L’indoumàn y et alà mèné bére lé sinne fèye. Vito l’ors y è venì en sé balansèn. Y a lèva-se én seumma si lé sinne dovve tchambe douàn é y a mandà : « Té sa dere-mè vèro an d’èi ? ».
« T’at sent an - y a réspondì lou feuil - é y a arivà lo moumèn qué té té n’alèye ! ». Dé la rabbia l’ors y a mordu-se eunna patta é y è rétira-se ou fon dou bohc pè pamé torné-sé-nèn.
Tiré de : Alexis Bétemps, Lidia Philippot, Merveilles dans la vallée - Le Val d’Aoste conté - Collection Le miel des contes, Imprimerie Slatkine, Genève 2006.
Détsardjì lo teste
L'ours et le petit berger
Dans une petite maison isolée près du bois vivaient un vieil homme et son petit-fils. Ils gardaient un troupeau de moutons dont certains étaient blancs et d’autres noirs.
L’enfant menait les moutons paître dans le bois. Caressant le plus câlin il dit :« Je sais que vous aimeriez manger le frais herbage de la prairie, mais elle devra être fauché et entassé dans le fenil pour vous nourrir pendant l'hiver ».
Dans le bois, non loin de la maison, il y avait un pré avec un petit étang au milieu. Le petit berger s'arrêtait là tous les jours avant de rentrer et : « …dix-huit,… trente-quatre…, cinquante ». Il comptait ses moutons pendant qu'ils s'abreuvaient.
Un jour, alors qu'il était là, il a vu arriver un grand ours: « Le bois est mon domaine et tes bêtes n'ont rien à faire ici ! » dit l’ours en faisant mine d’attaquer les moutons.
Le berger donc le supplia : « Je t'en prie, épargne mon troupeau ! Mon grand-père et moi, nous n'avons que cela pour vivre ».
L'ours alors se dressa sur ses pattes de derrière et dit: « Je veux bien te donner une chance. Si tu devines mon âge, j'épargnerai tes moutons. Tu peux y penser jusqu'à demain, je reviendrai ici à la même heure ».
Le berger affolé rentra aussitôt, et il raconta son aventure à son grand-père. L'aïeul réfléchit un instant, avant de dire : « Ne t'en fais pas, mon petit, nous l'aurons ! D'ailleurs, il n'est pas dit que gros ours soit plus malin que vieil homme... Cet après-midi tu vas, comme d'habitude, faire paître le troupeau dans le bois ; entre temps, tu ramasseras toute les pommes de pin que tu verras et tu couperas des branchettes feuillues à tous les aulnes que tu trouveras ».
Le petit berger fit comme avait dit son grand-père, il ramassa des quantités de pommes de pin et de branchettes feuillues qu'il amoncela au bord de la mare et au coucher du soleil, il les attacha à des ficelles qu'il tendit d'un arbre à l'autre, autour de la clairière. Après tout ce travail, il pensa : « Maintenant il ne me reste rien d’autre à faire que de me cacher derrière un buisson et attendre ».
Quand la lune se leva, l'ours apparut. Surpris, il se dressa sur ses pattes de derrière et resta bouche bée : « Que de boboroille... Que de foforoille... Malgré mes cent ans, je n’en ai jamais vu autant ! ».
Quand la lune se coucha, le berger, qui avait bien entendu, quitta sa cachette et revint chez lui tout content : « Ah aaah, mon grand-père a vraiment eu une grandiose idée ! ».
Le lendemain, il alla à la clairière abreuver ses moutons. Aussitôt, l'ours arriva en se dandinant. Il se leva sur ses pattes de derrière et demanda: « Alors, sais-tu me dire quel est mon âge? ».
« Tu as cent ans, lui répondit le garçon, et il est temps que tu t'en ailles! ».
De rage l'ours se mordit une patte et s'enfuit au fond du bois d'où il ne revint jamais plus.
Tiré de : Alexis Bétemps et Lidia Philippot, Merveilles dans la vallée - Le Val d’Aoste conté - Collection «Le miel des contes», Imprimerie Slatkine, Genève 2006
L'ours et le petit berger
Dans une petite maison isolée près du bois vivaient un vieil homme et son petit-fils. Ils gardaient un troupeau de moutons dont certains étaient blancs et d’autres noirs.
L’enfant menait les moutons paître dans le bois. Caressant le plus câlin il dit :« Je sais que vous aimeriez manger le frais herbage de la prairie, mais elle devra être fauché et entassé dans le fenil pour vous nourrir pendant l'hiver ».
Dans le bois, non loin de la maison, il y avait un pré avec un petit étang au milieu. Le petit berger s'arrêtait là tous les jours avant de rentrer et : « …dix-huit,… trente-quatre…, cinquante ». Il comptait ses moutons pendant qu'ils s'abreuvaient.
Un jour, alors qu'il était là, il a vu arriver un grand ours: « Le bois est mon domaine et tes bêtes n'ont rien à faire ici ! » dit l’ours en faisant mine d’attaquer les moutons.
Le berger donc le supplia : « Je t'en prie, épargne mon troupeau ! Mon grand-père et moi, nous n'avons que cela pour vivre ».
L'ours alors se dressa sur ses pattes de derrière et dit: « Je veux bien te donner une chance. Si tu devines mon âge, j'épargnerai tes moutons. Tu peux y penser jusqu'à demain, je reviendrai ici à la même heure ».
Le berger affolé rentra aussitôt, et il raconta son aventure à son grand-père. L'aïeul réfléchit un instant, avant de dire : « Ne t'en fais pas, mon petit, nous l'aurons ! D'ailleurs, il n'est pas dit que gros ours soit plus malin que vieil homme... Cet après-midi tu vas, comme d'habitude, faire paître le troupeau dans le bois ; entre temps, tu ramasseras toute les pommes de pin que tu verras et tu couperas des branchettes feuillues à tous les aulnes que tu trouveras ».
Le petit berger fit comme avait dit son grand-père, il ramassa des quantités de pommes de pin et de branchettes feuillues qu'il amoncela au bord de la mare et au coucher du soleil, il les attacha à des ficelles qu'il tendit d'un arbre à l'autre, autour de la clairière. Après tout ce travail, il pensa : « Maintenant il ne me reste rien d’autre à faire que de me cacher derrière un buisson et attendre ».
Quand la lune se leva, l'ours apparut. Surpris, il se dressa sur ses pattes de derrière et resta bouche bée : « Que de boboroille... Que de foforoille... Malgré mes cent ans, je n’en ai jamais vu autant ! ».
Quand la lune se coucha, le berger, qui avait bien entendu, quitta sa cachette et revint chez lui tout content : « Ah aaah, mon grand-père a vraiment eu une grandiose idée ! ».
Le lendemain, il alla à la clairière abreuver ses moutons. Aussitôt, l'ours arriva en se dandinant. Il se leva sur ses pattes de derrière et demanda: « Alors, sais-tu me dire quel est mon âge? ».
« Tu as cent ans, lui répondit le garçon, et il est temps que tu t'en ailles! ».
De rage l'ours se mordit une patte et s'enfuit au fond du bois d'où il ne revint jamais plus.
Tiré de : Alexis Bétemps et Lidia Philippot, Merveilles dans la vallée - Le Val d’Aoste conté - Collection «Le miel des contes», Imprimerie Slatkine, Genève 2006