Le coscrì
Qui cougnì po le pléizente bende de dzouin-o que, ató leur machinne euntchostréye de totta rassa d’icriteue, voyadzon su é bo pe no tsemeun eun cornèn to lo ten ? Son le coscrì.
Le dzouin-o di nouho veladzo vèyon po l’oira que arouèye leur too pe posai fée fiha tcheut eunsemblo mi étò perquè heutta fiha marque semboliquemàn lo passadzo de l’éyadzo de l’adolésanse a l’éyadzo adulte é euncó lo passadzo de la périodda de protéchón de la fameuille a la périodda di responsabilitó personnelle.
Mi queunta l’è l’orijine de heutta fiha ? La reponsa fo la tchertché bièn llouèn deun lo ten, fo torné eun dérì canque i ten de la périodda de la Revoluchón Franséza, can la conscrechón obligatouéa l’ie prévua de la llouè.
Adón lo recrutemèn l’iye fa selón le-z-ézijanse di momàn. Pailé, a par le cas d’éséchón prévù di réillemèn, le dzouin-o que l’ion dzedjà pi rebeusto é abilo i servicho, terioon la butse. Hise que cheurdoon lo bon numéró l’entroon po deun l’armó, le-z-otre, i contréo, l’ion obledjà de partì soldà can l’ayòn po le moyèn pe payé eun ramplasàn. Aprì lo tiradzo eun féijè fiha. I comensemèn la fiha l’ie rezervéye surtoù a hise que l’ayòn terià lo bon numéró, hise que l’ion po obledjà de partì.
Se po d’otro l’ion le solè a l’aì de boun-e rèizón pe fée fiha ! A paa la reusca évidanta, can eun partchè soldà, eun reustoo bièn de ten llouèn de méizón, de-z-àn euntcher, canque a 6-7 an. Hen lé l’ouyè dî an boun-a perte de ten é eun grou dan d’eun poueun de vua économeucco pe totta la fameuille.
Lo 29 de désambro de l’an 1804, eun décrè eumpérial de Napoléón 1i l’a offisializó lo tiradzo i sor pe la consrichón obligatouéa deun to l’ampire é deun tcheu le-z-Étà de Savoué étò.
Aprì la Restorachón lo sistème d’éstrachón l’a po todzoo martchà amodo.
Deun l’an 1872 eun Franhe eun bon tiradzo servichè renquepimì a redouire lo ten di servicho militéo (eungn an) é l’ie pomì prévua la posibilitó de ihe ramplachà. Dèi l’an 1889 lo sistème de l’éstrachón servèi piquemì a cheurdre lo cor a servì.
La Franhe, l’an 1905, touhe lo tiradzo i sor mique l’Italie lo mantchàn euncó pe coutche-z-àn. Mi lo djouà de la lotî l’è belle tsan-ó. L’arue la Guèra que fa po de préféranse pe gneun.
Dèi l’an 1804 le coscrì que reustoon bièn é hise reutso que l’ayòn terià eun gramo numéró pouchoon ihe ramplachà de d’otre dzi dispouzéye a prende leur plahe eun le payèn. L’ie prévù pe llouè mi le spaize l’ion ôte, surtoù i ten de la guèra.
Lo retsandzo l’ie codifià avouì prézichón. Le personne euntéréchéye dèijoon souscrire eun contrà devàn eun notéo. Lo dzouin-o que l’oyè ihe ramplachà déijè justifié sa demanda é lo ramplasàn s’obledzoo a accomplì eun bió ho de douèe. Eun Val d’Ouha étò hise que pouchoon l’an eumpléyà heutta requeursa.
Texte écrit par Alexis Bétemps
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Les conscrits
Nous connaissons tous les allègres brigades de jeunes qui, sur des voitures en plus ou moins bon état, affublées de grandes inscriptions, parcourent nos chemins, la main appuyée sur le klaxon.
Ce sont les conscrits.
Dans nos villages, les jeunes attendent avec impatience que leur tour arrive pour faire la fête entre eux mais aussi parce que cette fête marque, symboliquement, le passage de l’adolescence à l’âge adulte, de la tutelle familiale aux responsabilités personnelles.
Mais quelle est l’origine de cette fête ?
Il faut aller chercher la réponse bien loin : il faut remonter à la Révolution Française quand la conscription obligatoire a été instituée.
Le recrutement se faisait alors en fonction des exigences du moment. Ainsi, mis à part les cas d’exemptions règlementées, on procédait au tirage au sort parmi les jeunes jugés physiquement aptes au service. Ceux qui tiraient un bon numéro n’entraient pas à l’armée, tandis que les autres étaient obligés de partir, sauf s’ils avaient les moyens de payer un remplaçant. La fête des conscrits suivait le tirage au sort et, tout au début, elle était plutôt réservée à ceux qui avaient tiré un bon numéro, ceux qui ne devaient pas partir. D’ailleurs, ils étaient les seuls à avoir de vraies raisons pour faire fête ! Au-delà des dangers évidents, l’enrôlement comportait souvent l’éloignement pendant de longues années, jusqu’à 6 ou 7 ans. Et cela signifiait, pour le jeune engagé, une grande perte de temps avec des conséquences économiques très négatives pour toute la famille.
