L’ors é lo piquiot berdzìn
In vièi é lo sén piquiot nivoùn itovon int’in miquiet a ran dou bohc. Aviquivon in troupì dé fèye, cohqueun-ne biantse é d’otre nire. Lo petot alove lardzìn lo fioc int’ou bohc.
In carihièn la pieu grahiouza ié diyive : « Lo sèi qué laméride piqué l’erba frola dou pro, ma hella fot siyin-la é intehtsin-la int’ou payìn pé tiqué-vo in rètse d’ivér ».
Ou mouentèn dou bohc, gnanca tan louèn di mite, y ire in pro avó na piquioda goye.
Lo piquiot berdzìn sé fermouve lai touit lé dzor dévàn qué tournì i mite é… « Dizivouet, trentécattro, hincanta… », contove lé fèye mique biyivon.
In dzor, intrémèn qué y ire lai, y a vyin arévé in grou ors. « Lo bohc y ét lo mén mite é hé y é po lo post pé lé tén béhque », dit l’ors fizèn sembiàn dé tchapé lé fèye.
Lo berdzìn lo imprèye : « Pé pyizìn, lésa ité lo mén troupì. Dzo é lo grou n’en maque hén éque pé vehquìn ».
L’ors sé drihe sun lé pioute dé dèrìn é ié dit : « Té doun-no na possibilitó. Sé té éndévin-ne lo mén iadzo, té léso lé fèye. Pensé-ié tanque a démàn, dzo torno hé a la mima oura ».
Lo berdzìn ahpovantó torne vito i mite é conte ou grou la sén aventeura. Lo grou pense na brévetta é apoué ié dit : « Gneun fastigué-te cohcoi, lo fréguèn ! Y ét po peu deut qué in grou ors sèye pieu fén qué in ommo vièi. Vouèi aprì dinì, té vot lardzìn lo fioc come dé couhtinma int’ou bohc, é intrémèn té couéye totte lé bébéye dé pèhe qué té vèi é té taye dé bronquión avó lé foye dé totte lé verne qué té trouve ».
Lo piquiot berdzìn fèi come y ave deu-ie lo grou : couéye in montòn dé bébéye é dé bronquión avó lé foye é lé mountoun-ne lo lon dé la goye é can lo solèi sé catse lé penguiane i fiselle qué y ave dahtendìn dé na pianta a l’otra, a l’entor dou pro. Aprì tot hita travai, pense : « Èra dz’èi pomì ren d’otro a fare qué catsin-me dèrìn in bouissòn é atendre ».
Can sorte la leunna arive co l’ors. Ahtounoù sé drihe sun lé pioute dé dèrìn é sobbre avó la botse ahcabernouye : « Qué dé fantoume, qué dé mouresque. Inte hent an dz’èi zamì vyin ren dé sembiabio ! ».
Can la leunna y at catsa-se, lo berdzìn, qué y ave ahcoutó inviza, sorte dé la sén catsetta é torne i mite proppe contèn : « Ah ! Té sot, grou, qué t’ot proppe avìn na boun-na idèya ! ».
Lo dzor aprì, torne minì bire lé fèye a la goye. L’ors arrive tot int’in cou benquianen-se. Sé drihe sun lé pioute dé dèrìn é ié mande : « Aloura, té sot vér an y èi ? ».
« T’ot hent an - ié rahpón lo botcha - é y ét oura qué té té gavisse ! ».
L’ors dé rabia sé mor na piouta é scape catsin-se ou fon dou bohc é sorte mai pieu mi.
Tiré de: Alexis Bétemps et Lidia Philippot, Merveilles dans la vallée - Le Val d’Aoste conté, Collection Le miel des contes, Imprimerie Slatkine, Genève 2006
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L'ours et le petit berger
Dans une petite maison isolée près du bois vivaient un vieil homme et son petit-fils. Ils gardaient un troupeau de moutons dont certains étaient blancs et d’autres noirs.
L’enfant menait les moutons paître dans le bois. Caressant le plus câlin il dit :« Je sais que vous aimeriez manger le frais herbage de la prairie, mais elle devra être fauché et entassé dans le fenil pour vous nourrir pendant l'hiver ».
Dans le bois, non loin de la maison, il y avait un pré avec un petit étang au milieu. Le petit berger s'arrêtait là tous les jours avant de rentrer et : « …dix-huit,… trente-quatre…, cinquante ». Il comptait ses moutons pendant qu'ils s'abreuvaient.
Un jour, alors qu'il était là, il a vu arriver un grand ours: « Le bois est mon domaine et tes bêtes n'ont rien à faire ici ! » dit l’ours en faisant mine d’attaquer les moutons.
Le berger donc le supplia : « Je t'en prie, épargne mon troupeau ! Mon grand-père et moi, nous n'avons que cela pour vivre ».
L'ours alors se dressa sur ses pattes de derrière et dit: « Je veux bien te donner une chance. Si tu devines mon âge, j'épargnerai tes moutons. Tu peux y penser jusqu'à demain, je reviendrai ici à la même heure ».
