La tsalî
Lo mariadzo d’eun vèvo u d’an vèva l’î vécù di dzoun-io comme an baga contréa a l’équilibro naturel dedeun lo veladzo. Seurtoù can lo vèvo u la vèva marioon coutcheun pi dzoun-io ! Adòn lo vèvo u la vèva se betô eun compétichòn avouì la jenesse que l’î la dépozitéa naturella di drouè a la procréachòn. É heutta compétichòn l’î euncó mouèn djeusta can lo vèvo u la vèva l’ion reutso, baga frécanta pèquè la couheumma lo bièn di dzi d’eun sertèn éyadzo – mersì a leur traille u i-z-éetadzo resù - l’î pi grou que hi di dzoun-io. Son donque le dzoun-io po marió, eun particulié le garsòn, que soun-on la tsalî. Dedeun nouhe pitchoù veladzo l’è defesilo po fée saì can doo dzi se prèdzon é l’oulon se marié... Coutche cou le dzoun-io, eun vignèn a saì de la baga, tsertsoon de lèi fée tchandjé idó. Mi l’î bièn defesilo que suchon aréo-lèi : l’è po comoddo fée tchandjé idó a doo dzi que l’oulon se marié ! Le dzoun-io adòn vèilloon le fianchà é desidoon d’alé soun-é an premî tsalî. Se pasoon lo mo é lo dzor desidó, de natte, se trouoon protso di micho avouì le machèn le pi drolo, pe beté eun pià an sorta de fanfara « trambeluya ». Le fianchà pochòn réajì de diféente magnì. Eun jénéral fèijòn semblàn de ren é léchoon fée. La tsalî pochè duré totta la nâ é contenié pe sacante dzor. Le fianchà lo sayòn stra bièn é la couheumma, a la londze, l’ion coudzù de martchandé avouì le dzoun-io. A hi poueun eun reprezentàn di dzoun-io demandô i vèvo u a la vèva eun baró de veun (an heuncanten-a de litre) ou an tseuffra apeprè équivalanta de sou. Hen lé eun paimèn di damadzo resè de la jenesse. Mimo se l’ayòn euntenchòn de payé, l’è defesilo que lo vèvo u la vèva l’achon asètó to de suite. L’î an sorta de djouà de role ioi que tsaqueun resitô son personadzo. Eun ca de refù la tsalî contenuô, canque can eunna di doo partiye sèdô. La tsalî pouchè comenché can le dzi l’ion fianchéye, u mimo devàn, é contenié canque aprì lo mariadzo. Lo refù de payé l’î considéró, a selòn di cas, an demouhachòn de fermetó, d’orgueuille u d’avarise. Coutche cou le fianchà querioon feunque le carabignì. Dedeun hise cas, le-z-istorièn prèdzon soèn de prèizòn. La motivachòn ofisiella, la couheumma, l’è lo tapadzo fa de la clicca di dzoun-io a traé de la nâ mi l’è molèn po lèi vire étò an miya d’euntoléranse de la justise ofisiella eunver hise dzoun-io que prétegnoon de fée valèi an justise paralèla. Le dérî tsalî l’an perdù boun-a partiya de leur sanse profòn é son vécuye di-z-époi avouì bièn de «complaisance» é di dzoun-io comme eungn’ocajòn de pi pe fée fiha.
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Le charivari
Le charivari
Le mariage d’un veuf ou d’une veuve était vécu, par la jeunesse, comme un acte contraire à l’équilibre interne de la communauté. Surtout quand les veufs ou les veuves épousaient quelqu’un de plus jeune, se mettant ainsi en concurrence avec la jeunesse, dépositaire naturelle du droit à la procréation. Et cette concurrence était particulièrement déloyale quand le veuf ou la veuve étaient riches, chose fréquente, puisque, par héritage ou par le travail accompli, la fortune des personnes âgées était généralement plus consistante que celle des jeunes.
Ce sont les jeunes célibataires qui se chargent du charivari, les hommes principalement.
Dans nos petites communautés, les intentions de mariage sont difficiles à cacher… Informés des projets du couple contesté, les jeunes le préviennent parfois pour le dissuader. Mais cette initiative aboutit très rarement : il est difficile de dissuader ceux qui veulent se marier ! Les jeunes sont alors aux aguets quand les fiancés se rencontrent, la plupart des fois en grand secret, et décident d’un premier charivari. Ils se passe le mot et, le jour dit, la nuit, ils se retrouvent non loin de l’habitation du couple, munis des instruments les plus disparates pour former un orchestre grotesque.
