L'ors é lo pitchoù berdjé
Deun eunna pitchouda méizoùn izolée apèe di bouque restoon eun vioù ommo é seun pitchoù méinó. Vardoon de fèye : eun pèe l’ion blantse, d’otre l’ion naa.
Lo méinó portoo le fèye eun tsan deun lo bouque é, eun cahéchàn la pi tranquila, li dioo : « Lo si que vo lameriò pequé l’erba fritse di pro, mi halla déyèn la séyé é la porté deun lo paillèe pe vo baillé piqué d’éivii ».
Deun lo bouque, po llouèn de méizoùn, n’ayè eun pro avouì i mentèn eun petchoù laque. Lo pitchoù berdjé s'aplantoo lé tcheu le dzoo, devàn de torné a méizoùn é « …dizeète… trentecatro… heuncanta… », contoo le fèye can l’ion eun tren de baa.
Eun dzoo, can l’ii lé, l’a vu aroué eun grou ors : « Lo bouque l’è de mè é le tin-e bihe dèyon po résté hé ! », di l’ors eun min-achàn d’attaqué le fèye.
Adòn lo berdjé l’a supplia-lo : « Pe pléizì, lèicha ihé le min-e fèye ! Meun granpée é mè, n’en djeusto ho pe vivre ».
L'ors adòn s’è drichà su le patte dèrì é l’a du : « Se l’è pai, te baillo eunna chanse : se te eundin-e lo meun éyadzo, léicho ihé le tin-e fèye !… Te pou li pensé ».
Lo berdjé l’è tornó a méizoùn to tracachà, é l’a to countó a seun granpée. Lo vioù l’a réfléchì eun bon momàn, devàn de dii : « Tracàcha-te po, meun pitchoù, lo acapèn peu ! L’è po du que eun grou ors suche pi feun que eun vioù ommo !… Vouì l’aépró te va peu, comme todzoo, eun tsan oitro deun lo bouque é te romase peu totte le gatchoulle que te vè é te coppe peu de rame bièn foillue a totte le verne que te troue ».
Lo pitchoù berdjé l’a fa hen que l’ayé du seun granpée : l’a romassò an grousa canquitò de gatchoulle é de rame foillue que l’ayè amatchà a coutì di laque é, i meché di solai, l’a apiilla-le avouì de fisalle que l’a terià d’an planta a l’otra.
Aprì to hi traaille, l’a pénsò : « Aa n’i ren d’otre a fée que me catché dèrì eun boèissón é attende ».
Can la leunna l’è chourtia, l’è aró l’ors. Sorprai, s’è dréchà su le patte de dèrì é l’è restò lé sèque, avouì la guiolla iverta :
Que de gatchoulle… Que de foille…
Belle se n’i hent an, n’i jamì vu-nèn se tan !
Can la leunna s’è catchée, lo berdjé, que l’ayè to bièn sentù, l’a queuttó sa catsetta é l’è tornó a méizoùn to contèn : « Ah ! Granpée l’a aù eunna idó straordinéa ! ».
Lo dzoo aprì, l’è alló oitro di coutì di laque pe abéé le fèye. To de suite, l'ors l’è aró. Eun se branlàn, s’è dréchà su le patte de dèrì, pe semblè euncó pi grou, é l’a demandó : « Adòn, te so me dii véo de-z-àn n’i ? ».
« T’ou hent an - l’a répondu-lài lo garsoùn - é pe té l’è aró lo momàn de t’en allé ! ».
De radze l’ors s’è mordù eunna patta é l’è alló se catché i foun di bouque de iòi gneun l’a pomé torno-lo vire.
Tiré de : Alexis Bétemps et Lidia Philippot, Merveilles dans la vallée - Le Val d’Aoste conté - Collection Le miel des contes, Imprimerie Slatkine, Genève 2006.
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L'ours et le petit berger
Dans une petite maison isolée près du bois vivaient un vieil homme et son petit-fils. Ils gardaient un troupeau de moutons dont certains étaient blancs et d’autres noirs.
L’enfant menait les moutons paître dans le bois. Caressant le plus câlin il dit :« Je sais que vous aimeriez manger le frais herbage de la prairie, mais elle devra être fauché et entassé dans le fenil pour vous nourrir pendant l'hiver ».
Dans le bois, non loin de la maison, il y avait un pré avec un petit étang au milieu. Le petit berger s'arrêtait là tous les jours avant de rentrer et : « …dix-huit,… trente-quatre…, cinquante ». Il comptait ses moutons pendant qu'ils s'abreuvaient.
Un jour, alors qu'il était là, il a vu arriver un grand ours: « Le bois est mon domaine et tes bêtes n'ont rien à faire ici ! » dit l’ours en faisant mine d’attaquer les moutons.
Le berger donc le supplia : « Je t'en prie, épargne mon troupeau ! Mon grand-père et moi, nous n'avons que cela pour vivre ».
L'ours alors se dressa sur ses pattes de derrière et dit: « Je veux bien te donner une chance. Si tu devines mon âge, j'épargnerai tes moutons. Tu peux y penser jusqu'à demain, je reviendrai ici à la même heure ».
