La dézarpa
Lé déré ten, la dézarpa y a vécù dé groo tsandzemèn. Can mémo, pé lé-z-arpiàn é pé tcheu sise qu’i travaillon én montagne, lé propriétéro di bétche, lé freté, lé berdzé… y è tedzor na féta.
Y è cheur qu’i y è pamé comèn eun coo.
Dé coo la dézarpa la fan oué lé camion. Lé ten dé la dézarpa son pi queur é dé nouvo tsemén y an tsandjà pé chouvre lo territouéro.
No semble lon dé si momàn emportàn pé la via di dzen dé la montagne qu’i marcave la fén dé la chézón.
Adón fa pa ché étoné qué la voya dé révivre selle sensachón y a portà a organizé, y a dza caqué-z-àn, dé dézarpe pé rapellé selle dé eun coo.
Y è cheur qu’i y è maque na réconstruchón, gneun a vére oué lé dézarpe d’eun coo. Fé pa gneun ! Comèn y éron pé dabón ?
La chézón én montagne i durave sen dzor, tcheuca dé pleu qué trèi mèis, dé sen Bernar (lo 15 dé jeun) a sen Metsé ; sen Bernar i pren lé vatse é sen Metsé lé ren.
Can i s’aprotsave lo momàn dé la dézarpa, lé-z-arpiàn y éron dé bon umeur. Tota la fateuga dou tsatèn y ére caze a la fén, é co lo fé dé resté to solet, comèn y è pé tcheu sise qu’i vivon én montagne.
Ou plan la via i tsandzave : lo travaill, lo ten, l’alimentachón… I valive bén la péna dé fére féta.
La féta i comensave la vèille, djeusto frounì lé déré travaill.
Chovèn lé vatsé i arevavon oué lo sac plen é dé fiasc dé vén. So seuilla y ére la marca qué i sarion bientoo tornà a dé soye différente, ioou la polénta é la brossa, lo lasé é lé fromadzo i sarion pamé ità lé plat dé tcheu lé dzor.
Chovèn la vèille dé la dézarpa, lé-z-arpiàn y allavon gnanca ché coutsé.
Can y ére l’ooura, tcheut i alavon ou boou pé lo déré coo dé la chézón é i baillavon capa i vatse.
Lé vatse pi dégourdie i comprègnavon to d’eun coo qué lo momàn dé décotsé ou plan y ére arevá. Pi tranquile qué lo forèi, lé vatse grose, ma panco preste a vélé, y avion présa d’arevé i pra dé l’outón ou plan ou ou mayèn.
Dé qu’i compregnavon qué eun coo sortie sarion pamé tornà ou boou dou tsatèn, lo lleur pas ché fiave peu cheur, peu désidà, peu contèn é lo son dé la sonaille fé én nantèn la téta i alave d’acor oué si di-z-atre vatse.
Lé vatse i chouvivon euna déré l’atra lo premé berdzé qué pé l’ocajón i betave dussù lo chén peu bé tsapé eun pitchoù bosquè dé edelweiss, gropà oué eun rebàn.
Lé réne, déré llu : sella di corne é sella dou lasé, oué lé lleur bosquè dé fleur frétse.
Ou métèn dou tropé, lé vatse é lé-z-atre arpiàn, ou fon lé tchit.
Lé roillo ché mécllavon ou son di sonaille é di bétche en si dzor dé féta.
Can i traversavon lé veladzo, lé dzen i sourtivon é i avétchavon sé lé bétche y avion bièn profità, i caressavon lé pi belle é i diavon dove parole oué lé-z-arpiàn, i baillavon bèire é méndzé a tcheut. Y ére eun dzor énter dé féta.
Can on passave pé lo veladzo dé eun vatsé, si seu i atègnave lé chén bétche oué lo batón én man é can lé vatse i passavon i lé bocave pé lé méné ou boou én lé caressèn.
