Polénta pè trenta magnìn
Y éra, d’atre co, un sertèn Trenta1 qui fajéi lo magnìn è, orédjàn, ou passéi uncò fare un tor pè Ayas.
Un djor, premé avril, ou travayéi pè Antagnó, outre pè li Carre Fréide ; éque entó lé dièj è deméa l’a mandà un barbijôt dire a Lolìn (lo sol qui tenéi cantin-a adonca en Antagnó), dè aprechtà la polénta pè Trenta, magnìn.
Lo barbich l’ét alà fa la comissión a Lolìn, ma en prèdjèn l’a ebià dè bétà la majuscule a Trenta è la virgule apres. L’a maque deut : « Lolìn, i mè mandon vo dire dè aprechtà la polénta pè trenta magnìn ».
« Petachca ! Ma què fan-te trenta magnìn en Antagnó ? ».
« Ió lo sâ pa. Seu maque vènì vo fa la comissión ».
Dé què Lolìn ou ténéi cantin-a y éra jamé encapetà euna djornà paré. L’éra trô bel pè qu’ou fosse pa vé !
Ou s’é sebeut donà da fare ; l’ét alà empreuntà tsinc ou cheu grose brontse è dè rèboudjón (è l’a uncò bén pénà pè lé troà, perquè a tsel’oura tut i n’aon manca), l’a avià euna réndja dè foùec dè foura, è pu i sè son bétà, el è Caroline, a fa polente.
Lé djen i saon pa què sè dire è, teut echtonà, i démandavon a Lolìn sè l’aprechtéi lo rancio pè euna compagnà d’alpìn.
Un co qu’i sonavon non-a Trenta s’en vénéi teut solet entó lo paltó so l’ehpala. Lo pouro Lolìn qui lo cognéchéi dja, l’a comprés, ma l’éra tart !
« È ora què nen fa dè totta tsa polénta ? ! ». Ma tsen l’éra uncò ren a comparì di cartanà què y aron pu féi tut tsit d’Antagnó è d’Ayas un co què la tchouza a sè fosse pu saù !...
1 Trentaz
Tiré de : Evalde Obert, Euna pegnà dè cointo forà, Imprimerie valdôtaine
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Polenta pour trente chaudronniers
Il y avait une fois un certain Trentaz qui gagnait son pain en faisant le chaudronnier. De temps en temps il passait en Ayas. Un jour, le premier d’avril, il travaillait en Antagnod, du côté de Carre-Fréide quand, vers dix heures et demie, il envoya un gamin dire à Lolìn (la seule personne qui, à l’époque, tenait un commerce à Antagnod), de préparer la polenta pour Trentaz, chaudronnier.
Le gamin se rendit chez Lolìn lui faire la commission mais, en parlant, il oublia de mettre la majuscule à Trentaz et la virgule après. Il dit simplement : « Lolìn, on m’envoie vous dire de préparer la polenta pour trente chaudronniers ».
« Parbleu ! Mais qu’est-ce que font trente chaudronniers à Antagnod ? ».
« Je ne sais pas. Je suis seulement venu vous faire la commission ».
Depuis que Lolìn gérait son commerce une telle journée n’était encore jamais arrivée. C’était trop beau pour être vrai !
Lolìn s’est tout de suite mis à l’œuvre ; il est allé emprunter cinq ou six gros chaudrons et des bâtons pour remuer (il a même eu du mal à en trouver car à cette heure-là tout le monde en avait besoin), puis il alluma une série de feux à l’extérieur et ensuite, lui et Caroline se sont mis à préparer des polentas.
Les gens étaient interloqués et, tous étonnés, demandaient à Lolìn s’il était en train de préparer le repas pour une compagnie d’alpins.
Alors que les cloches sonnaient midi, Trentaz arriva seul, son paletot sur l’épaule. Le pauvre Lolìn qui le connaissait déjà, comprit tout, mais c’était trop tard !
« Et maintenant qu’est-ce que je vais en faire de toute cette polenta ?! ». Mais ce n’était encore rien par rapport au grand tapage qu’on aurait fait à Antagnod et en Ayas une fois que la nouvelle se serait répandue !...
Polenta pour trente chaudronniers
Il y avait une fois un certain Trentaz qui gagnait son pain en faisant le chaudronnier. De temps en temps il passait en Ayas. Un jour, le premier d’avril, il travaillait en Antagnod, du côté de Carre Fréide quand, vers dix heures et demie, il envoya un gamin dire à Lolìn (la seule personne qui, à l’époque, tenait un commerce à Antagnod), de préparer la polenta pour Trentaz, chaudronnier.
Le gamin se rendit chez Lolìn lui faire la commission mais, en parlant, il oublia de mettre la majuscule à Trentaz et la virgule après. Il dit simplement : « Lolìn, on m’envoie vous dire de préparer la polenta pour trente chaudronniers ».
« Parbleu ! Mais qu’est-ce que font trente chaudronniers à Antagnod ? ».
« Je ne sais pas. Je suis seulement venu vous faire la commission ».
Depuis que Lolìn gérait son commerce une telle journée n’était encore jamais arrivée. C’était trop beau pour être vrai !
Lolìn s’est tout de suite mis à l’œuvre ; il est allé emprunter cinq ou six gros chaudrons et des bâtons pour remuer (il a même eu du mal à en trouver car à cette heure-là tout le monde en avait besoin), puis il alluma une série de feux à l’extérieur et ensuite, lui et Caroline se sont mis à préparer des polentas.
Les gens étaient interloqués et, tous étonnés, demandaient à Lolìn s’il était en train de préparer le repas pour une compagnie d’alpins.
Alors que les cloches sonnaient midi, Trentaz arriva seul, son paletot sur l’épaule. Le pauvre Lolìn qui le connaissait déjà, comprit tout, mais c’était trop tard !
« Et maintenant qu’est-ce que je vais en faire de toute cette polenta ?! ». Mais ce n’était encore rien par rapport au grand tapage qu’on aurait fait à Antagnod et en Ayas une fois que la nouvelle se serait répandue !...