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L’euille è l’uzé rèyèeu

Quemeun-a: Votornéntse
Catégorì: Conte pe le mèinoù

Setta y é la conta d’én drolo dè gadzo éntre l’euille è l’uzé rèyèeu : « Vèyèn vé coueu y è bon a velà peu ote su pè lo siel ? », i di én queu l’uzé rèyèeu.
To d’én queu l’euille i fé gnénca aténchòn a la baga ; teteun, a la fén, totchà dèdén chon orgueul, i aséte lo défì.
« Peuo pipì – i pénse l’euille – comèn t’o la fèi dè gagné ? T’é l’uzé peu puqueu è peu dèlècà què lo Bon Guieu y ase mandó su la tèra è mè dze si la réa dè l’er ! ».
Doumén qu’i pénse a sen, l’euille y uvre chè gran-z-ole è chè caye dèdén lo vouiddo.
Én-a queurta désente è poué… su ! Sotergnà è portoye dè l’er tso què la dénon-a i rèmonte lè queute di montagne.
Tseu peu qu’i poyéve, lè cléve crevoye dè bréngue è dè pesse i lésévon la plase a l’erba prénma di montagne, è apré i clapèi è poué, a la fén, a la nèi blantse di glasé.
Lè méquio, ou fon dè la vallé, i sonve pomé què dè puqueude tatse grize, perguiè ou métèn dou ver di pro è l’ardzèn dou torón.
Teteun, l’euille i n’ave ponco prou, i voléve lle fae vére ou pipì… È paé, én fézèn dè gran serclo, i tsertséve d’otre couràn è y aléve tedzor peu ote. Dè couràn tseu peu peu frè è rarèfié, difisillo a mètrizé, dè couràn qu’i faléve rètiì avoué lè-z-ole bièn ouverte pè po nen pèdre gnénca én-a friza.
Èa, dè su lai, on vèyéve maque lo siel perse, è lo solèi y éve drè én-a clée blantse sénsa chaleur.
I éve arevoye a la limite què y ave jamé dépassó, gnénca can, totta dzeveua, pléa dè forse è dè queriozetó, y ave dèfié lo Bon Guieu. Ma si queu chon orgueul lle démandéve dè pleu è paé, avoué én dèré éfor, l’euille i ch’é cayà dussù én otro couràn, lèvè è dzaló comèn lo ven dè l’ivér... è y é aloye éncò peu su.
Tot outor y ave én gran silanse, l’euille i séntéve chon queur batre pè l’éfor è l’er y éve seu fén què i paséve éntremé lè pleunme di-z-ole, ouverte to sen qu’i poséve pè lo rètiì quecca dè pleu : jamé y éve aloye seu ote.
« Va savér sè lo pipì mè vèi éncò dè dju lai ? », i pénséve l’euille, pléa d’orgueul.
Teteun fran én si momàn, én chè vièn, i ll’a sombló dè sintì én « tchépì »...
I éve l’uzé rèyèeu : i ch’éve catsé dèzò chon ola è y éve restó lai to si tén.
Lo pipì y éve seu puqueu què l’euille ch’éve gnénca aperchà dè si cor sénsa pése è i l’ave portó su tanque lai. Èa, totta étooye, lo vèyéve poyé su chon cropión.
Arevó su l’étséa, éntre lè dovve gran-z-ole dè l’euille, lo pipì chè tutte outor, i fé én puqueu so è : « Dz’è gagné mè ! – i di a l’euille – Èa, sioplé, méa-mè torna dju, seu i fé tan frè…. ! ».
Dé si dzor lai, l’euille y a ubló chon orgueul è l’uzé rèyèeu, què y a co non « pipì dou fret », i tsertse dè vaì chon queur dzaló én partadzèn lo gni avoué d’otre pipì, doumén lè lon mé dè l’ivér.

Éntró – conta orala què Daniel Fusinaz y a rècouiillì è adattó.

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L’euille è l’uzé rèyèeu

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Ita

L’aigle et le troglo

Voici l’histoire de l’étrange pari entre l’aigle et le troglo (*) : «Voyons-nous qui sait monter plus haut dans le ciel ? » lance le troglo. Sur le coup l’aigle ne prête même pas attention à ces mots mais pour finir, touché dans son orgueil, il accepte le défi. « Pauvre troglo – pense l’aigle – comment crois-tu l’emporter ? Tu es l’oiseau le plus petit et le plus frêle que le bon Dieu ait envoyé sur terre et moi je suis le seigneur des airs».
En songeant à cela, l’aigle déploie ses grandes ailes et se jette dans le vide. Une courte descente, et puis… en haut ! Soutenu et porté par l’air chaud qui l’après-midi remonte les pentes. Au fur et à mesure qu’il montait, les parois recouvertes de mélèzes et de sapins cédaient la place au gazon, aux rochers instables et, pour finir, aux neiges blanches des glaciers. Les maisons, au fond de la vallée, n’étaient plus que des petites taches grises, perdues dans le vert des prairies et l’argent du torrent.
Mais l’aigle n’en avait pas assez, il voulait bien lui faire voir au troglo… Et comme-ça, en traçant des grands cercles, il cherchait d’autres courants et montait encore. Des courants de plus en plus froids et raréfiés, difficiles a maîtriser ; des courants à retenir avec les ailes tendues pour ne pas en perdre un brin.
Maintenant, de là-haut, on ne voyait que l’azur du ciel, et le soleil n’était qu’une lueur blanche sans chaleur. Il était arrivé à la limite qu’il n’avait jamais dépassée, même pas quand, tout jeune, plein de force et de curiosité, avait défié le bon Dieu. Mais cette fois-ci son orgueil en demandait plus et ainsi, avec un ultime effort, l’aigle se jetta sur un autre courant, raréfié et glacial comme le vent de l’hiver… et il monta encore.
Tout autour ce n’était à présent que silence ; l’aigle entendait son cœur battre par l’effort et l’air était si éthéré qui s’échappait entre les plumes des ailes, tendues au maximum pour le retenir un peu plus : jamais il était monté si haut. « Qui sait si le troglo me voit encore de là-bas – songeait l’aigle, comblé de fierté – mais en ce moment, se retournant, ne lui semble-t-il pas d’entendre un tchépi ?
C’était le troglo : il s’était caché sous son aile et il y était resté tout ce temps. Le troglo était si petit que l’aigle ne s’était même pas aperçu de ce corps sans poids, et l’avait transporté jusque là. Maintenant, sous son regard incrédule, le troglo lui grimpait sur la croupe. Une fois atteint le dos, entre les deux grandes ailes de l’aigle, le troglo jette un regard autour de lui, fait un petit bond et : « J’ai gagné le pari – dit-il à l’aigle – maintenant, s’il te plaît, ramène-moi en bas, ici il fait si froid ».
Depuis ce jour-là, l’aigle a oublié son orgueil et le troglo, appelé aussi « oiseau des froidures », essaye de guérir son cœur glacé en partageant le nid avec ses semblables, pendant les longs mois d’hiver.