Lé bétche, chovèn, cogneussente, i quetavon dza da lleur lo tropé.
La féta i continouave i métcho é i crote, vu qué la dézarpa i capitave chovèn ou ten di vénendze.
Texte écrit par Alexis Bétemps
Acoutì lo teste
Détsardjì lo teste
La dézarpa
Malgré les grands changements, la désalpe, la descente de l’alpage, est toujours une fête pour les arpians, les travailleurs de l’alpe, et pour les propriétaires de bétail.
Bien sûr, ce n’est plus comme autrefois…
Dans quelques alpages, la désalpe se fait en camion. Les parcours sont plus courts et les itinéraires sont changés suite aux innombrables modifications du territoire. La nostalgie pour ce moment crucial et spécial qui marquait la fin d’un cycle fondamental pour notre société d’éleveurs est encore vivante et diffuse. Ce n’est donc pas par hasard que le désir de vivre encore certaines sensation a porté à l’organisation, depuis quelques années, des désalpes qui s’inspirent à celles du passé. Elles ne sont plus comme autrefois, bien entendu. Mais peu importe ! Mais comment étaient-elles ? La campagne d’été à l’alpage durait 100 jours, un peu plus que trois mois, de la Saint-Bernard à la Saint-Michel. Saint Bernard (15 juin) les vaches les prend et Saint Michel (29 septembre) les rend.
Quand le moment de la désalpe approchait tous les arpians étaient de bonne humeur. La grande fatigue de l’été touchait à la fin, tout comme l’isolement relatif des gens de l’alpe. En bas, les arpians allaient retrouver la famille et les amis. En bas, tout allait être différent : le travail et son rythme, le climat, l’alimentation… Cela valait bien la peine d’être fêté !
La fête commençait la veille, à peine les derniers travaux achevés. Souvent, les propriétaires des vaches montaient avec le sac plein de nourriture et quelques fiasques de vin. Cela annonçait le retour prochain d’un menu plus varié où les produits du lait et la polente n’auraient plus eu le rôle central. Le plus souvent, la veille de la désalpe, les arpians n’allaient même pas se coucher.
Le moment venu, tout le monde descendait à l’étable pour la dernière fois de la saison et l’on détachait les vaches. Les vaches les plus intelligentes comprenaient instinctivement que le moment de regagner la plaine était arrivé. Apaisées après les ardeurs du printemps, les vaches, grosses bien que pas encore prêtes à mettre bas, avaient hâte de regagner les pâturages de l’automne qu’ils soient au plan ou au mayen. Et dès qu’elles avaient compris que leur sortie ne comportait plus un retour à l’étable d’été, leur pas se faisait plus sûr, plus décidé, plus gai et le son de la sonnaille, produit par un mouvement rythmé du cou, s’accordait avec celui des autres vaches du troupeau. Les vaches s’acheminaient en colonne derrière le premier berger qui arborait son meilleur chapeau feutre avec un petit bouquet d’edelweiss lié au ruban. Derrière lui suivaient les reines, celle des cornes et celle du lait, avec leur pitoresque « bosqué » de fleurs fraîches. Dans le troupeau, les « vatché » et les autres arpians et, tout au fond, le « tchitto ». Les cris se mélangeaient au concert des sonnailles et aux rares meuglements, le tout dans une athmosphère festive. Quand la file traversait les villages, les gens sortaient, faisaient des commentaires sur la prospérité du troupeau, caressaient les bêtes les plus belles, échangeaient avec les arpians quelques plaisanteries, offraient à boire et à manger à tout le monde. C’était une fête continue. Quand on traversait le village d’un « vatchéi », celui-ci attendait le bétail avec un bâton à la main et, quand ses vaches passaient, il les sortait du troupeau pour les accompagner à l’étable en les caressant. Souvent, les vaches reconnaissaient elles-mêmes les lieux et abandonnaient spontanément la colonne.