Le couple visé peut réagir de différentes façons. En général, il oppose une résistance passive, faisant semblant d’ignorer le concert. Le charivari peut durer la nuit entière et continuer pendant plusieurs jours. Chose que les victimes savent très bien. Pour en finir, généralement, la ténacité des jeunes oblige le couple à ouvrir les pourparlers. Quand le veuf ou la veuve acceptent finalement de dialoguer avec les jeunes, un porte-parole demande un baril de vin, une cinquantaine de litres, ou la somme correspondante en argent. Ceci en guise de dédommagement du tort subi par la jeunesse. Le veuf ou la veuve rarement acceptent tout de suite, même s’ils ont l’intention de payer. C’est une sorte de jeu de rôle où chacun joue son personnage. En cas de refus, le charivari continue jusqu’à la capitulation de l’une des deux parties. Le charivari peut commencer pendant les fiançailles, voire même les fréquentations, et poursuivre jusqu’après le mariage. Le refus de payer était, suivant les cas, une démonstration de caractère, d’orgueil ou d’avarice. Parfois les victimes invoquaient la loi et demandaient l’intervention des gendarmes. Les historiens parlent souvent de prison. La motivation officielle de l’emprisonnement est généralement le tapage nocturne causé par le groupe des jeunes, mais il est difficile de ne pas penser qu’il y ait aussi un brin d’intolérance de la justice officielle à l’égard de ces jeunes qui prétendent exercer une justice parallèle.
Les derniers charivaris ont souvent perdu leur sens profond et sont vécus par les victimes avec beaucoup de complaisance et par les bandes de jeunes comme une occasion supplémentaire pour faire la fête.
Texte écrit par Alexis Bétemps
Le charivari
Le charivari
Le mariage d’un veuf ou d’une veuve était vécu, par la jeunesse, comme un acte contraire à l’équilibre interne de la communauté. Surtout quand les veufs ou les veuves épousaient quelqu’un de plus jeune, se mettant ainsi en concurrence avec la jeunesse, dépositaire naturelle du droit à la procréation. Et cette concurrence était particulièrement déloyale quand le veuf ou la veuve étaient riches, chose fréquente, puisque, par héritage ou par le travail accompli, la fortune des personnes âgées était généralement plus consistante que celle des jeunes.
Ce sont les jeunes célibataires qui se chargent du charivari, les hommes principalement.
Dans nos petites communautés, les intentions de mariage sont difficiles à cacher… Informés des projets du couple contesté, les jeunes le préviennent parfois pour le dissuader. Mais cette initiative aboutit très rarement : il est difficile de dissuader ceux qui veulent se marier ! Les jeunes sont alors aux aguets quand les fiancés se rencontrent, la plupart des fois en grand secret, et décident d’un premier charivari. Ils se passe le mot et, le jour dit, la nuit, ils se retrouvent non loin de l’habitation du couple, munis des instruments les plus disparates pour former un orchestre grotesque.
Le couple visé peut réagir de différentes façons. En général, il oppose une résistance passive, faisant semblant d’ignorer le concert. Le charivari peut durer la nuit entière et continuer pendant plusieurs jours. Chose que les victimes savent très bien. Pour en finir, généralement, la ténacité des jeunes oblige le couple à ouvrir les pourparlers. Quand le veuf ou la veuve acceptent finalement de dialoguer avec les jeunes, un porte-parole demande un baril de vin, une cinquantaine de litres, ou la somme correspondante en argent. Ceci en guise de dédommagement du tort subi par la jeunesse. Le veuf ou la veuve rarement acceptent tout de suite, même s’ils ont l’intention de payer. C’est une sorte de jeu de rôle où chacun joue son personnage. En cas de refus, le charivari continue jusqu’à la capitulation de l’une des deux parties. Le charivari peut commencer pendant les fiançailles, voire même les fréquentations, et poursuivre jusqu’après le mariage. Le refus de payer était, suivant les cas, une démonstration de caractère, d’orgueil ou d’avarice. Parfois les victimes invoquaient la loi et demandaient l’intervention des gendarmes. Les historiens parlent souvent de prison. La motivation officielle de l’emprisonnement est généralement le tapage nocturne causé par le groupe des jeunes, mais il est difficile de ne pas penser qu’il y ait aussi un brin d’intolérance de la justice officielle à l’égard de ces jeunes qui prétendent exercer une justice parallèle.
Les derniers charivaris ont souvent perdu leur sens profond et sont vécus par les victimes avec beaucoup de complaisance et par les bandes de jeunes comme une occasion supplémentaire pour faire la fête.
Texte écrit par Alexis Bétemps