L’aille é lo poudzet
Seutta l’é la counta tchica drola de eugn’aille é d’eun poudzet*.
« Véyèn qui di dou l’é lo pi boun a vaoulì sui pi ate, pe lo siel ? » di lo poudzet a l’aille.
To de chouitte l’aille baille gneunca fèi i paolle di poudzet, mi tchica pi taa, avouì totta la chigna prézounchoùn, diside de assettì la coumpetichoùn.
« Pouo d’eun poudzet – pense l’aille – comme te pou lèi la fiye ? T’i lo pi pitchoù é doillo di-z-aoujì que lo Boun Djeu l’a fi… di ten que mé si la rèina di siel ! ».
Eun pensèn seutte baggue l’aille ivre le chigne-z-ale é se tappe pe lo vouiddo… bèise tchica pi ba é aprì… sui, pourtaye di couràn d’èe tsada que la viproù se sopèn di mountagne.
Eun pouyèn, dézó llé, le dicllo toupoù de brenve é de pesse lèisoun la plasse i tapì de l’erba friitse di mountagne é, euncó pi sui, i cllapèi é a la nèi blantse di llachì. Le mitcho, ba i foun de la coumba, sembloun de pitchoude tatse blantse que se perdoun i mentèn di vèe di prou é de l’ardzèn di touroùn.
Ma l’aille n’ayé panco praou…. Vouillé lèi fiye vére llé, i poudzet. É paai, eun fièn de lardzo too, tsertsave d’atre couràn pe pouyì euncó pi sui, de couràn todzoo pi frèide é mouèn forte, todzoo pi difiseuile a countroulì…a teun-ì avouì le-z-ale bièn iverte, pe pa nen lèisì pédre gneunca eun flì.
Aya de sui li, se vèi pamì que lo bleu di siel. Lo solèi l’é pamì que an lemiye blantse sensa tsaleue. L’iye areuvaye ioù jamì l’ayé ouzoù arevì, gneunca can l’iye dzouigna, plèigna de forse é de coadzo. Mi si cou, lo cheun orgueille n’ayé panco praou é, paai, l’a tchertchà eunna dériye couràn, eunco pi fret comme la biza… é sui !
Tot alentoo de llé to l’iye quèi. L’aille sentiché lo cheun queue bouichì todzoo pi foo é todzoo pi vito pe l’ifoo é lé-z-ale, ditendiye lo pi pousiblo, tsertsavoun de acapì totta l’èe que n’ayé : jamì l’iye pouyaye sui paai.
« É lo poudzet…. Pouré-tì me vére de ba li ? », pensave l’aille totta fiye, mi fran eun si momàn, eun se vioundèn, l’a-tì pa semblou-lèi de sentì lo pioun-ì d’eungn aoujì ?
L’iye lo poudzet, que catchà dézó la chigna ala, l’iye restou li pe to si ten. L’aille l’ayé pourtou-lo tanque sui li, sensa se nen apersèivre, dèi que l’é tan pitchoù é levèt.
Itoun-aye, l’aille avèitse lo poudzet que se greumpeuille sui pe lo coutsoùn, euntremì di chigne grouse-z-ale. Pouyà sui, lo poudzet se avèitse alentoo… fi eun pitchoù sâte, é… : « N’i gagnà mé ! Aya pourta-mé tourna ba, que n’i tan fret ! ».
Dèi si dzoo, l’aille l’a oublià lo cheun orgueille é lo poudzet, que lo criyoun étó « l’aoujì di fret », l’a aprèi a partadjì pe to l’iveue lo cheun nit avouì le-z-atre-z-aoujì igale a llui, eun vaissèn lo cheun deue queue llachà.
Counta de Euntroù requeillaye é adattaye de Daniel Fusinaz
*Troglodyte mignon. Avec ces quelques 10g de poids, le troglo est le plus petit oiseaux d’Europe après le roitelet. De caractère solitaire et indépendant, chaque mâle revendique sans partage son territoire. Curieusement, par les grands froids, cet instinct de solitude s'efface. A ces moments, il cherche la compagnie de ses semblables pour passer la nuit ensemble dans un abri et ainsi se réchauffer les uns contre les autres.
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L’aigle et le troglo
Voici l’histoire de l’étrange pari entre l’aigle et le troglo (*) : «Voyons-nous qui sait monter plus haut dans le ciel ? » lance le troglo. Sur le coup l’aigle ne prête même pas attention à ces mots mais pour finir, touché dans son orgueil, il accepte le défi. « Pauvre troglo – pense l’aigle – comment crois-tu l’emporter ? Tu es l’oiseau le plus petit et le plus frêle que le bon Dieu ait envoyé sur terre et moi je suis le seigneur des airs».
En songeant à cela, l’aigle déploie ses grandes ailes et se jette dans le vide. Une courte descente, et puis… en haut ! Soutenu et porté par l’air chaud qui l’après-midi remonte les pentes. Au fur et à mesure qu’il montait, les parois recouvertes de mélèzes et de sapins cédaient la place au gazon, aux rochers instables et, pour finir, aux neiges blanches des glaciers. Les maisons, au fond de la vallée, n’étaient plus que des petites taches grises, perdues dans le vert des prairies et l’argent du torrent.
Mais l’aigle n’en avait pas assez, il voulait bien lui faire voir au troglo… Et comme-ça, en traçant des grands cercles, il cherchait d’autres courants et montait encore. Des courants de plus en plus froids et raréfiés, difficiles a maîtriser ; des courants à retenir avec les ailes tendues pour ne pas en perdre un brin.