Introd - récit oral recueilli et adapté par Daniel Fusinaz

(*) Troglodyte mignon. Avec ses quelques 10g de poids, le troglo est le plus petit oiseau d’Europe après le roitelet. De caractère solitaire et indépendant, chaque mâle revendique son territoire. Curieusement, par les grands froids, cet instinct de solitude s'efface. Á ce moment, il cherche la compagnie de ses semblables pour passer la nuit ensemble dans un abri et se réchauffer ainsi les uns contre les autres.

Fra

L’aigle et le troglo

Voici l’histoire de l’étrange pari entre l’aigle et le troglo (*) : «Voyons-nous qui sait monter plus haut dans le ciel ? » lance le troglo. Sur le coup l’aigle ne prête même pas attention à ces mots mais pour finir, touché dans son orgueil, il accepte le défi. « Pauvre troglo – pense l’aigle – comment crois-tu l’emporter ? Tu es l’oiseau le plus petit et le plus frêle que le bon Dieu ait envoyé sur terre et moi je suis le seigneur des airs».
En songeant à cela, l’aigle déploie ses grandes ailes et se jette dans le vide. Une courte descente, et puis… en haut ! Soutenu et porté par l’air chaud qui l’après-midi remonte les pentes. Au fur et à mesure qu’il montait, les parois recouvertes de mélèzes et de sapins cédaient la place au gazon, aux rochers instables et, pour finir, aux neiges blanches des glaciers. Les maisons, au fond de la vallée, n’étaient plus que des petites taches grises, perdues dans le vert des prairies et l’argent du torrent.
Mais l’aigle n’en avait pas assez, il voulait bien lui faire voir au troglo… Et comme-ça, en traçant des grands cercles, il cherchait d’autres courants et montait encore. Des courants de plus en plus froids et raréfiés, difficiles a maîtriser ; des courants à retenir avec les ailes tendues pour ne pas en perdre un brin.
Maintenant, de là-haut, on ne voyait que l’azur du ciel, et le soleil n’était qu’une lueur blanche sans chaleur. Il était arrivé à la limite qu’il n’avait jamais dépassée, même pas quand, tout jeune, plein de force et de curiosité, avait défié le bon Dieu. Mais cette fois-ci son orgueil en demandait plus et ainsi, avec un ultime effort, l’aigle se jetta sur un autre courant, raréfié et glacial comme le vent de l’hiver… et il monta encore.
Tout autour ce n’était à présent que silence ; l’aigle entendait son cœur battre par l’effort et l’air était si éthéré qui s’échappait entre les plumes des ailes, tendues au maximum pour le retenir un peu plus : jamais il était monté si haut. « Qui sait si le troglo me voit encore de là-bas – songeait l’aigle, comblé de fierté – mais en ce moment, se retournant, ne lui semble-t-il pas d’entendre un tchépi ?
C’était le troglo : il s’était caché sous son aile et il y était resté tout ce temps. Le troglo était si petit que l’aigle ne s’était même pas aperçu de ce corps sans poids, et l’avait transporté jusque là. Maintenant, sous son regard incrédule, le troglo lui grimpait sur la croupe. Une fois atteint le dos, entre les deux grandes ailes de l’aigle, le troglo jette un regard autour de lui, fait un petit bond et : « J’ai gagné le pari – dit-il à l’aigle – maintenant, s’il te plaît, ramène-moi en bas, ici il fait si froid ».
Depuis ce jour-là, l’aigle a oublié son orgueil et le troglo, appelé aussi « oiseau des froidures », essaye de guérir son cœur glacé en partageant le nid avec ses semblables, pendant les longs mois d’hiver.

Introd - récit oral recueilli et adapté par Daniel Fusinaz

(*) Troglodyte mignon. Avec ses quelques 10g de poids, le troglo est le plus petit oiseau d’Europe après le roitelet. De caractère solitaire et indépendant, chaque mâle revendique son territoire. Curieusement, par les grands froids, cet instinct de solitude s'efface. Á ce moment, il cherche la compagnie de ses semblables pour passer la nuit ensemble dans un abri et se réchauffer ainsi les uns contre les autres.