Le berger affolé rentra aussitôt, et il raconta son aventure à son grand-père. L'aïeul réfléchit un instant, avant de dire : « Ne t'en fais pas, mon petit, nous l'aurons ! D'ailleurs, il n'est pas dit que gros ours soit plus malin que vieil homme... Cet après-midi tu vas, comme d'habitude, faire paître le troupeau dans le bois ; entre temps, tu ramasseras toute les pommes de pin que tu verras et tu couperas des branchettes feuillues à tous les aulnes que tu trouveras ».
Le petit berger fit comme avait dit son grand-père, il ramassa des quantités de pommes de pin et de branchettes feuillues qu'il amoncela au bord de la mare et au coucher du soleil, il les attacha à des ficelles qu'il tendit d'un arbre à l'autre, autour de la clairière. Après tout ce travail, il pensa : « Maintenant il ne me reste rien d’autre à faire que de me cacher derrière un buisson et attendre ».
Quand la lune se leva, l'ours apparut. Surpris, il se dressa sur ses pattes de derrière et resta bouche bée : « Que de boboroille... Que de foforoille... Malgré mes cent ans, je n’en ai jamais vu autant ! ».
Quand la lune se coucha, le berger, qui avait bien entendu, quitta sa cachette et revint chez lui tout content : « Ah aaah, mon grand-père a vraiment eu une grandiose idée ! ».
Le lendemain, il alla à la clairière abreuver ses moutons. Aussitôt, l'ours arriva en se dandinant. Il se leva sur ses pattes de derrière et demanda: « Alors, sais-tu me dire quel est mon âge? ».
« Tu as cent ans, lui répondit le garçon, et il est temps que tu t'en ailles! ».
De rage l'ours se mordit une patte et s'enfuit au fond du bois d'où il ne revint jamais plus.
Tiré de : Alexis Bétemps et Lidia Philippot, Merveilles dans la vallée - Le Val d’Aoste conté - Collection «Le miel des contes», Imprimerie Slatkine, Genève 2006
L'ours et le petit berger
Dans une petite maison isolée près du bois vivaient un vieil homme et son petit-fils. Ils gardaient un troupeau de moutons dont certains étaient blancs et d’autres noirs.
L’enfant menait les moutons paître dans le bois. Caressant le plus câlin il dit :« Je sais que vous aimeriez manger le frais herbage de la prairie, mais elle devra être fauché et entassé dans le fenil pour vous nourrir pendant l'hiver ».
Dans le bois, non loin de la maison, il y avait un pré avec un petit étang au milieu. Le petit berger s'arrêtait là tous les jours avant de rentrer et : « …dix-huit,… trente-quatre…, cinquante ». Il comptait ses moutons pendant qu'ils s'abreuvaient.
Un jour, alors qu'il était là, il a vu arriver un grand ours: « Le bois est mon domaine et tes bêtes n'ont rien à faire ici ! » dit l’ours en faisant mine d’attaquer les moutons.
Le berger donc le supplia : « Je t'en prie, épargne mon troupeau ! Mon grand-père et moi, nous n'avons que cela pour vivre ».
L'ours alors se dressa sur ses pattes de derrière et dit: « Je veux bien te donner une chance. Si tu devines mon âge, j'épargnerai tes moutons. Tu peux y penser jusqu'à demain, je reviendrai ici à la même heure ».
Le berger affolé rentra aussitôt, et il raconta son aventure à son grand-père. L'aïeul réfléchit un instant, avant de dire : « Ne t'en fais pas, mon petit, nous l'aurons ! D'ailleurs, il n'est pas dit que gros ours soit plus malin que vieil homme... Cet après-midi tu vas, comme d'habitude, faire paître le troupeau dans le bois ; entre temps, tu ramasseras toute les pommes de pin que tu verras et tu couperas des branchettes feuillues à tous les aulnes que tu trouveras ».
Le petit berger fit comme avait dit son grand-père, il ramassa des quantités de pommes de pin et de branchettes feuillues qu'il amoncela au bord de la mare et au coucher du soleil, il les attacha à des ficelles qu'il tendit d'un arbre à l'autre, autour de la clairière. Après tout ce travail, il pensa : « Maintenant il ne me reste rien d’autre à faire que de me cacher derrière un buisson et attendre ».
Quand la lune se leva, l'ours apparut. Surpris, il se dressa sur ses pattes de derrière et resta bouche bée : « Que de boboroille... Que de foforoille... Malgré mes cent ans, je n’en ai jamais vu autant ! ».
Quand la lune se coucha, le berger, qui avait bien entendu, quitta sa cachette et revint chez lui tout content : « Ah aaah, mon grand-père a vraiment eu une grandiose idée ! ».
Le lendemain, il alla à la clairière abreuver ses moutons. Aussitôt, l'ours arriva en se dandinant. Il se leva sur ses pattes de derrière et demanda: « Alors, sais-tu me dire quel est mon âge? ».
« Tu as cent ans, lui répondit le garçon, et il est temps que tu t'en ailles! ».
De rage l'ours se mordit une patte et s'enfuit au fond du bois d'où il ne revint jamais plus.
Tiré de : Alexis Bétemps et Lidia Philippot, Merveilles dans la vallée - Le Val d’Aoste conté - Collection «Le miel des contes», Imprimerie Slatkine, Genève 2006