Le tirage au sort, dans le cadre de la conscription obligatoire moderne, a été instauré le 29 décembre 1804 par un Décret impérial de Napoléon 1er et appliqué dans tout l’Empire, donc, dans les États de Savoie aussi. Ce Décret prévoit l’institution du Conseil de Révision pour vérifier l’aptitude des jeunes conscrits. Le jour de la visite, le Conseil met dans une urne des billets numérotés dont le nombre correspond au nombre des conscrits jugés aptes. Chaque conscrit, à la fin de la visite, est invité à tirer un numéro, et cette opération peut être aussi déléguée au syndic. À la fin, le sous-préfet proclame ceux qui feront partie de l’armée active.
Après la Restauration, le système du tirage au sort connaît des hauts et des bas. En 1872, en France, les numéros hauts n’assurent plus qu’un service militaire réduit (un an) et le remplacement n’est plus prévu. En 1889, ils ne servent qu’à choisir l’arme dans laquelle le conscrit décide de servir. En 1905, le tirage au sort est aboli en France. En Italie, par contre, il durera encore quelques années. Mais le jeu de la loterie est pratiquement terminé. La Grande Guerre est aux portes et ne fera pas d’exceptions.
Dès 1804, les conscrits, aisés ou riches, qui ont tiré un mauvais numéro, peuvent se faire remplacer en trouvant, moyennant une somme d’argent, une personne disposée à prendre leur place. Cela est prévu par la loi, mais les coûts sont élevés, en temps de guerre surtout.
Le remplacement est codifié avec précision. Les personnes concernées doivent signer un contrat devant notaire. Le remplacé doit justifier sa requête et le remplaçant s’engage à remplir un certain nombre d’obligations. En Vallée d’Aoste aussi, ceux qui pouvaient ont fait recours à cet escamotage.
Texte écrit par Alexis Bétemps
Les conscrits
Nous connaissons tous les allègres brigades de jeunes qui, sur des voitures en plus ou moins bon état, affublées de grandes inscriptions, parcourent nos chemins, la main appuyée sur le klaxon.
Ce sont les conscrits.
Dans nos villages, les jeunes attendent avec impatience que leur tour arrive pour faire la fête entre eux mais aussi parce que cette fête marque, symboliquement, le passage de l’adolescence à l’âge adulte, de la tutelle familiale aux responsabilités personnelles.
Mais quelle est l’origine de cette fête ?
Il faut aller chercher la réponse bien loin : il faut remonter à la Révolution Française quand la conscription obligatoire a été instituée.
Le recrutement se faisait alors en fonction des exigences du moment. Ainsi, mis à part les cas d’exemptions règlementées, on procédait au tirage au sort parmi les jeunes jugés physiquement aptes au service. Ceux qui tiraient un bon numéro n’entraient pas à l’armée, tandis que les autres étaient obligés de partir, sauf s’ils avaient les moyens de payer un remplaçant. La fête des conscrits suivait le tirage au sort et, tout au début, elle était plutôt réservée à ceux qui avaient tiré un bon numéro, ceux qui ne devaient pas partir. D’ailleurs, ils étaient les seuls à avoir de vraies raisons pour faire fête ! Au-delà des dangers évidents, l’enrôlement comportait souvent l’éloignement pendant de longues années, jusqu’à 6 ou 7 ans. Et cela signifiait, pour le jeune engagé, une grande perte de temps avec des conséquences économiques très négatives pour toute la famille.
Le tirage au sort, dans le cadre de la conscription obligatoire moderne, a été instauré le 29 décembre 1804 par un Décret impérial de Napoléon 1er et appliqué dans tout l’Empire, donc, dans les États de Savoie aussi. Ce Décret prévoit l’institution du Conseil de Révision pour vérifier l’aptitude des jeunes conscrits. Le jour de la visite, le Conseil met dans une urne des billets numérotés dont le nombre correspond au nombre des conscrits jugés aptes. Chaque conscrit, à la fin de la visite, est invité à tirer un numéro, et cette opération peut être aussi déléguée au syndic. À la fin, le sous-préfet proclame ceux qui feront partie de l’armée active.
Après la Restauration, le système du tirage au sort connaît des hauts et des bas. En 1872, en France, les numéros hauts n’assurent plus qu’un service militaire réduit (un an) et le remplacement n’est plus prévu. En 1889, ils ne servent qu’à choisir l’arme dans laquelle le conscrit décide de servir. En 1905, le tirage au sort est aboli en France. En Italie, par contre, il durera encore quelques années. Mais le jeu de la loterie est pratiquement terminé. La Grande Guerre est aux portes et ne fera pas d’exceptions.
Dès 1804, les conscrits, aisés ou riches, qui ont tiré un mauvais numéro, peuvent se faire remplacer en trouvant, moyennant une somme d’argent, une personne disposée à prendre leur place. Cela est prévu par la loi, mais les coûts sont élevés, en temps de guerre surtout.
Le remplacement est codifié avec précision. Les personnes concernées doivent signer un contrat devant notaire. Le remplacé doit justifier sa requête et le remplaçant s’engage à remplir un certain nombre d’obligations. En Vallée d’Aoste aussi, ceux qui pouvaient ont fait recours à cet escamotage.
Texte écrit par Alexis Bétemps