Le berger affolé rentra aussitôt, et il raconta son aventure à son grand-père. L'aïeul réfléchit un instant, avant de dire : « Ne t'en fais pas, mon petit, nous l'aurons ! D'ailleurs, il n'est pas dit que gros ours soit plus malin que vieil homme... Cet après-midi tu vas, comme d'habitude, faire paître le troupeau dans le bois ; entre temps, tu ramasseras toute les pommes de pin que tu verras et tu couperas des branchettes feuillues à tous les aulnes que tu trouveras ».
Le petit berger fit comme avait dit son grand-père, il ramassa des quantités de pommes de pin et de branchettes feuillues qu'il amoncela au bord de la mare et au coucher du soleil, il les attacha à des ficelles qu'il tendit d'un arbre à l'autre, autour de la clairière. Après tout ce travail, il pensa : « Maintenant il ne me reste rien d’autre à faire que de me cacher derrière un buisson et attendre ».
Quand la lune se leva, l'ours apparut. Surpris, il se dressa sur ses pattes de derrière et resta bouche bée : « Que de boboroille... Que de foforoille... Malgré mes cent ans, je n’en ai jamais vu autant ! ».
Quand la lune se coucha, le berger, qui avait bien entendu, quitta sa cachette et revint chez lui tout content : « Ah aaah, mon grand-père a vraiment eu une grandiose idée ! ».
Le lendemain, il alla à la clairière abreuver ses moutons. Aussitôt, l'ours arriva en se dandinant. Il se leva sur ses pattes de derrière et demanda: « Alors, sais-tu me dire quel est mon âge? ».
« Tu as cent ans, lui répondit le garçon, et il est temps que tu t'en ailles! ».
De rage l'ours se mordit une patte et s'enfuit au fond du bois d'où il ne revint jamais plus.
Tiré de : Alexis Bétemps et Lidia Philippot, Merveilles dans la vallée - Le Val d’Aoste conté - Collection «Le miel des contes», Imprimerie Slatkine, Genève 2006
L'ours et le petit berger
Dans une petite maison isolée près du bois vivaient un vieil homme et son petit-fils. Ils gardaient un troupeau de moutons dont certains étaient blancs et d’autres noirs.
L’enfant menait les moutons paître dans le bois. Caressant le plus câlin il dit :« Je sais que vous aimeriez manger le frais herbage de la prairie, mais elle devra être fauché et entassé dans le fenil pour vous nourrir pendant l'hiver ».
Dans le bois, non loin de la maison, il y avait un pré avec un petit étang au milieu. Le petit berger s'arrêtait là tous les jours avant de rentrer et : « …dix-huit,… trente-quatre…, cinquante ». Il comptait ses moutons pendant qu'ils s'abreuvaient.
Un jour, alors qu'il était là, il a vu arriver un grand ours: « Le bois est mon domaine et tes bêtes n'ont rien à faire ici ! » dit l’ours en faisant mine d’attaquer les moutons.
Le berger donc le supplia : « Je t'en prie, épargne mon troupeau ! Mon grand-père et moi, nous n'avons que cela pour vivre ».
L'ours alors se dressa sur ses pattes de derrière et dit: « Je veux bien te donner une chance. Si tu devines mon âge, j'épargnerai tes moutons. Tu peux y penser jusqu'à demain, je reviendrai ici à la même heure ».
Le berger affolé rentra aussitôt, et il raconta son aventure à son grand-père. L'aïeul réfléchit un instant, avant de dire : « Ne t'en fais pas, mon petit, nous l'aurons ! D'ailleurs, il n'est pas dit que gros ours soit plus malin que vieil homme... Cet après-midi tu vas, comme d'habitude, faire paître le troupeau dans le bois ; entre temps, tu ramasseras toute les pommes de pin que tu verras et tu couperas des branchettes feuillues à tous les aulnes que tu trouveras ».
Le petit berger fit comme avait dit son grand-père, il ramassa des quantités de pommes de pin et de branchettes feuillues qu'il amoncela au bord de la mare et au coucher du soleil, il les attacha à des ficelles qu'il tendit d'un arbre à l'autre, autour de la clairière. Après tout ce travail, il pensa : « Maintenant il ne me reste rien d’autre à faire que de me cacher derrière un buisson et attendre ».
Quand la lune se leva, l'ours apparut. Surpris, il se dressa sur ses pattes de derrière et resta bouche bée : « Que de boboroille... Que de foforoille... Malgré mes cent ans, je n’en ai jamais vu autant ! ».
Quand la lune se coucha, le berger, qui avait bien entendu, quitta sa cachette et revint chez lui tout content : « Ah aaah, mon grand-père a vraiment eu une grandiose idée ! ».
Le lendemain, il alla à la clairière abreuver ses moutons. Aussitôt, l'ours arriva en se dandinant. Il se leva sur ses pattes de derrière et demanda: « Alors, sais-tu me dire quel est mon âge? ».
« Tu as cent ans, lui répondit le garçon, et il est temps que tu t'en ailles! ».
De rage l'ours se mordit une patte et s'enfuit au fond du bois d'où il ne revint jamais plus.
Tiré de : Alexis Bétemps et Lidia Philippot, Merveilles dans la vallée - Le Val d’Aoste conté - Collection «Le miel des contes», Imprimerie Slatkine, Genève 2006