Et la fête continuait à l’intérieur des maisons et des caves, puisque la désalpe coïncidait avec les vendange.
Texte écrit par Alexis Bétemps
La dézarpa
Malgré les grands changements, la désalpe, la descente de l’alpage, est toujours une fête pour les arpians, les travailleurs de l’alpe, et pour les propriétaires de bétail.
Bien sûr, ce n’est plus comme autrefois…
Dans quelques alpages, la désalpe se fait en camion. Les parcours sont plus courts et les itinéraires sont changés suite aux innombrables modifications du territoire. La nostalgie pour ce moment crucial et spécial qui marquait la fin d’un cycle fondamental pour notre société d’éleveurs est encore vivante et diffuse. Ce n’est donc pas par hasard que le désir de vivre encore certaines sensation a porté à l’organisation, depuis quelques années, des désalpes qui s’inspirent à celles du passé. Elles ne sont plus comme autrefois, bien entendu. Mais peu importe ! Mais comment étaient-elles ? La campagne d’été à l’alpage durait 100 jours, un peu plus que trois mois, de la Saint-Bernard à la Saint-Michel. Saint Bernard (15 juin) les vaches les prend et Saint Michel (29 septembre) les rend.
Quand le moment de la désalpe approchait tous les arpians étaient de bonne humeur. La grande fatigue de l’été touchait à la fin, tout comme l’isolement relatif des gens de l’alpe. En bas, les arpians allaient retrouver la famille et les amis. En bas, tout allait être différent : le travail et son rythme, le climat, l’alimentation… Cela valait bien la peine d’être fêté !
La fête commençait la veille, à peine les derniers travaux achevés. Souvent, les propriétaires des vaches montaient avec le sac plein de nourriture et quelques fiasques de vin. Cela annonçait le retour prochain d’un menu plus varié où les produits du lait et la polente n’auraient plus eu le rôle central. Le plus souvent, la veille de la désalpe, les arpians n’allaient même pas se coucher.
Le moment venu, tout le monde descendait à l’étable pour la dernière fois de la saison et l’on détachait les vaches. Les vaches les plus intelligentes comprenaient instinctivement que le moment de regagner la plaine était arrivé. Apaisées après les ardeurs du printemps, les vaches, grosses bien que pas encore prêtes à mettre bas, avaient hâte de regagner les pâturages de l’automne qu’ils soient au plan ou au mayen. Et dès qu’elles avaient compris que leur sortie ne comportait plus un retour à l’étable d’été, leur pas se faisait plus sûr, plus décidé, plus gai et le son de la sonnaille, produit par un mouvement rythmé du cou, s’accordait avec celui des autres vaches du troupeau. Les vaches s’acheminaient en colonne derrière le premier berger qui arborait son meilleur chapeau feutre avec un petit bouquet d’edelweiss lié au ruban. Derrière lui suivaient les reines, celle des cornes et celle du lait, avec leur pitoresque « bosqué » de fleurs fraîches. Dans le troupeau, les « vatché » et les autres arpians et, tout au fond, le « tchitto ». Les cris se mélangeaient au concert des sonnailles et aux rares meuglements, le tout dans une athmosphère festive. Quand la file traversait les villages, les gens sortaient, faisaient des commentaires sur la prospérité du troupeau, caressaient les bêtes les plus belles, échangeaient avec les arpians quelques plaisanteries, offraient à boire et à manger à tout le monde. C’était une fête continue. Quand on traversait le village d’un « vatchéi », celui-ci attendait le bétail avec un bâton à la main et, quand ses vaches passaient, il les sortait du troupeau pour les accompagner à l’étable en les caressant. Souvent, les vaches reconnaissaient elles-mêmes les lieux et abandonnaient spontanément la colonne.
Et la fête continuait à l’intérieur des maisons et des caves, puisque la désalpe coïncidait avec les vendange.
Texte écrit par Alexis Bétemps