Maintenant, de là-haut, on ne voyait que l’azur du ciel, et le soleil n’était qu’une lueur blanche sans chaleur. Il était arrivé à la limite qu’il n’avait jamais dépassée, même pas quand, tout jeune, plein de force et de curiosité, avait défié le bon Dieu. Mais cette fois-ci son orgueil en demandait plus et ainsi, avec un ultime effort, l’aigle se jetta sur un autre courant, raréfié et glacial comme le vent de l’hiver… et il monta encore.
Tout autour ce n’était à présent que silence ; l’aigle entendait son cœur battre par l’effort et l’air était si éthéré qui s’échappait entre les plumes des ailes, tendues au maximum pour le retenir un peu plus : jamais il était monté si haut. « Qui sait si le troglo me voit encore de là-bas – songeait l’aigle, comblé de fierté – mais en ce moment, se retournant, ne lui semble-t-il pas d’entendre un tchépi ?
C’était le troglo : il s’était caché sous son aile et il y était resté tout ce temps. Le troglo était si petit que l’aigle ne s’était même pas aperçu de ce corps sans poids, et l’avait transporté jusque là. Maintenant, sous son regard incrédule, le troglo lui grimpait sur la croupe. Une fois atteint le dos, entre les deux grandes ailes de l’aigle, le troglo jette un regard autour de lui, fait un petit bond et : « J’ai gagné le pari – dit-il à l’aigle – maintenant, s’il te plaît, ramène-moi en bas, ici il fait si froid ».
Depuis ce jour-là, l’aigle a oublié son orgueil et le troglo, appelé aussi « oiseau des froidures », essaye de guérir son cœur glacé en partageant le nid avec ses semblables, pendant les longs mois d’hiver.
Introd - récit oral recueilli et adapté par Daniel Fusinaz
(*) Troglodyte mignon. Avec ses quelques 10g de poids, le troglo est le plus petit oiseau d’Europe après le roitelet. De caractère solitaire et indépendant, chaque mâle revendique son territoire. Curieusement, par les grands froids, cet instinct de solitude s'efface. Á ce moment, il cherche la compagnie de ses semblables pour passer la nuit ensemble dans un abri et se réchauffer ainsi les uns contre les autres.
L’aigle et le troglo
Voici l’histoire de l’étrange pari entre l’aigle et le troglo (*) : «Voyons-nous qui sait monter plus haut dans le ciel ? » lance le troglo. Sur le coup l’aigle ne prête même pas attention à ces mots mais pour finir, touché dans son orgueil, il accepte le défi. « Pauvre troglo – pense l’aigle – comment crois-tu l’emporter ? Tu es l’oiseau le plus petit et le plus frêle que le bon Dieu ait envoyé sur terre et moi je suis le seigneur des airs».
En songeant à cela, l’aigle déploie ses grandes ailes et se jette dans le vide. Une courte descente, et puis… en haut ! Soutenu et porté par l’air chaud qui l’après-midi remonte les pentes. Au fur et à mesure qu’il montait, les parois recouvertes de mélèzes et de sapins cédaient la place au gazon, aux rochers instables et, pour finir, aux neiges blanches des glaciers. Les maisons, au fond de la vallée, n’étaient plus que des petites taches grises, perdues dans le vert des prairies et l’argent du torrent.
Mais l’aigle n’en avait pas assez, il voulait bien lui faire voir au troglo… Et comme-ça, en traçant des grands cercles, il cherchait d’autres courants et montait encore. Des courants de plus en plus froids et raréfiés, difficiles a maîtriser ; des courants à retenir avec les ailes tendues pour ne pas en perdre un brin.
Maintenant, de là-haut, on ne voyait que l’azur du ciel, et le soleil n’était qu’une lueur blanche sans chaleur. Il était arrivé à la limite qu’il n’avait jamais dépassée, même pas quand, tout jeune, plein de force et de curiosité, avait défié le bon Dieu. Mais cette fois-ci son orgueil en demandait plus et ainsi, avec un ultime effort, l’aigle se jetta sur un autre courant, raréfié et glacial comme le vent de l’hiver… et il monta encore.
Tout autour ce n’était à présent que silence ; l’aigle entendait son cœur battre par l’effort et l’air était si éthéré qui s’échappait entre les plumes des ailes, tendues au maximum pour le retenir un peu plus : jamais il était monté si haut. « Qui sait si le troglo me voit encore de là-bas – songeait l’aigle, comblé de fierté – mais en ce moment, se retournant, ne lui semble-t-il pas d’entendre un tchépi ?
C’était le troglo : il s’était caché sous son aile et il y était resté tout ce temps. Le troglo était si petit que l’aigle ne s’était même pas aperçu de ce corps sans poids, et l’avait transporté jusque là. Maintenant, sous son regard incrédule, le troglo lui grimpait sur la croupe. Une fois atteint le dos, entre les deux grandes ailes de l’aigle, le troglo jette un regard autour de lui, fait un petit bond et : « J’ai gagné le pari – dit-il à l’aigle – maintenant, s’il te plaît, ramène-moi en bas, ici il fait si froid ».
Depuis ce jour-là, l’aigle a oublié son orgueil et le troglo, appelé aussi « oiseau des froidures », essaye de guérir son cœur glacé en partageant le nid avec ses semblables, pendant les longs mois d’hiver.
Introd - récit oral recueilli et adapté par Daniel Fusinaz
(*) Troglodyte mignon. Avec ses quelques 10g de poids, le troglo est le plus petit oiseau d’Europe après le roitelet. De caractère solitaire et indépendant, chaque mâle revendique son territoire. Curieusement, par les grands froids, cet instinct de solitude s'efface. Á ce moment, il cherche la compagnie de ses semblables pour passer la nuit ensemble dans un abri et se réchauffer ainsi les uns contre les autres.